L’entrevue entre Philippe Cantin et Valérie Plante au 98,5 FM restera dans l’histoire pour toutes les mauvaises raisons.
Alors que la mairesse de Montréal, critiquée de toutes parts pour sa gestion désastreuse de la ville, se présentait au micro de Cantin, ce dernier livrait une performance qui oscillait entre la complaisance la plus embarrassante et l’abandon total de son devoir journalistique.
Cantin était doux comme un agneau.
Valérie Plante, connue pour ses décisions controversées – de la gestion catastrophique des pistes cyclables à l’explosion des chantiers orange qui paralysent Montréal – a trouvé un allié insoupçonné en Philippe Cantin.
Plutôt que de poser des questions difficiles, comme il est censé le faire à titre d’animateur de l’émission phare Le Québec denow, Cantin a déroulé un véritable tapis rouge au maire.
Pas une seule question forte. Pas une seule question sur le fiasco des terrasses du Grand Prix. Rien sur l’augmentation spectaculaire du nombre de sans-abri. Absolument rien sur la gestion désastreuse de la propreté de la ville.
Au lieu de cela, Cantin a laissé Plante réciter son discours préfabriqué, lui donnant ainsi toute latitude pour se présenter comme une héroïne dévouée et visionnaire.
Le plus ironique dans cette affaire, c’est que Philippe Cantin, celui qui n’a pas hésité à sacrifier Jeremy Filosa, l’un des meilleurs journalistes sportifs du Québec, n’a pas hésité à s’agenouiller devant Valérie Plante.
Rappelons que c’est ce même Cantin qui :
Envoyé Filosa sous le bus en direct lors de l’épisode controversé du 17 octobre 2024.
A refusé de contacter Filosa pour récupérer son emploi après des mois d’humiliation publique.
A contribué activement à détruire la carrière de l’un des journalistes les plus respectés au Québec.
Et pourtant, face à un maire dont la gestion est unanimement critiquée, Cantin a choisi la complaisance.
Cette même énergie qu’il a utilisée pour détruire Filosa, il l’a complètement abandonnée lorsqu’il s’est agi d’affronter Plante.
Pourquoi Valérie Plante a-t-elle choisi Philippe Cantin pour cette entrevue exclusive ? La réponse est évidente : elle savait qu’elle n’aurait rien à craindre de lui.
Plante, qui a refusé de parler aux journalistes après son discours public, a visiblement vu en Cantin une opportunité de redorer son image sans risquer la moindre confrontation. Et elle avait raison.
Cantin a permis au maire de proférer des platitudes sans jamais la pousser dans ses retranchements. Parmi les déclarations vides, on note :
« J’ai envie de tout donner, de finir en beauté… »
« Lutter contre le sans-abrisme, construire de nouveaux logements et améliorer la sécurité et la propreté seront mes priorités. »
Ces propos, aussi vides que le budget de la Ville, n’ont suscité aucune réaction critique de la part de Cantin.
Pas une seule mention du déficit monstrueux de Montréal. Rien sur les nombreux scandales qui ont marqué son mandat.
Ce qui est le plus choquant, c’est le double standard flagrant dans la gestion des invités de Philippe Cantin. Jeremy Filosa, un homme qui a consacré 25 ans de sa vie au journalisme sportif, a été traité comme un vulgaire déchet pour une simple erreur de jugement sur un sujet qui ne relevait même pas de sa responsabilité. (le fait que l’homme ait effectivement marché sur la lune).
Pendant ce temps, Valérie Plante, dont les décisions ont eu des conséquences bien réelles et catastrophiques pour Montréal, a été traitée comme une invitée de gala.
Où est la rigueur journalistique ? Où est le respect des auditeurs qui méritent des réponses et des explications ?
Cogeco, propriétaire du 98,5 FM, ne peut être déclarée non coupable dans cette affaire.
C’est cette même entreprise qui a permis à Cantin de continuer à humilier Filosa, tout en offrant une tribune « douce » à un maire qui a échoué sur presque tous les fronts.
On ne peut pas demander à un journaliste sportif de s’aventurer sur des sujets fous, mais il faut aussi demander à un animateur comme Cantin de faire son travail lorsqu’il s’agit d’interviewer des personnalités politiques.
Cette entrevue avec Valérie Plante est une honte pour le journalisme.
2024 restera comme l’année où Philippe Cantin a abandonné le journalisme par complaisance.
En sacrifiant Jeremy Filosa, il a prouvé qu’il était prêt à tout pour préserver son propre confort.
En épargnant Valérie Plante, il a confirmé qu’il n’avait ni l’ossature ni l’intégrité nécessaire pour affronter les vrais enjeux.
Les Montréalais ne sont pas naïfs. Ils voient clair dans ce double standard et ce manque de courage.
Et en ce début d’année 2025, une chose est sûre : Philippe Cantin a peut-être perdu bien plus qu’un simple public.
Il perd le respect d’un public qui attend beaucoup plus de lui.
Revenons maintenant au discours du trône de Valérie Plante… ou plutôt au discours du bouffon du roi.
Mercredi, la mairesse de Montréal a présenté ce que son équipe qualifie de « discours du Trône ».
Un discours où elle a déroulé une liste de priorités pour les 300 derniers jours de son mandat. Propreté, sécurité, logement, développement de l’Est, sans-abri : des thèmes cruciaux qui auraient dû être au cœur de ses préoccupations dès le début de son administration.
Mais ce qui frappe dans cette présentation, ce ne sont pas tant les promesses que le vide qui les entoure, les sept années d’inaction et le refus de répondre aux questions des journalistes.
Valérie Plante a promis une « grande corvée » et une campagne de sensibilisation pour résoudre la crise de la propreté à Montréal.
