l’inflation peut-elle avoir un impact sur l’environnement ? – .

l’inflation peut-elle avoir un impact sur l’environnement ? – .
l’inflation peut-elle avoir un impact sur l’environnement ? – .
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L’inflation contraint de nombreux ménages à la sobriété forcée, mais dire que c’est bon pour l’environnement serait presque provocateur. Là où certains ménages sont contraints de moins consommer, l’inflation creuse aussi les inégalités sociales. Nous avons essayé de déchiffrer comment l’inflation pouvait affecter l’environnement, et vice versa.

Moins 6,2 % de gaz consommé en France en 2022, selon GRTgaz, + 67 % de trajets via Blablacar en Occitanie en 2022 et deux fois plus sur les trajets domicile-travail en covoiturage, de 4 à 14 % d’électricité économisée dans tous les départements français entre Octobre et février… L’inflation nous pousse à la sobriété. Sauf que prétendre que l’inflation est bonne pour la planète, de la même manière que le Covid a pu laisser souffler l’environnement, serait un peu excessif.

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“On ne peut pas compter sur l’inflation pour réduire l’impact sur l’environnement”, résume Patrick Jolivet, directeur des études socio-économiques à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

Déconsommation vertueuse ?

Pourtant, si l’on en croit le rapport sur la consommation publié en février par l’institut NielsenIQ, pour faire face à l’inflation en 2023 et donc réduire ses dépenses, les orientations des Français sont vertueuses pour la planète.

62% des répondants prévoient d’éviter le gaspillage alimentaire. La limitation des dépenses en carburant arrive en 2ème position (55%). Les dépenses liées à l’habillement, ou aux déplacements au long cours, font aussi partie des budgets que les Français entendent le plus couper. Quant aux moyens d’économiser sur les produits de consommation, 39 % des répondants déclarent avoir l’intention d’acheter moins de viande ou de poisson.

Tendance accélérée par l’inflation

En 2022, malgré le pouvoir d’achat, devenu la préoccupation numéro 1 des Français, le réchauffement climatique arrive toujours en 2ème position selon ce rapport économique. L’Ademe confirme ce classement et rappelle que la préoccupation liée au portefeuille n’est pas incompatible avec une préoccupation environnementale.

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« Entre 2020 et 2022, la proportion de Français prêts à réduire leur consommation de viande a augmenté. Ce tendance susceptible d’être accélérée par l’inflationmais il faudra alors déterminer ce qui viendra de la situation économique, de l’inflation et donc de la sobriété forcée et ce qui, à terme, viendra de la sobriété choisie ».

Si la viande rouge est l’un des aliments à l’empreinte carbone la plus lourde avec 28 kg CO2 eq/kg*, c’est aussi l’un des produits qui a le plus augmenté avec l’inflation. « En février 2023, le prix de la viande, toutes catégories confondues, avait bondi de plus de 30% par rapport à février 2022. Dans le détail, la viande bovine est celle qui a le plus augmenté et cette tendance à la hausse devrait se poursuivre dans les mois à venir », explique Nicolas Léger, directeur analytique chez Nielsen IQ.

Les plus précaires, déjà les moins polluants

Fausse bonne nouvelle pour la planète, car l’inflation « pèse davantage sur les ménages les plus modestes, donc pose surtout un problème de cohésion sociale », rappelle Patrick Jolivet. “Alors, oui, ils vont manger moins de viande, mais ils vont aussi peser sur la vente de produits bio, qui baisse fortement”.

Car l’autre problème de l’inflation, c’est qu’elle frappe le plus durement les plus pauvres et fragilise une partie de la classe moyenne. « En France, l’empreinte carbone moyenne d’un individu appartenant à Les 10 % les plus performants représentent 17,8 tonnes de CO2 par an contre seulement 3,9 pour les 50 % inférieurs», indique Oxfam dans un rapport.

Dans son étude, Nielsen IQ a séparé les Français en 4 groupes selon leur situation financière : outre les « prudents » et les « préservés », les moins impactés par la crise actuelle, on retrouve « les contraints », ceux qui avaient déjà en difficulté avant la crise économique et qui se retrouvent encore plus contraints et « fragilisés », qui ont perdu du pouvoir d’achat et sont désormais contraints de faire des arbitrages.

« En juillet 2020, les vulnérables étaient 22%, en décembre 2022 ils sont 45%. Aujourd’hui, nous avons près d’un Français sur deux qui fait attention à ce qu’il dépense. Ces Français ont notamment réduit leurs achats de grande consommation », commente Nicolas Léger.

L’Ademe rappelle que si l’inflation est multifactorielle – sortie de crise du Covid, guerre en Ukraine – elle a aussi un lien direct avec notre dépendance aux énergies fossiles. Elle soutient ainsi une action à deux niveaux, à court terme, des aides ciblées pour les plus modestes, tout en plaidant pour un « contrat de transition sociale ». « Il faut sortir au plus vite des énergies fossiles pour avoir le mix le plus décarboné possible et être le moins dépendant possible des importations d’hydrocarbures ».

* Équivalent CO2 correspond à une unité utilisée pour comparer les impacts de différents gaz à effet de serre en termes de réchauffement climatique et sert au calcul des émissions cumulées.
 
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