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CINEFEMFEST REND HOMMAGE À SAFI FAYE

Le Cinefemfest « Gëstu Nataal i Jigeen » organise une tournée sénégalaise à l’occasion du cinquantième anniversaire du film « Kaddu Beykat » afin de célébrer l’engagement du réalisateur sénégalais Safi Faye pour la souveraineté alimentaire et la dignité du monde rural. Ce docufiction de 98 minutes, réalisé en 1975 et restauré dans une nouvelle version, sera donc projeté le 7 février à la Place du souvenir africain.

Le nom de Safi Faye dans l’histoire du cinéma sur le continent demeure et reste lié au film Kaddu Beykat, Lettre Paysanne. Et pour célébrer le 50ème anniversaire de ce docufiction de 98 minutes réalisé en 1975, ainsi que l’engagement du réalisateur Safi Faye pour la souveraineté alimentaire et la dignité du monde rural, le Cinefemfest « Gëstu Nataal i Jigeen » organise une tournée à travers le Sénégal. . « Après avoir honoré Safi Faye lors de son festival en 2023, Cinefemfest organise une tournée à Dakar et dans la région pour célébrer l’œuvre du réalisateur sénégalais Safi Faye (1943-2024). La tournée vise à faire connaître le travail du réalisateur, notamment le film Kaddu Beykat, qui fête son cinquantième anniversaire en 2025», souligne le directeur du festival dans un communiqué. Selon le Dr Rama Salla Dieng, cette tournée de promotion de l’œuvre cinématographique de Safi Faye est « vitale », car elle permettra de la faire connaître auprès de la jeune génération et du grand public. « Safi Faye a été pionnière dans sa pratique artistique, étant la première Africaine à avoir réalisé un film commercial. Dans son travail, elle s’est particulièrement intéressée aux enjeux et expériences du monde rural, à l’émancipation des femmes ainsi qu’à l’indépendance et à la souveraineté économiques, ainsi qu’au poids des traditions, le tout en pays sérère. noter le document.

Censuré par Senghor

Kaddu Beykat, Lettre Paysanne était alors censurée par les autorités sénégalaises sous la houlette de Léopold Sédar Senghor, lui-même sérère et fils de paysan. Safi Faye le disculpe néanmoins : « La vérité sort de la bouche des agriculteurs qui ont parlé des abus que leur ont infligés les coopératives d’État. Ce sont eux qui ont parlé. Je ne peux pas dire que c’est le président Senghor qui a donné l’ordre de censurer le film parce qu’il m’a honoré par la suite. C’est Adrien Senghor, neveu du président, alors ministre de l’Agriculture, qui a refusé le film. Ce sont les partis communistes de l’époque qui ont défendu mon film. Cette censure a fait que le monde entier a voulu voir ce film et a reconnu une femme africaine, une paysanne, qui a osé mettre le doigt sur l’exploitation de la paysannerie. Les autres agriculteurs du monde sont aussi exploités, et c’est pour cela que 40 ans plus tard, c’est comme si le film avait été tourné hier », écrit le journaliste et critique de cinéma Baba Diop. En effet, rappelle-t-il, dans cet article paru en 2018 dans la revue Senciné, le film avait été restauré et sous-titré par la Cinémathèque « Afrique de Cultures » dans une nouvelle version. « Grâce à la tenue à Paris de la Cop21 dédiée au réchauffement climatique, Kaddu Beykat a connu un nouveau souffle. Le film a largement circulé dans les pays européens car il était considéré comme un précurseur des films qui tiraient la sonnette d’alarme sur les conséquences du changement climatique », a déclaré Baba Diop.

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50 ans plus tard, nous projetons ce premier long métrage de Safi Faye qui raconte l’histoire de Ngor et Coumba, vivant dans un petit village sérère, Fadial, le village des ancêtres de Safi Faye. Depuis deux bonnes années, Ngor attend d’épouser Coumba. Mais, cette année encore, la récolte est mauvaise, les pluies insuffisantes et irrégulières. Or, l’arachide, culture coloniale et culture de rente, n’est récoltée qu’une fois par an. « Le film Kaddu Beykat a le mérite de montrer les talents de chercheuse de Safi Faye, qui est également docteur en ethnographie et anthropologie, en transposant son histoire familiale à celle de l’économie politique et sociale du bassin arachidier, microcosme vivant du Sénégal. rural de l’époque», estime le directeur du Cinefemfest, Dr Rama Salla Dieng, rappelant dans le communiqué que les questions soulevées par Kaddu Beykat restent d’une actualité brûlante. « Les enjeux du monde rural, de la souveraineté alimentaire et du rôle de l’État sont plus que jamais d’actualité 50 ans après », précise la note.

Projection le 7 février à la Place du souvenir africain

A travers cette célébration, Cinefemfest entreprend une série de projections dans les écoles, universités et lieux culturels de Dakar, ainsi que de la région. Et deux dates marquantes rythmeront cette tournée. Le 6 février, l’Institut français de Dakar accueillera la projection de Mossane, son premier long métrage de fiction, dans le cadre du Cycle « Sacré Féminin ». Le lendemain 7 février, Kaddu Beykat sera projeté à la Place du souvenir africain à 16h30, après la restitution de la résidence d’écriture et de création Intersections : Selebeyoon, organisée par Cinefemfest en 2024 et dont la marraine était l’écrivain Ken Bugul . De La Passante, son premier film, à Mossane, son premier long métrage de fiction, Safi Faye a réalisé 13 films.

 
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