de Stefania Spezzati et Oliver Hirt
18 mars (Reuters) – Credit Suisse Group AG est entré samedi dans un week-end décisif pour son avenir alors que plusieurs concurrents ont commencé à limiter leurs relations avec la deuxième banque suisse, battue en bourse, tandis que le régulateur accentue la pression pour une fusion avec son compatriote UBS SA.
Dixit Joshi, directeur financier du Credit Suisse, et ses équipes se réuniront ce week-end pour évaluer les scénarios stratégiques de la banque, ont indiqué vendredi des sources proches du dossier.
L’établissement vieux de 167 ans est notamment victime des turbulences provoquées sur les marchés par la chute des banques américaines Silicon Valley Bank et Signature Bank au cours de la semaine écoulée, qui l’ont contraint à faire appel à des financements de la banque centrale suisse pour à hauteur de 54 milliards de dollars.
Les régulateurs nationaux encouragent UBS et Credit Suisse à fusionner, mais aucune des deux banques ne le souhaite, a indiqué une Source, ajoutant que les régulateurs n’ont pas le pouvoir de forcer une telle fusion.
Les conseils d’administration d’UBS et du Credit Suisse doivent se réunir séparément ce week-end, a rapporté le Financial Times. Suite à cet article, l’action de la deuxième banque suisse a bondi de 9% vendredi en after-Bourse.
Credit Suisse et UBS ont tous deux refusé de commenter.
---Dans de nouvelles preuves que les difficultés s’accumulent, au moins quatre grandes banques, dont Société Générale et Deutsche Bank, ont imposé des restrictions sur les transactions impliquant le Credit Suisse ou des actifs liés à la banque suisse, a appris Reuters de cinq sources directement informées de l’affaire.
«L’intervention de la banque centrale suisse était une étape nécessaire pour calmer le feu, mais peut ne pas être suffisante pour rétablir la confiance dans le Credit Suisse, nous parlons donc de mesures supplémentaires», commente Frédérique Carrier, directrice de la stratégie à l’investissement chez RBC Wealth Gestion.
Les efforts de renforcement de l’establishment bancaire suisse interviennent alors que de nombreux responsables, dont la Banque centrale européenne et le président américain Joe Biden, se sont efforcés de rassurer les investisseurs et les épargnants sur la fiabilité du système bancaire mondial, sans réussir pour l’instant à dissiper totalement la crainte de une succession de difficultés.
Cette semaine, les grandes banques américaines ont fourni 30 milliards de dollars pour soutenir la petite Première République, tandis que l’ensemble du secteur bancaire américain a demandé un record de 153 milliards de dollars à la Réserve fédérale en quelques jours. dollars en espèces d’urgence.
Samedi sur France Inter, Philippe Brassac, président de la Fédération bancaire française, a souligné que contrairement au passé, il n’y avait plus de mécanisme de propagation de ce type de crise. Il n’y a “pas de risque de crise bancaire en France”, a-t-il ajouté.
(bureaux Reuters, Gilles Guillaume pour la version française)