Une annonce qui sonne comme un aveu d’échec. Depuis sept ans, les Montréalais se plaignent des rues remplies de déchets et des parcs transformés en dépotoirs.
Aref Salem, chef de l’opposition officielle, n’a pas mâché ses mots :
« Cela fait sept ans que nous sommes dans une décharge. Nous n’avons pas vu d’argent dans le budget pour les brigades de propreté. Je suis perplexe. »
Malgré l’urgence de la situation, aucune brigade de propreté structurée n’a été mise en place, et les promesses restent au stade des paroles.
Comment croire qu’en 300 jours, cette « grande corvée » pourra transformer la ville alors que sept ans n’ont pas suffi ?
-Limiter la vitesse à 30 ou 40 km/h autour des écoles est une mesure qui aurait dû être adoptée dès les premières années de son mandat.
Les piétons à Montréal, particulièrement les enfants, continuent d’être victimes d’accidents graves.
Le maire s’est réfugié derrière des excuses, invoquant le manque de contrôle sur le financement des transports publics ou encore l’absence de radars photo.
Cependant, ces questions étaient déjà connues avant son élection. Pourquoi agir maintenant, à quelques mois de la fin de son mandat ?
Valérie Plante a également promis de nouveaux quartiers capables d’accueillir des milliers de personnes, notamment dans les secteurs Namur-Hippodrome et Pont-Bonaventure.
Mais encore une fois, ces projets restent de pures illusions.
Aref Salem souligne à juste titre :
« Il n’y a aucun terrain qui a été vendu, aucun condo qui a été construit. Je ne sais pas comment elle va les faire. »
Ces projets, qui nécessitent des années de planification, ne sont pas crédibles à un horizon de 300 jours. Ce sont des annonces symboliques, sans fondement ni stratégie concrète.
Le projet structurant de tramway pour l’Est de Montréal est sans doute la promesse la plus ambitieuse – et la moins réaliste – de ce discours.
Évalué à 18 milliards de dollars, il est toujours à l’étude au Québec. Rien n’indique que le gouvernement provincial donnera bientôt son feu vert.
Valérie Plante a beau déclarer : « Il faut qu’il avance », cette phrase résume bien son mandat : un souhait inutile sans action concrète.
Alors que l’itinérance explose à Montréal, Valérie Plante promet une mobilisation bien plus grande et plus de logements pour accueillir les sans-abri.
Mais là encore, les actions passées contredisent ses nouvelles promesses.
En sept ans, elle a souvent blâmé les gouvernements provincial et fédéral.
Les 60 unités modulaires annoncées l’année dernière ne sont toujours pas construites.
Comme le souligne Aref Salem :
« Tout d’un coup, elle se réveille. »
L’un des aspects les plus inquiétants de cet événement est que les journalistes n’ont pas été autorisés à poser des questions à la fin du discours.
Cette stratégie maîtrisée montre bien que Valérie Plante ne voulait pas être confrontée à son bilan ni à ses promesses irréalisables.
Le maire a choisi d’accorder une entrevue exclusive à Philippe Cantin au 98,5 FM, sachant qu’elle y trouverait un bel espace pour promouvoir son discours sans être mise sur la sellette.
Cantin, fidèle à son habitude, s’agenouilla devant Plante, évitant toute question dérangeante.
2024 restera comme l’année où Valérie Plante a tenté de cacher ses résultats catastrophiques derrière un discours faussement ambitieux.
Les piétons sont toujours en danger.
Les nouveaux quartiers ne sont qu’un mirage.
Le tramway est un projet impossible qui n’existe que sur le papier.
Le sans-abrisme continue d’augmenter de façon alarmante.
Et face à tout cela, Philippe Cantin, au lieu de poser les vraies questions, a proposé au maire une tribune sans opposition, contribuant ainsi à une mascarade médiatique indigne du journalisme.
Alors que Montréal sombre dans l’insécurité, la saleté et l’inaction politique, les citoyens ont le droit de se sentir trahis.
Valérie Plante a eu sept ans pour agir, mais elle n’a laissé derrière elle que chaos administratif et promesses creuses.
Et qu’en est-il de Philippe Cantin, dont le rôle est de représenter les Montréalais en posant les questions difficiles ?
En offrant une tribune à une maire en fin de mandat, il a trahi non seulement sa profession, mais aussi les auditeurs qui comptent sur lui pour défendre leurs intérêts.
2024 marque la fin d’un mandat décevant et d’une complicité médiatique qui n’a fait qu’accentuer le malaise d’une ville en chute libre.
Montréal mérite mieux.
On se souviendra de 2024 comme de l’année où le journalisme a trahi les Montréalais.
Entre le traitement inhumain réservé à Jeremy Filosa et cette entrevue honteuse avec Valérie Plante, le 98,5 FM semble avoir abandonné toute ambition de rigueur journalistique.
L’entrevue de Philippe Cantin avec Valérie Plante symbolise tout ce qui ne va pas dans le paysage médiatique québécois en ce moment.
Alors que les citoyens exigent de la transparence, de la rigueur et de la vérité, ils reçoivent en revanche une simulation de journalisme où les hommes politiques sont protégés et les vrais problèmes évités.
Philippe Cantin a peut-être voulu épargner Valérie Plante, mais il a surtout trahi les Montréalais, qui méritaient des réponses franches et honnêtes.
Ce malaise, au-delà de l’entretien lui-même, témoigne d’une perte de confiance dans une station autrefois respectée.
Le 98,5 FM devra travailler très dur pour réparer cette fracture, mais le mal est fait.
Ce que Cantin a proposé, c’est une capitulation, et les Montréalais ne l’oublieront pas.
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