Certains rêves naissent d’un besoin implacable de liberté. Younès Boumehdi peut en témoigner. S’il a pu lancer Hit Radio en 2006, il rêvait de ce moment depuis bien plus longtemps. « Ce projet m’est venu de la frustration que j’éprouvais quand j’étais adolescente. » nous explique le Franco-Marocain. Younes a grandi dans les années 1990 à Rabat et souhaitait uniquement pouvoir écouter la musique de sa génération. Contrairement à ceux qui vivaient au nord du Maroc, « nous ne pouvions pas capter les ondes de la radio espagnole « . Durant ses études à Paris, Younes découvre le plaisir de la radio libre. Sa décision est prise : lancer la première radio privée du Royaume. En 1993, il dépose sa première demande de permis : “Il a fallu 13 ans avant que cela se concrétise.”
Hit radio, la radio des ondes positives
Avec une résilience sans précédent, Younes remporte finalement le Graal en 2006 : « Le roi Mohamed VI est arrivé au pouvoir en 1999 et a décidé de mettre fin au monopole de l’État par la mise en œuvre de réformes. En 2005, des démarches ont été lancées pour autoriser les radios privées. En mai 2006, j’ai signé ma licence et j’ai pu commencer à émettre, d’abord à Rabat, Casablanca et Marrakech. Hit radio se concentre d’emblée sur sa cible d’origine : « jeunes de 16 à 25 ans ». La musique est urbaine, pop et hip-hop, avec un mélange de « titres internationaux et musique marocaine ». « J’ai toujours voulu mettre en valeur les artistes marocains underground pour contribuer à leur vulgarisation » explique l’entrepreneur qui voulait « démocratiser l’accès à cette musique ». « Le Maroc a connu plusieurs chagrins. Il est essentiel pour moi de promouvoir la culture marocaine moderne et aussi le lien avec sa diaspora »ajoute Younès.
Radio de la jeunesse africaine
Comme son nom le prédestinait, la radio devient rapidement un hit et s’internationalise en 2012. La radio à succès est aujourd’hui présente dans 12 pays (Burkina-Faso, Burundi, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Maroc, Mauritanie, Niger, Centrafrique). République, Tchad, Togo). « J’avais une certaine conviction qu’un jeune de Johannesburg, de Casablanca, ou même de Stockholm, a les mêmes aspirations et les mêmes problématiques »confie Younès. Même si la station a tenté sa chance en Europe (Belgique, Portugal), « Les hits radio sont très africains. » La radio musicale devient une fervente défenseure de la francophonie mais n’oublie pas ses racines locales. « Au Maroc, nous avons décidé d’utiliser la darija dans nos journaux d’information. Cela a créé une controverse au début. Mais nous voulions défendre l’idée que la langue n’est qu’un moyen d’intéresser nos auditeurs et de les accrocher », dit Younès.
Selon les fréquences, Hit Radio propose des capsules en amazigh ou même en hassani, « la darija du désert ». L’important pour Younes est de « donner la parole aux auditeurs sans censure, construire un pont entre la jeunesse et le reste de la société et révéler les talents ». Depuis 2006, toute une génération d’artistes marocains et africains doit son succès à la station qui leur donne sa chance et leur permet de toucher un public international.
Le rayonnement du Maroc doit aussi passer par le développement culturel
Développer le Maroc à travers sa culture
Les hit radios sont écoutées par plus de 30 millions d’auditeurs sur ses fréquences ainsi que sur ses applications ou podcast. Younès Boumehdi a pourtant des ambitions aussi brillantes que son sourire généreux. « Le rayonnement du Maroc doit aussi passer par le développement culturel. Cela représente un potentiel de création d’emplois et de richesses extrêmement important, d’autant plus que le Royaume dispose d’une position stratégique cruciale et d’une diaspora à fort pouvoir d’achat. souligne celui qui prend en exemple le succès de l’industrie culturelle turque.
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Depuis 2013, Younes s’implique auprès de la fondation HIBA dont il est président, « une responsabilité importante qui démontre l’ambition et la confiance dans mon pays. » Créée en 2006 à l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la Fondation HIBA est une association à but non lucratif œuvrant pour le développement et la promotion de l’art sous toutes ses formes en soutenant la création et en encourageant les associations et les jeunes talents, notamment issus de la scène marocaine contemporaine. . La Fondation dispose d’un centre de documentation et de formation, d’une salle de diffusion, d’un espace de répétition, d’un espace de coworking associatif, d’un café et d’un studio d’enregistrement. génération.
L’indépendance des médias est un problème qui ne concerne pas seulement l’Afrique
Younes Boumehdi est également attaché à l’indépendance de la presse. S’exprimant récemment lors d’une conférence organisée par l’UNESCO, l’entrepreneur défend la voix des médias privés et indépendants. En 2007, il co-fonde ARTI : association indépendante de radio et télévision. « L’indépendance des médias n’est pas une question qui ne concerne que l’Afrique. » souligne-t-il.
Les frustrations du passé ont laissé place aujourd’hui à la fierté des progrès accomplis mais aussi à l’espoir dans les nouvelles générations inspirées par ses vagues : « Le Maroc peut croire en sa culture. Ce secteur est porteur d’avenir mais a aussi la chance d’avoir ce supplément d’âme, offrant une réelle ouverture d’esprit, de tolérance et d’acceptation des différences.
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