Le rire, une affaire très sérieuse

Le 24 février 1970, le théâtre Boulimie ouvre, sur la jolie petite place Arlaud, à Lausanne, avec un spectacle de cabaret-théâtre intitulé L’oiseau mort, le gant et la pantoufle à l’honneur Martine Jeanneret et Lova Golovtchiner – les deux fondatrices du théâtre et de la troupe Boulimie, quelques années plus tôt – et Samy Benjamin. «Martine, Lova et leur bande ont construit de leurs mains le gradin de la salle», dans ce qui était auparavant un restaurant, se souvient Frédéric Recrosio, comédien et codirecteur du théâtre avec Marion Houriet depuis 2020. Pionnier, en Suisse romande , de la comédie à laquelle il se consacre entièrement, le petit théâtre (152 places) au charme ravageur, organisé en fondation privée, est soutenu à la fois par la ville de Lausanne et par l’Etat de Vaud, ce qui en fait un OVNI dans le paysage du rire. « Partout dans le monde, les lieux consacrés à l’humour naissent généralement dans la clandestinité puis deviennent le plus souvent des entreprises privées, poursuit Frédéric Recrosio. Ici se concentrent plus de 50 ans de combats et de luttes pour défendre le cabaret et faire admettre le spectacle humoristique comme un art légitime. Sans aucun doute, dans la boulimie, le rire est une affaire très sérieuse. Entretien.