En Belgique, un parent sur six est accompagné pour accoucher. Les hôpitaux réalisent près de 10 000 inséminations chaque année, mais qui sont ces donneurs ? Quelles sont leurs motivations ? Analyse et explications.
Dans les services de procréation médicalement assistée, se succèdent des hommes et des femmes qui rencontrent des problèmes de fertilité, mais aussi des couples homosexuels qui souhaitent fonder une famille. Pour leur permettre de concrétiser ce rêve, les banques de sperme font appel à des donneurs anonymes âgés de 18 à 45 ans… Malheureusement, ces dons sont insuffisants pour répondre aux besoins des hôpitaux.
C’est une belle réussite
Le visage caché, Sébastien a accepté de parler de son expérience. Il est devenu donneur de sperme il y a un peu plus d’un an : «J’ai fait une petite recherche en ligne. Je suis tombé sur le site de MontLégia. Ils reçoivent constamment des patients qui aimeraient vraiment ça. Et honnêtement, quoi de plus beau que d’aider à créer une nouvelle vie humaine ? C’est une belle réussite« .
“Ils regardent le style de vie”
Avant d’être accepté comme donneur, Sébastien a dû se soumettre à de nombreux examens pour évoquer ses motivations, ses antécédents familiaux, mais aussi un bilan de santé et des tests de fertilité. “Ils examinent le mode de vie, si vous fumez, l’alcool. Évidemment, ils effectuent tous les tests de dépistage des maladies sexuellement transmissibles. Évidemment, j’avais suffisamment de style de vie pour le faire», confie-t-il.
Deux fois par mois, il prend rendez-vous à la clinique MontLégia. Ici, des dizaines d’hommes viennent donner leur sperme chaque semaine. “Nous leur fournissons le matériel à la réception à leur arrivée. Ils ont quelques magazines et la possibilité de passer une vidéo», montre Dominique Raick, responsable du laboratoire de procréation médicalement assistée.
Ensuite, l’échantillon est envoyé directement au laboratoire où la qualité du sperme est minutieusement analysée. “Je vais regarder la concentration de spermatozoïdes, voir s’il y en a beaucoup. Je verrai aussi si les spermatozoïdes bougent bien. La troisième chose que je vais vérifier est leur forme, pour voir s’ils pourront féconder l’ovocyte sans problème.», Réginald Demollin, technologue de laboratoire au CHC Montlégia. Les échantillons sont ensuite immergés dans des cuves d’azote liquide, ils seront stockés pendant 10 ans, à -180 degrés.
Les frais de déplacement restent assez chers, nous leur donnons donc l’équivalent d’une centaine d’euros par don
En Belgique, la commercialisation du sperme est interdite par la loi. Une compensation est toujours prévue pour le donateur, comme l’explique Dominique Raick : «Il doit parfois s’absenter du travail, parfois il vient de loin. Les frais de déplacement restent assez chers, nous leur donnons donc l’équivalent d’une centaine d’euros par don« .
-Pour Dominique le travail se poursuit au-delà du laboratoire, elle doit associer chaque donneur à une future famille. La couleur de la peau, des cheveux, des yeux ou encore la taille sont analysées pour permettre à l’enfant de s’intégrer au mieux… aucun critère de beauté ou de préférence physique n’est pris en compte.
Pour limiter les risques de consanguinité, le sperme d’un homme ne peut être attribué à plus de 6 familles différentes. Cependant, les gamètes d’un donneur peuvent être utilisés à plusieurs reprises par un couple lorsqu’il souhaite concevoir d’autres enfants.
Les banques de sperme manquent de dons
Aujourd’hui, les 18 banques de sperme belges dépendent de pays étrangers comme le Danemark, faute de dons. “Nous avons notre propre banque qui est parfois insuffisante pour correspondre à certaines caractéristiques de nos patients que nous ne retrouvons pas chez nos donneurs ou parce que nous n’avons plus de donneurs à un moment donné.s’inquiète Annick Delvigne, responsable du service de procréation médicalement assistée.
Hors les murs des centres spécialisés, certaines pratiques échappent à tout contrôle. Sur les réseaux sociaux, des dizaines de groupes dans lesquels des femmes entrent en contact avec des inconnus ; des hommes qui acceptent de donner souvent leur sperme, en échange d’une relation sexuelle.
Tout est possible et rien n’est protégé
Au risque d’infection s’ajoute un danger juridique. “A partir du moment où l’on devient donneur, il y a rupture du droit de filiation», prévient Annick Delvigne. “Un donateur ne peut pas demander de droit de visite et le couple receveur ne peut pas demander de pension alimentaire. Tant qu’on ne passe pas par ces réglementations, cette loi n’existe pas. Tout est possible et rien n’est protégé« .
Malgré plusieurs campagnes, les hôpitaux peinent à recruter de nouveaux donneurs. De son côté, Sébastien a créé une capsule sur Internet pour inciter ses proches à faire un don. Une vidéo qui pourrait être bien utile quand on sait qu’en Belgique, 10.000 inséminations sont réalisées chaque année grâce aux donateurs.
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