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« Kalamity d’Héripré fait partie de moi »

Calamity d’Héripré est entrée dans la vie d’Hélène Kurkdjian le 23 octobre 2023, treize jours après l’inauguration de son centre de balnéothérapie équine, Cavall’eau, situé à Montabard (dans l’Orne), site où elle élève également des chevaux de sport (élevage Organza). L’une des meilleures pouliches de sa génération y restera 367 jours. Retrouvée grièvement blessée dans son paddock avec une blessure en décomposition à la cuisse droite le 24 septembre, une semaine après sa participation au Critérium des 3 Ans, la fille deUn gars d’Héripré a passé un mois à la Clinique Equine Méheudin. « Plusieurs couches ont dû être reconstruites car les muscles étaient complètement explosés et déchirés.explains Hélène Kurkdjian. Elle a quitté la clinique avec un désengagement majeur de sa partie postérieure droite. Elle était très boiteuse. Le but premier était de la sauver. L’idéal est qu’elle puisse y recourir un jour. L’enjeu était donc énorme pour moi, encore plus avec une jument de cette qualité. J’avoue que je n’ai pas très bien dormi au début (rires). »

La cicatrice est bien visible sur la cuisse droite de Kalamity d’Héripré.

© ÉLISE FOSSARD

« La réadaptation est un voyage fait de hauts et de bas »

Une longue rééducation commence alors pour le représentant de Laurent Dugrosprez et Giovanni Iera, avec différentes étapes. « Au tout début, nous ne faisions que soigner les plaiesexplique la jeune femme de 31 ans. Un ménage quotidien était nécessaire. Mais la cicatrice s’est rompue en un point central, car il y a beaucoup de pression là-bas. Il a donc fallu égoutter et laver. Ensuite, elle a pu accéder à une terrasse depuis sa loge, ce qui lui a vraiment remonté le moral, avant d’entamer la balade en main. J’ai fait beaucoup de kilomètres avec. En même temps, elle a eu droit au spa, elle a adoré. Le spa nous a permis de préserver son système articulaire lors de sa convalescence et du pré-entraînement. Début janvier, elle a commencé l’aquatraining. Cinq minutes au départ, avec de l’eau au milieu des canons, pour améliorer la propulsion et réduire ses ratés d’engagement. La réadaptation est un voyage fait de hauts et de bas. En mars, on avait des doutes et on était dans une phase de stagnation, de frustration… Son postérieur droit « abandonnait ». Nous avons travaillé et modifié des choses comme la hauteur de l’eau pour qu’elle passe ce cap très difficile des 20 minutes d’aquatraining. Des séances de longe en plus de la marche manuelle mais surtout 1 250 kilomètres d’aquatrainer en 250 séances avec analyse des pas ont permis à cette jument hors du commun de retrouver ses capacités physiques. On a vraiment commencé à croire à un retour à la compétition en juin-juillet, à partir du moment où on l’a harnachée. Au pas et au trot, le manque d’engagement a été minime et finalement, nous avons réussi à lui redonner toute sa souplesse pour qu’il soit désormais symétrique à l’examen locomoteur. Sur les traces de Bertrand Lefèvre, près de Falaise dans le Calvados, Calamity d’Héripréavec Cécile Fossard au sulky, a donc débuté la phase de pré-entraînement au début de l’été : «Quand on l’a remise en piste, j’ai pleuré à chaudes larmes, parce que la voir avec un sulky, c’était dingue. Elle s’est alors mise au trot, mais sur le pied 3′. Au final, nous sommes descendus à 1’20”, avec l’aquatrainer en parallèle pour entretenir et soutenir l’ensemble du système musculaire. Un muscle est revenu, même si son chirurgien, Jean-Marc Betsch, pensait qu’il ne reviendrait pas. Il était donc important de finir de le développer.

Kalamity d’Héripré in the aquatrainer.

© ÉLISE FOSSARD

« On y met tout notre cœur »

Hélène Kurkdjian a réalisé un travail considérable (plus de 500 heures) avec Calamity d’Héripré et une histoire unique s’est créée entre eux : « Cette jument est incroyablement courageuse et possède une force de caractère impressionnante. Quand elle est arrivée, elle n’était pas très sympathique, puis petit à petit, nous sommes devenus son centre du monde. Nous avons mis tout notre cœur à nous assurer qu’elle allait bien. Depuis que nous avons ouvert Cavall’eau, nous avons au total environ 170 chevaux. Je pense que celui qui nous a le plus marqué est «Calamités». Aujourd’hui, ce qui est génial c’est que je peux continuer à la voir, à travailler pour elle en interagissant beaucoup avec ses propriétaires et son entraîneur en espérant qu’elle retrouve son niveau. Cette jument fait partie de moi. Mon fils, Téo, a également noué un lien fort avec elle et je remercie ma famille d’avoir tant donné pour « Mity ». C’est assez incroyable. Je ne la laisserai pas partir comme ça (rires). » Hélène Kurkdjian a d’ailleurs réalisé une vidéo très émouvante (visible sur les réseaux sociaux de Cavall’eau) sur cette convalescence hors du commun. La patience et la résilience ont payé. Calamity d’Héripré a repris l’entraînement de Fabrice Souloy le 23 octobre et est en poste à Utah Beach (Manche), sous la responsabilité d’Emma Souloy. Cette dernière sera au sulky pour un retour très attendu à la compétition, mardi à Mons pour le meeting du réveillon de Noël, quinze mois après son traumatisme. Beaucoup la soutiendront, de près ou de loin, à commencer par celui qui est devenu son ange gardien…

L’histoire d’amour est ici facilement perceptible…

© ÉLISE FOSSARD

A lire aussi :

. Mardi 24 décembre 2024 à Mons (Belgique) : La grande rentrée pour Kalamity d’Héripré

Laurent Dugrosprez : « Une histoire de Belle et de Sébastien »

Selon Hélène Kurkdjian, “Ses propriétaires étaient prêts à tout pour la sauver.” On parle ici de Laurent Dugrosprez et de Giovanni Iera. « Notre priorité était bel et bien de sauver »Calamités»confie le premier nommé. Nous voulions lui rendre ce qu’elle nous a donné. Elle a été opérée pendant près de 4 heures, le pronostic vital et sportif étant réservé et dépendant de l’évolution postopératoire (déhiscence des sutures, infection…) sous surveillance intensive pendant un mois en clinique. Avant de parler de convalescence, il fallait déjà sortir de cette étape. A la clinique Méheudin, j’ai demandé s’ils connaissaient une petite structure capable de prodiguer des soins à la jument. Je voulais quelqu’un qui aime les chevaux et qui soit patient. Ce que je souhaite souligner, c’est l’histoire d’amour entre Hélène et la jument. C’est une histoire de La Belle et Sébastien. Temps passé avec “Calamités», c’est considérable. Je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont travaillé pour la jument : la clinique Méheudin avec les Docteurs Jean-Marc Betsch, Antinéa Chabot et Elsa Autard pour le suivi, le Dr Nathalie Spindler pour la partie ostéopathie, Camille du CS Physiocare, qui venus deux ou trois fois par semaine pour le grip, Bertrand Lefèvre, pour le prêt de sa piste, et Cécile Fossard pour la rééducation sur piste et le pré-entraînement, sans oublier Jérôme Petinato, maréchal-ferrant. La revoir sur un hippodrome dépasse nos attentes.

 
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