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Un prix prestigieux pour le directeur de la Cité Bleue de Genève

“L’héritage de Bruno Stefanini”, du réalisateur Thomas Haemmerli, sera projeté en ouverture des Journées de Soleure le 22 janvier. Le film mêle avec humour l’histoire récente et la vie de Bruno Stefanini, fils d’un immigré italien devenu milliardaire. entrepreneur.

Des gens, protégés de la tête aux pieds comme dans un laboratoire traitant de bactéries pathogènes, trient des objets dans un hangar. Ce sont les premières images du documentaire, qui sortira en mars dans les cinémas germanophones. «C’est pour lutter contre les moisissures», explique le réalisateur Thomas Haemmerli, venu de Zurich à Berne pour un entretien avec Keystone-ATS.

Ces gens passent au crible les 100 000 objets de collection, de l’art de premier ordre au bric-à-brac, que Bruno Stefanini a laissé derrière lui à sa mort en 2018, à l’âge de 94 ans, des suites d’une longue maladie. À ce patrimoine s’ajoutent 2 200 appartements, des châteaux et la tour Sulzer à Winterthour.

Interdiction de cohabitation

Au-delà du parcours du magnat de l’immobilier, ce documentaire met en lumière sa biographie dans le contexte de la guerre froide ou de l’interdiction de la cohabitation. A Zurich, par exemple, en 1972, un couple non marié ne pouvait pas vivre ensemble, conformément à la loi.

Ce n’est pas le cas dans certaines communes d’Argovie, le canton voisin. Bruno Stefanini, qui a construit des logements pour une Suisse en plein essor dans les années 1960, était sensible aux évolutions sociales. Il y construit des immeubles à plusieurs étages, avec des logements d’une ou deux pièces, destinés à une nouvelle population : les couples cohabitants et les femmes, qui découvrent l’indépendance économique.

Un homme à femmes

Sur un plan plus personnel, Bruno Stefanini est un homme de son temps. Dans le film, sa femme et l’une de ses premières copines parlent, dressant le portrait d’un homme qui refusait de tout conquérir. Sa secrétaire, à ses côtés depuis 63 ans et qui l’accompagnera jusqu’au bout, joue le rôle de la femme de l’ombre, son factotum.

C’était un charmeur, une personnalité charismatique, un entrepreneur à succès et un bon vivant qui aimait boire et faire la fête. « On retrouve la correspondance qu’il a entretenue avec ses ‘amis’ tout au long de sa vie », a relevé le cinéaste, soulignant la complexité des relations.

Litige avec Christoph Blocher

Rapidement milliardaire, il laisse néanmoins se dégrader son patrimoine immobilier et le terme « maison Stefanini » s’impose à Winterthour. L’ancien conseiller fédéral et collectionneur Christoph Blocher s’est disputé avec lui au sujet du retrait du dépôt de garantie d’un appartement loué à l’époque par celle qui allait devenir son épouse. Quelques années plus tard, les deux hommes achètent ensemble aux enchères des œuvres d’Albert Anker.

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“Je ne sais pas si Bruno Stefanini et Christoph Blocher étaient des amis, plutôt des connaissances, qui avaient un goût prononcé pour le patriotisme et l’histoire”, a déclaré dans des vies antérieures Thomas Haemmerli, ancien squatter, journaliste et correspondant à Paris de la SRF.

Une autre ambition

Dans le documentaire, on voit Bruno Stefanini se disputer avec des jeunes qui défendaient une Suisse sans armée ni squatteurs. Arrivé au sommet, le milliardaire se tourne vers une autre ambition.

Il voulait créer un musée ou une collection, qui « serait une encyclopédie de l’histoire culturelle de l’Occident, pour des gens incultes, basée sur des objets, des souvenirs », dit Elisabeth Grossmann dans le film, historienne de l’Occident. art, ancien directeur de la collection Konkret, qui s’est occupé de la collection à la fin de la vie de Bruno Stefanini.

Syndrome de Diogène

Le cas d’un collectionneur maniaque aux moyens pratiquement illimités fascinait Thomas Haemmerli. Cet ancien militant zurichois, aujourd’hui communicateur politique et cinéaste, est connu pour ses films documentaires «Die Gentrifizierung bin ich» (Je suis la gentrification), où l’ancien squatteur se transforme en propriétaire, et «Sieben Mulden und eine Leiche» (Sept bennes à ordures). et un cadavre) sur sa mère, atteinte du syndrome de Diogène, celui des accapareurs pathologiques. Dans les dernières années de sa vie, le milliardaire semble également avoir souffert de cette maladie.

Aujourd’hui, Bettina Stefanini, la fille de Bruno, dirige la fondation multimilliardaire et gère à la fois les maisons et les œuvres d’art. Actuellement installée dans la tour Sulzer et ses caves à Winterthour, la fondation va déménager. L’heure est à la rénovation des maisons tandis que les objets, dont l’inventaire n’est pas terminé, sont mis à la disposition des mille musées de Suisse.

Lorsque Thomas Haemmerli, 60 ans, a quitté le journalisme au moment de l’explosion numérique vers 2000, il a passé une semaine à visionner des films documentaires en rafale au festival « Visions du Réel » à Nyon. “En une heure et demie, on peut encore dire quelque chose de raisonnable sur un sujet”, a-t-il conclu.

Soleure a choisi d’ouvrir sa prochaine édition avec ce documentaire sur le magnat de Winterthour. « La question ‘que laisserons-nous à notre postérité ?’ est pertinent dans le cadre de la 60e édition des Journées de Soleure», a souligné la nouvelle porte-parole du Festival Emma Insolini.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

 
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