Par
AFP
Publié le
20 décembre 2024
A quelques jours de Noël, dans le quartier huppé de Marylebone à Londres, les brocantes s’approvisionnent, une évolution motivée par des consommateurs désireux de dépenser moins, mais aussi de contribuer à l’économie circulaire.
Dans le magasin de l’association caritative britannique Oxfam, à la vitrine scintillante de décorations, les acheteurs peuvent trouver des vêtements, des jouets et des livres à bas prix.
“Depuis fin septembre, nous constatons une augmentation considérable de la fréquentation de nos magasins”, a expliqué à l’AFP Ollie Mead, dont le rôle est de mettre en valeur les objets dans les magasins de l’association.
Les brocantes caritatives sont déjà très populaires le reste de l’année au Royaume-Uni. On y vient pour acheter des vêtements, des bibelots, des livres…
Mais les brocantes et sites de vente en ligne sont désormais de plus en plus prisés pour confectionner des cadeaux de Noël.
Selon un rapport publié en novembre par la plateforme de vêtements d’occasion Vinted et le cabinet RetailEconomics, les Britanniques devraient dépenser cette année 2 milliards de livres (2,4 milliards d’euros) en cadeaux de Noël d’occasion, soit près de 10 % du total. de ce marché.
Selon Oxfam, 33 % d’entre eux achèteront des cadeaux d’occasion au Royaume-Uni en 2023, contre 25 % en 2021.
“Il y a un changement évident chez Vinted”, explique à l’AFP Adam Jay, l’un de ses managers. « Nous avons constaté une augmentation du nombre d’utilisateurs recherchant le mot-clé +gift+ entre octobre et décembre, par rapport à la même période l’année dernière. »
“C’est bien de dépenser moins et de savoir que l’argent ira à une bonne cause”, explique Ed Burdett, un médecin de 50 ans rencontré par l’AFP dans un autre magasin Oxfam à Londres.
Il y a trouvé un porte-clés et un carnet qu’il offrira à sa femme : « On essaie d’économiser de l’argent, et elle aime donner une seconde vie aux objets. Ce sera parfait pour elle.
« Bizarre, excentrique »
Wayne Hemingway, designer et co-fondateur de Charity Super.Mkt, qui installe des brocantes dans des rues commerçantes dépeuplées, propose des cadeaux de Noël d’occasion depuis « de très nombreuses années ».
“Quand j’ai commencé à faire ça, ça me paraissait bizarre, excentrique”, dit-il.
De même, lorsqu’il a commencé à vendre des vêtements d’occasion il y a plus de 40 ans, « nos ventes baissaient toujours à Noël parce que tout le monde en voulait du neuf ».
Les choses ont bien changé depuis. “Les achats du week-end dernier ont été fous”, le magasin où il se trouvait “a été envahi”, et tous les magasins de la chaîne ont enregistré une hausse de 20% de leurs ventes dans les semaines précédant Noël.
Derrière cette tendance, les jeunes consommateurs sont de plus en plus conscients des impacts de l’industrie textile sur la planète, et engagés dans une « économie circulaire », se félicite-t-il.
A la caisse du magasin, Jennifer Odibo n’est pas convaincue.
Cette cliente de 56 ans qui « adore la seconde main » et qui vient d’acheter une veste vintage ne se voit pas offrir de cadeau d’occasion à ses proches.
“Noël est une période particulière (…) J’irai acheter quelque chose de sympa chez Selfridges ou Fenwick”, deux grands magasins britanniques célèbres.
Wayne Hemingway reconnaît que l’idée d’acheter des nouveautés pour Noël reste majoritaire. « Les choses évoluent petit à petit, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir », relativise-t-il.
“Ce sera un vrai changement si nous parvenons à accepter l’idée qu’il est possible d’offrir un cadeau d’occasion pour cette fête”, reconnaît Tetyana Solovey, chercheuse en sociologie à l’université de Manchester.
“Pour certaines personnes, cela paraît un peu étrange (…) Mais au contraire cela pourrait être une démarche très durable” et solidaire, qui rendrait cette célébration encore plus “merveilleuse”, a-t-elle estimé.
Sur Akshata Kapoor
Londres, 20 décembre 2024 (AFP)
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