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pour Costa-Gavras, « on dit un peu n’importe quoi »

l’essentiel
Dans son nouveau film émouvant et lumineux, « Le Dernier souffle », Costa-Gavras donne corps au travail de Régis Debray et Claude Grangen axé sur la fin de vie et les soins palliatifs. Il est aussi le président de la Cinémathèque française, en pleine tourmente.

La Dépêche du Midi : Vous dites avoir tourné pour vous « Le Dernier souffle », est-ce une façon d’exorciser les choses ?

Costa-Gavras : Le film permet de dire qu’il faut se préparer. Je suis un peu comme tout le monde à mon âge, je commence à réfléchir à la façon dont ça va se passer. C’est le livre de mon ami Régis Debray et du Docteur Claude Grange qui m’a rappelé beaucoup de choses, qui m’a aussi fait découvrir un monde qu’on ne peut imaginer, et qui m’a aussi permis d’évoquer le thème omniprésent de la mort. Et il m’a donné l’antidote à la peur et à l’anxiété que sont les soins palliatifs, des centres de soins palliatifs où le personnel soignant aborde le patient d’une manière complètement différente. Et ça m’a beaucoup intéressé.

Vous dites qu’il faut se préparer et parler de la mort, le film ne célèbre-t-il pas la vertu du dialogue, de la parole ?

Absolument. Parler, être présent, proche du patient jusqu’au bout, est essentiel car l’anxiété et la peur physiques dominent. Il faut donc lui faire sentir qu’il n’est pas seul dans cette histoire, malgré la gravité du moment. C’est ce qui différencie la médecine palliative des autres médecines dont le seul but est de guérir. Alors qu’ici il ne s’agit pas de guérir, il s’agit de suivre quelqu’un jusqu’au dernier moment, de subvenir à ses besoins médicaux ou psychologiques.

Vous vous êtes toujours interrogé sur le passage du temps ? Ou bien l’avancée en âge rend-elle plus consciente des échéances, à l’image de la disparition de votre ami Jacques Perrin, en 2022 ?

Plus la fin approche, plus on y pense. Et c’est aussi ce qui m’a poussé à faire ce film, car essayer d’inventer un scénario avec de telles histoires me paraissait complètement impossible. Mais dans le livre, le docteur Grange raconte des histoires vraies. La véracité des situations et des personnages m’a amené à écrire et réaliser le film. Quant à Jacques, il est parti beaucoup trop jeune, il a fait des choses énormes. C’est un ami, un acteur et un producteur avec qui j’ai réalisé trois films, notamment « Z ». C’était un personnage très important dans ma vie et dans ma vie de cinéaste.

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Kad Merad est impressionnant dans le rôle du médecin et le casting (Denis Podalydès, Marilyn Canto, Karin Viard, Charlotte Rampling…) est parfait, comment l’avez-vous monté ?

Tel que le scénario est écrit. J’ai commencé avec Charlotte Rampling que j’ai vue sur une photo extraordinaire dans un magazine, pieds nus, elle était complètement hiératique et je voulais qu’elle joue un rôle. Mais il a fallu oser l’appeler car c’était pour un tout petit rôle. Elle a été formidable parce qu’elle a accepté et elle est absolument admirable. Et pareil avec les autres ! J’essaie toujours de convaincre les acteurs d’accepter des petits ou moyens rôles. Le sujet les a intéressés et ils ont eu des réactions quasi immédiates. Et avec Kad Merad, que j’apprécie beaucoup en tant qu’acteur, c’était plus difficile dans le sens où je lui proposais quelque chose qu’il n’avait jamais fait. Il a vite accepté, se demandant comment il allait faire, et j’ai essayé de le rassurer en lui disant : « Venez si ça vous intéresse, on verra ! Et, finalement, on s’est aperçu petit à petit qu’il comprenait très vite le personnage.

D’autres grands comédiens ont croisé votre chemin, Yves Montand et Simone Signoret sont-ils les plus importants ?

La rencontre avec Montand et Signoret a été décisive car j’ai pu faire mon premier film avec eux. Le succès m’a alors ouvert un chemin merveilleux. Nous avons tourné trois autres films avec Montand et cette collaboration s’est poursuivie jusqu’au bout dans une amitié familiale très étroite. J’ai appris beaucoup de choses avec eux car ils étaient plus âgés que moi et insérés dans un monde que je ne connaissais pas et qu’ils m’ont fait découvrir.

Comment va la Cinémathèque française dont vous êtes président et qui est aujourd’hui ébranlée par une polémique autour de la diffusion du film « Le Dernier Tango à Paris » ?

Elle va bien même si pour le moment nous avons des petits problèmes qui ont été énormément amplifiés par rapport à la situation réelle. Nous en avons parlé ce jeudi avec les députés devant la commission d’enquête parlementaire. J’espère que la paix reviendra complètement et que la valeur de la Cinémathèque prévaudra car on raconte un peu de bêtises.

“Le Dernier Souffle”, le 12 février au cinéma. Avant-première vendredi 17 janvier à 20h30 en présence de Costa-Gavras au cinéma ABC (13, rue Saint-Bernard). Tel. 05 61 21 20 46.
 
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