Mais entre les mains de Florence Longpré, on sait qu’il sera unique : on risque de s’émouvoir, de réfléchir et bien sûr de rire aux éclats.
Empathiesa nouvelle série met peut-être en scène des patients qui ont commis des crimes graves, mais elle ne peut s’empêcher de souligner l’absurdité, transformant le drame en rire, comme peu d’auteurs parviennent à le faire.
« Autrement, je ne saurais pas écrire. C’est ma langue, je vis comme ça. Je ris quand je ne devrais pas rire. Une sorte de camouflet », Florence Longpré, co-auteure de M’entendez-vous ?, Audrey est revenue et Le temps des framboisesà quoi rien ne se compare dans notre téléviseur.
J’ai rencontré l’auteur, qui joue également l’un des rôles principaux dansEmpathiesur le plateau de tournage en août dernier. L’hôpital de la série a été construit de toutes pièces dans l’ancien bâtiment de l’Office national du film, sur le chemin de la Côte-de-Liesse à Montréal.
Dans cette série de 10 épisodes d’une heure, qui sera en ligne le 10 avril sur Crave, nous rencontrerons Suzanne (Florence Longpré), une ancienne criminologue dont la police s’est débarrassée, avant qu’elle ne se retrouve à l’Institut psychiatrique du Mont-Royal. .
Aujourd’hui psychiatre, cette cordonnière mal chaussée connaît la théorie sur le bout des doigts, mais a du mal à la mettre en pratique.
Sur son chemin arrive Mortimer, un agent d’intervention qui l’aidera à mettre sa théorie en pratique.
« Ce sont deux profils abimés qui vont s’entraider pour aller mieux. En prenant soin des autres, ils se soignent aussi», me raconte son interprète, l’humoriste français Thomas Ngijol.
Autour du duo gravitent des membres du personnel hospitalier ainsi que des patients présentant des cas graves.
Pour la quatrième fois, Florence Longpré fait équipe avec le réalisateur Guillaume Lonergan, avec qui elle a développé une complicité évidente et qui assure également cette fois le rôle de scénariste.
“C’était un coup de foudre avec Florence”, se souvient le réalisateur en repensant à leur rencontre, dans la troisième saison de Pouvez-vous m’entendre?
“C’est l’un des trucs les plus intenses que j’ai tournés”, dit-il à propos deEmpathieen pensant aux scènes de crise, courantes dans un hôpital psychiatrique.
“Pour nous, cela peut être choquant, mais pour le personnel, c’est une routine de voir quelqu’un mettre du sang partout.”
— Réalisateur Guillaume Lonergan
«C’est dans le ton de Le temps des framboises etAudrey est revenue. Nous mélangeons des moments réalistes très durs avec des moments oniriques ou poétiques.
Pour incarner le personnage de Mortimer, la production a fait appel à une agence de casting en France, avant de choisir l’humoriste Thomas Ngijol, un Français d’origine camerounaise.
Encore un coup de foudre professionnel pour Florence Longpré, qui ne le connaissait pas du tout. « Mais à Paris, je ne pouvais pas marcher deux mètres sans être arrêté dans la rue. Il est connu et très populaire. Même ici, il est plus arrêté que moi.
Sa notoriété n’a cependant pas fait pencher la balance en sa faveur. “Nous l’avons pris parce qu’il est bon.”
« Il me fait mourir de rire, c’est dur de tourner avec lui et je suis fragile aussi ! Plus sérieusement, je suis très content de cette alliance. Ce sont deux façons de travailler très différentes mais j’aime ce mariage.
— Florence Longpré à propos de l’acteur Thomas Ngijol
Ngijol, qui a beaucoup aimé Audrey est revenue à la télévision française, était d’autant plus attiré par le projet qu’il tournait loin de chez lui, dans une ville qu’il avait déjà visitée pour le Festival Juste pour rire et pour y avoir présenté son émission.
« Montréal, c’est New York calme », dit l’acteur, qui ajoute qu’« il y a de l’obscurité, de l’intensité, mais aussi beaucoup de beauté » dans Empathie.
Entre le tournage de deux scènes, Benoît Brière m’apparaît avec une barbe de six mois. Le patient qu’il incarne, Jacques Dallaire, a fait le plein de sédatifs avant de renouer avec la réalité et de comprendre ce qu’il avait fait de mal.
« C’est un don incroyable pour un acteur de jouer un personnage aussi pluriel. Il fait partie de mon top 3 des rôles les plus riches que j’ai eu à jouer”, m’a-t-il dit, infiniment reconnaissant.
-Le comédien, qui parle d’une œuvre « tordue mais profondément humaine », ne tarit pas d’éloges sur l’écriture de Florence Longpré.
« Elle n’écrit pas comme une fille d’une vingtaine d’années ou d’une trentaine d’années. Elle écrit comme une femme mûre, parce qu’elle est très sensible à la nature humaine.
Même enthousiasme du côté de Pascale Montpetit, qui incarne la sœur de Dallaire, la seule à avoir gardé contact avec lui.
« Cela faisait des années que je voulais incarner Florence Longpré. Un désir farouche !
Alors qu’il jouait un psychologue dans Minuit, soirCelui que consultait le personnage de Claude Legault dans les toilettes publiques, Igor Ovadis se retrouve cette fois dans le rôle inverse, celui du patient.
Son personnage, M. Costco, est un ancien soldat russe qui refuse de quitter sa chambre de peur d’être assassiné.
« Il passe tout son temps à dessiner des produits d’épicerie sur les murs. Pour lui, cela représente quelque chose de paisible”, me dit l’acteur.
Lamia Benhacine, qui joue une coordinatrice à l’institut, a les mots justes pour décrire le travail de l’auteure.
« Elle cherche à apporter la lumière là où sont les ténèbres, en décrivant des situations tellement humanisantes. »
« C’est dans l’absurdité des situations que c’est drôle. Nous sommes naturellement grotesques dans notre vie quotidienne. Partout où il y a de la tragédie, il y a de l’humour. »
— Lamia Benhacine, qui joue le rôle de Laima
En abordant ce sujet sérieux mais très d’actualité, Florence Longpré veut évidemment faire réfléchir.
« Deux psychiatres de l’Institut Philippe-Pinel m’ont aidé pendant deux ans à écrire la série. Il y a eu beaucoup de recherches.
Alors que la réalité est souvent trop dure à supporter, la fiction permet d’humaniser ces personnes qui ont commis le pire.
“Cela n’excuse en rien ce qu’ils ont fait, mais cela permet de comprendre d’où cela vient”, poursuit l’auteur.
Même si le titre donne l’impression qu’on va se concentrer uniquement sur les émotions, la série se concentre beaucoup sur l’aspect médical de la psychologie.
« Il y a beaucoup de flashbacks, on retourne dans l’enfance des gens. Est-ce au niveau chimique que ça s’est mal passé ? Est-ce le contexte familial ? Nous étudions toute cette gamme.
« En matière de santé mentale, personne ne connaît de ligne droite. Cela reste imprévisible. Parfois ça tombe, parfois on en sort et on rechute. On suit cette courbe chez chacun des personnages.
— Florence Longpré
The series also stars Adrien Bletton, Marie Eve Morency, Geneviève Alarie, Lyraël Dauphin, Josée Deschênes, Linda Malo, Brigitte Lafleur, Jean-François Nadeau, Sofia Blondin, Denis Bernard and Martin-David Peters.
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