C’est prouvé ! La prolifération du moustique tigre est loin d’être marginale. Un insecte qui semble résister aux insecticides et qui est porteur de maladies jusqu’ici confinées à la zone tropicale.
Cette annonce a de quoi susciter quelques inquiétudes : « la probabilité que ces épidémies apparaissent est assez élevée. » Mais de quelles épidémies parle-t-on ?
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En cette saison hivernale, on pourrait penser à la grippe, mais ce sont des maladies (dengue, chikungunya et Zika) transmises par le moustique tigre ; et l’alerte est à prendre très au sérieux puisqu’elle est signée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses).
L’Agence s’appuie entre autres sur les résultats d’une enquête menée par des scientifiques lyonnais sur ces tout petits insectes très discrets qui piquent, de jour comme de nuit, et ruinent toutes les activités extérieures comme intérieures.
Les moustiques prolifèrent visiblement
Un peu comme un film d’espionnage, l’enquête porte presque un nom de code : SERIOUS pour « Facteurs de RISQUE Sociaux et Environnementaux dans l’émergence de maladies transmises par les moustiques en milieu urbain », dédiée au rôle des activités et comportements humains dans la prolifération des maladies transmises par les moustiques. moustique tigre en milieu urbain.
Un projet assez sérieux au point d’avoir été retenu et financé par l’Agence nationale de la santé à hauteur de 410 000 euros. Depuis leur arrivée en France en 2004, les moustiques tigres ont visiblement proliféré, notamment dans la région lyonnaise, mais également dans la vallée du Rhône.
Mais aussi en altitude et dans les zones moins urbanisées comme le plateau Pélussin – Maclas, où les habitants commencent à se plaindre de sa présence.
86% des personnes se disent gênées
C’est précisément dans la région qu’une étude a été menée par des chercheurs de l’Université Claude Bernard Lyon 1 – laboratoire d’écologie microbienne (LEM) et de l’Université Lumière Lyon 2 avec le laboratoire Environnement, Ville et Société. (EVS), en partenariat avec l’Entente Interdépartementale de Lutte contre les Moustiques Rhône-Alpes.
Sur les 4 000 personnes ayant répondu à l’enquête entre octobre 2023 et février 2024, 86 % se déclarent gênées par le moustique tigre et 83 % déclarent agir contre le moustique tigre. Ils décrivent des stratégies de protection individuelle comme le port de vêtements couvrants, la fermeture des fenêtres ou encore l’utilisation de sprays et crèmes répulsifs.
« Une personne sur deux ne sait pas quel est le rayon de vie d’un moustique tigre, qui est très petit, soit quelques centaines de mètres, voire moins. Et tant que nous ne le savons pas, nous pensons que nous n’avons pas nous-mêmes un rôle très important dans ce travail de réduction de la présence de moustiques tigres et des gîtes larvaires », explique Christina Aschan-Leygonie, maître de conférences à Géographie à l’Université Lyon 2.
« On peut déjà travailler avec les voisins pour essayer ensemble d’éliminer tous les lieux possibles de développement des moustiques tigres, donc les gîtes larvaires, les lieux où il y a de l’eau qui peut stagner. Mais ce ne sont pas seulement les habitants qui doivent être impliqués, ce sont aussi les collectivités, les routes évidemment, les architectes car on a beaucoup de problèmes dans l’architecture actuelle. »
L’impact des activités humaines
La question que se posent les scientifiques en milieu urbain : quel est l’impact des activités humaines sur la prolifération des moustiques tigres ? Les pistes sont à l’étude.
« Pour l’instant, explique Claire Valiente Moro, enseignante-chercheuse au laboratoire d’écologie microbienne de Lyon 1 et coordinatrice du projet interdisciplinaire SERIOUS, c’est compliqué d’apporter une réponse claire.
Ce qui a motivé, en effet, l’hypothèse d’un lien entre l’exposition aux micropolluants en ville et la présence du moustique en ville, c’est justement sa capacité à continuer à proliférer alors que les villes qui, par définition sont des milieux soumis à diverses et pollution variée, donc peu propice. »
En laboratoire, les scientifiques exposent ce moustique tigre à différents micropolluants d’origine agricole, pharmaceutique et industrielle, et regardent son temps de croissance et sa capacité à transmettre plus ou moins bien les virus pour analyser comment ces expositions impactent la dynamique. moustique en ville.
Sa tolérance aux micropolluants inquiète les scientifiques
« On se rend compte que ce moustique tigre est tolérant à beaucoup de choses. En effet, lorsque l’on a des concentrations croissantes de ces micropolluants, on se rend compte que l’on est obligé d’aller au-delà des doses environnementales que l’on est susceptible de retrouver dans les gîtes larvaires de la ville.
Ces concentrations n’ont donc aucun effet. Au contraire, on se rend compte que certains peuvent accélérer son développement. Cela pose des questions», explique Claire Valiente Moro.
Espérons que les chercheurs sauront trouver une solution à ces insectes qui depuis plusieurs années semblent prendre un malin plaisir à gâcher nos soirées d’été.
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