Les atouts du Château d’Aiguillon recherchés par le Musée des Beaux-Arts d’Agen

Le Musée des Beaux-Arts d’Agen renforce les recherches destinées à éclairer la magistrale exposition consacrée au siècle des Lumières prévue fin 2025.
Suite à l’appel lancé à la population, les premiers retours de mails se sont avérés infructueux. En charge de l’exposition et de la promotion des collections, Laura Molina et Lise Smith se concentrent désormais sur ce qui est lié aux ducs d’Aiguillon et au château de la cité ducale. Comme l’explique le conservateur Adrien Enfedaque : « Nous recherchons les biens du château – occupé par le lycée Stendhal – qui ont été vendus à la Révolution ».
En 1793, le patrimoine via une vente aux enchères est diffusé à Aiguillon et ses communes environnantes. De nombreux particuliers ont acquis du mobilier, des tableaux, de la vaisselle, des sculptures, des tapisseries, des bronzes ou encore des costumes et décors du théâtre privé du château qui était populaire dans tout le Sud-Ouest.

Une liste de lots épars existe

« Nous avons trouvé un document aux Archives départementales, une liste qui détaille tous les lots de l’époque. Nous pensons qu’il est fort possible que ces biens soient restés dans les familles, aient été transmis ou légués. Et que les Agenais ont pu aussi acquérir ce qui représentait une aubaine.» Des objets qui pourraient être en possession de particuliers, hérités des grands-parents ou vendus par des antiquaires et « liés à cette fameuse liste. Si vous avez des doutes, vous pouvez contacter le musée. Ces œuvres ou meubles du XVIIIe siècle ont certainement dû rejoindre les châteaux et les grandes demeures des environs. L’objectif de la future exposition phare est de mettre en valeur la collection des ducs d’Aiguillon et de présenter des œuvres inédites ou des objets qui seront intéressants à découvrir. D’où l’appel à la population.
« Personne – ni étudiant ni chercheur – n’a eu le temps à ce jour, hormis la collection des ducs d’Aiguillon que nous détenons, de se pencher sur ce qui a été dispersé depuis le château d’Aiguillon », argumente le conservateur.
Après de nombreuses périodes troubles et destructions, le château fut reconstruit entre 1773 et 1777 par le duc Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu qui avait mandaté l’architecte Charles Le Roy. A la mort de son père le 1er septembre 1788, Armand-Désiré devient à son tour duc d’Aiguillon. Le château fut saisi à la Révolution et la majeure partie des biens fut vendue. A l’exception des tableaux qui ont rejoint le musée.

Construit autour de la collection des ducs d’Aiguillon

« C’est à partir de la collection conservée au musée dans la salle éponyme que nous la recontextualisons dans son siècle des Lumières dans le cadre de cette exposition. Nous demanderons également des prêts à d’autres musées et collectionneurs privés. Avec le duc père et son architecte, les milieux littéraires, intellectuels et scientifiques s’installent à Agen. C’est l’avènement de la préfecture et de très beaux hôtels particuliers. Dans le sillage du château reconstruit, l’art de vivre de Versailles et de Paris se dévoile. C’est aussi l’époque des grands penseurs Montesquieu qui possède des terres en Agenais.
L’exposition sera ouverte de début décembre jusqu’en mars aux Jacobins avec une scénographie mettant en valeur la richesse du Cercle des Lumières en Agenais. La restauration de la toiture de l’église des Jacobins a débuté jusqu’en septembre, date à laquelle l’exposition sera ensuite montée. Ce qui reste de ce château de l’Aiguillon fait l’objet de cette recherche actuelle à des fins d’exposition et d’étude.

Le musée garantit l’anonymat des futurs prêteurs qui seront ainsi associés à la réussite de cet événement qui entend rivaliser avec l’exposition Goya.
Adrien Enfedaque et Mathilde Descamps-Duval, qui a rédigé son mémoire de maîtrise sur les ducs d’Aiguillon, sont là pour poser des questions et documenter les pièces qui leur seront soumises par les propriétaires.