PORTRAIT.- L’artiste, fille de Lionel Jospin et d’Élisabeth Dannenmuller, s’est fait connaître par sa singularité et sa ténacité. Son entrée dans la coupole couronne son succès critique et populaire.
Avec Eva Jospin, 49 ans et passionnée de sculpture, élue ce mercredi 18 décembre 2024 sous la Coupole, l’Académie des Beaux-Arts fait peau neuve et porte au sommet une artiste française à la fois critique et critique. succès. et populaire. Tout l’été, à l’invitation de Catherine Pgard, ancienne présidente de Versailles, elle a fasciné les visiteurs de l’Orangerie de Versailles avec son Chambre Soiesuite monumentale brodée de 350 m2 imaginée à l’origine pour le défilé Dior 2021 et qui s’étend sur 107 m (la tapisserie de Bayeux, brodée au XIe siècle, mesure 68,30 m sur 50 cm de haut). Jusqu’au 24 novembre, dans le cadre du 60e Biennale de Venise, elle a recréé son monde d’illusions et de reliefs, de niches, de passages voûtés et de broderies, au Palazzo Fortuny avec « Selva », une installation presque solitaire au rez-de-chaussée du palais vénitien.
Contre tous les pronostics qui favorisaient Pascal Convert, l’artiste érudit qui a créé une merveilleuse bibliothèque vitrée à Chaumont-sur-Loire, l’Académie met une fois de plus le beau sexe à l’honneur. L’élection d’Eva Jospin s’inscrit dans le sillage de Catherine Meurisse, 44 ans, auteure de bande dessinée élue le 15 juin 2020 et officiellement installée en section Dessin en novembre 2022, peintres au fort tempérament, Tania Mouraud et Nina Childress, élues en mai 2024, par la cinéaste, peintre et auteure de bande dessinée Marjane Satrapi dans la section Cinéma et audiovisuel en février 2024, de Valérie Belin, élu en janvier 2024, après les guerrières Dominique Issermann et Françoise Huguier, à la chaire VI de la section photographie, chaire récemment créée, de l’artiste de la poésie sous toutes ses formes, Anne Poirier, élue en 2021 et installée en octobre 2022. « J’brise le fameux plafond de verre avec mes sœurs déjà installées »Eva Jospin nous le dit sans détour, sans cacher sa fierté.
Femme phare derrière ses boucles façon Jane Austen, Eva Jospin prend avec enthousiasme la chaire I de la section sculpture, occupée auparavant par Jean Cardot (1930-2020). Son élection apporte à la vénérable institution une fraîcheur qui vient autant des forêts qu’elle a sculptées en carton que de son imaginaire nourri par l’enfance, l’histoire de l’art et son amour pour l’Italie. Cette pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2016-2017 a déjà démontré son tempérament et son ambition avec sa commande majeure dans la Cour Carrée du Louvre en 2016, Panoramaaventure et porté pour la première fois par les Noirmonts. Elle l’a préparé dur, enceinte, dans son atelier de congélation en banlieue sud de Paris. Puis elle le confirme avec sa tour sculptée en carton à l’abbaye de Montmajour (Cénotaphe2020), projet soutenu par Philippe Bénaval, alors président du Centre des monuments nationaux (CMN) et aujourd’hui conseiller Culture à l’Élysée.
Déterminée, féminine et anxieuse, Eva Jospin a créé des œuvres durables au fil des rencontres et des coups de cœur qu’elle a suscités. Au Domaine de Chaumont-sur-Loire, à l’invitation de sa directrice pionnière Chantal Colleu-Dumond, une caverne de béton que la nature doit recouvrir et cacher (Folie2015). Au Beaupassage à Paris, dans le cadre du programme « Un bâtiment, une œuvre » (La Traversée, 2018), grâce au soutien de son collectionneur et ami Laurent Dumas, l’homme derrière la Pointe des Arts qui ouvrira au fin 2026 sur l’Île Seguin, « qui a repensé la présence des œuvres dans l’architecture, ce qui semble évident aujourd’hui, mais qui ne l’était pas à ses débuts »nous dit-elle. Et à Nantes (Le passage2019). En 2022, elle inaugure une installation permanente conçue comme un jardin d’hiver sur la Piazza del Liberty à Milan (Microclima).
Découverte par la défunte galeriste Suzanne Tarasiève, dont elle continue de soutenir les jeunes successeurs, elle est aujourd’hui l’atout royal de la Galleria Continua qui, de San Gimignano à Cuba, des Moulins près de Coulommiers jusqu’à Pékin, a l’art de réinventer les espaces d’exposition. et de rafraîchir le regard sur ses artistes.
Aujourd’hui, son CV est impressionnant. Du Palais de Tokyo à Paris (À l’intérieur2014), au Palazzo dei Diamanti de Ferrare en 2018. Du Museum Pfalzgalerie de Kaiserslautern en 2019, à la Hayward Gallery de Londres en 2020. Du Het Noordbrabants Museum de Den Bosch (Contes de papier2021), au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris (Galerie2021), démonstration à grande échelle qui fut un triomphe auprès d’un public plus qu’enthousiaste. De la Fondation Thalie à Bruxelles (Panorama2023) et au Palais des Papes d’Avignon qu’elle a su investir avec tact et force (Palais2023).
Comme le prévoient les statuts, cette élection sera soumise à l’approbation du Président de la République, Protecteur de l’Académie. La section sculpture est désormais composée de sept membres : Claude Abeille, Brigitte Terziev, Pierre-Edouard, Jean Anguera, Jean-Michel Othoniel, Anne Poirier et Eva Jospin. L’élection de Fabrice Hyber en 2018, de Jean-Michel Othoniel en 2018, puis son installation triomphale avec un discours dans les règles de l’art d’Adrien Goetz, ont donné le feu vert à une nouvelle vague d’universitaires et d’académiciens. Depuis, ils ont été rejoints dans la section Peinture par le fou de Rimbaud et Pasolini, Ernest Pignon-Ernest, et le champion des arts modestes, Hervé Di Rosa. A noter également l’élection de Catherine Francblin, plume de ArtPress et biographe de Niki de Saint Phalle et Bernar Venet, comme correspondant de la Section Sculpture. Nul doute que les séances seront animées.
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