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Festival du film africain de Louxor 2024 – Hommage à Ahmed Hafiene

Le Festival du cinéma africain de Louxor (Egypte) a rendu hommage à l’acteur tunisien Ahmed Hafiene lors de la cérémonie d’ouverture et a ensuite projeté l’un de ses films « Fatwa », réalisé par Mahmoud Ben Mahmoud.

Lors de la 14ème édition du Festival du cinéma africain de Louxor qui se déroule du 9 au 14 janvier 2024, l’acteur tunisien Ahmed Hafiene a été honoré pour l’ensemble de sa carrière. Cet émouvant hommage a eu lieu lors de la cérémonie d’ouverture au cœur du somptueux temple de Louxor.

Deux jours plus tard, la célébration a été suivie par la projection de l’un de ses films les plus marquants, Fatwaréalisé par Mahmoud Ben Mahmoud.

Ahmed Hafiene, dont le talent a été salué à de nombreuses reprises, a brillé Fatwa. Ce film lui a valu plusieurs distinctions prestigieuses, dont le Prix du meilleur acteur aux Journées du cinéma de Carthage en 2018. Outre cette récompense, Fatwa a également remporté le Tanit d’Or, une reconnaissance majeure dans le monde du cinéma arabe et africain.

En 2019, Ahmed Hafiene continue de récolter les honneurs pour sa performance dans ce film. Il a reçu le Prix du meilleur acteur au Festival du film arabe de Malmö, après avoir été distingué au Festival Vues d’Afrique de Montréal et au Festival du cinéma tunisien. A chaque fois, son rôle dans Fatwa a été salué pour sa profondeur et son intensité.

Avant la projection, Ahmed Hafiene a tenu à saluer le public, exprimant sa grande joie d’être honoré et de voir son film projeté dans le cadre du festival. Il a rappelé que le film avait remporté de nombreux prix et que lui-même avait été récompensé pour sa performance dans ce long métrage en déclarant : « Je suis heureux d’être ici au festival et de recevoir cet hommage prestigieux. »

Ahmed Hafiene a adressé un message au jeune public, notamment aux adolescents présents en nombre à la projection, les invitant à la vigilance, car la jeunesse peut, à certaines périodes, être une période propice à la déviation. Il a souligné que le cinéma et les films l’avaient sauvé de tels dangers lorsqu’il était jeune.

Lors de son discours, Ahmed Hafiene a déclaré : « Ce qui m’importe le plus, c’est que nous ayons fait ce film pour les jeunes. Même si le titre est Fatwale thème central est la douleur des parents qui perdent un enfant à cause d’un danger omniprésent : le terrorisme. » Il a ajouté que le film transmettait des émotions fortes et qu’il espérait que le public les apprécierait.

Après la projection, Ahmed Hafiene a pris le temps d’écouter les avis et questions des jeunes sur le film, son concept et son interprétation, car il aborde une question cruciale : celle du terrorisme et des groupes armés qui attirent les jeunes.

L’acteur a exprimé sa fierté de participer à ce projet, affirmant que le film s’adressait avant tout au grand public. Il a précisé que le tournage a eu lieu en 2013, période où la Tunisie figurait parmi les principaux pays exportateurs du terrorisme. ” Le terrorisme est une affaire fabriquée. Lorsque les sociétés progressent, le terrorisme apparaît pour ralentir tout progrès social, culturel ou économique. La culture, quant à elle, est la locomotive du développement et de la renaissance sociale et culturelle. », a-t-il conclu.

Fatwa raconte l’histoire de Brahim Nadhour, un Tunisien vivant en , qui revient à Tunis après la mort suspecte de son fils Marouane, officiellement victime d’un accident de moto. En enquêtant, Brahim découvre que Marouane activait dans une organisation salafiste, ce qui le pousse à douter des circonstances de sa mort. Le film explore les dynamiques complexes entre le père, incarné avec finesse par Ahmed Hafiene, et son fils radicalisé, tout en dénonçant les mécanismes d’endoctrinement. A travers une intrigue époustouflante, Fatwa met en lumière le conflit entre les valeurs religieuses modérées et les idéologies extrémistes, tout en exposant la douleur et les dilemmes des parents confrontés à la perte et à l’incompréhension.

Le rôle de Brahim, interprété par Ahmed Hafiene, illustre avec brio le combat d’un père face à ses propres doutes et à une société déchirée. Le film, tout en explorant les mécanismes de l’endoctrinement, met en lumière la résistance et le courage nécessaires pour affronter l’extrémisme.

Parmi les autres acteurs, on retrouve la célèbre Ghalia Benali dans le rôle de Loubna, la mère de Marouane et ex-épouse de Brahim, un député engagé dans la lutte contre l’extrémisme religieux.

Sarra Hannachi incarne Latifa, une jeune femme victime de violences conjugales, tandis que Mohamed Sassi et Ramzi Aziz incarnent des personnages clés qui gravitent autour de Brahim dans sa quête de vérité. Le film met également en lumière les obstacles auxquels Brahim est confronté : la peur de parler, le silence complice de la communauté et l’hostilité des milieux religieux extrémistes.

Le film, tourné en partie au souk El Marr, offre une représentation authentique de Tunis, mettant en lumière l’équilibre subtil entre son riche patrimoine historique et les défis contemporains auxquels elle est confrontée. À travers les interactions de Brahim avec divers personnages locaux, le réalisateur Mahmoud Ben Mahmoud dresse un portrait complexe et nuancé de la société tunisienne actuelle.

Avec FatwaMahmoud Ben Mahmoud mêle habilement les codes du polar à une profonde réflexion sociale. L’enquête de Brahim sur la mort de son fils devient un prétexte pour explorer les fractures d’une société où les idéologies extrémistes menacent les libertés individuelles et culturelles.

Loin de tout manichéisme, le film dépeint les ravages psychologiques de l’endoctrinement sur les esprits vulnérables. Elle illustre aussi le courage de ceux qui, comme Loubna, osent résister aux pressions et défendre leurs convictions. Ode à la tolérance et à la liberté, Fatwa dénonce avec force l’obscurantisme et appelle à une renaissance culturelle et sociale.

L’hommage rendu à Ahmed Hafiane au Festival de Louxor est une reconnaissance méritée pour cet acteur talentueux, dont les performances ont marqué le cinéma arabe et africain. Son interprétation dans Fatwa reste gravé dans les mémoires, confirmant son statut d’icône du cinéma tunisien.

Neïla Driss

 
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