Les commerçants du centre-ville de Brest pestent notamment, en cette année 2024, contre les conséquences des travaux de la deuxième ligne de tramway et de celui de la ligne de bus à haut niveau, contre la hausse des prix, contre le commerce en ligne… Mais leurs prédécesseurs? Le premier tramway, à la fin du XIXème siècle, fut perçu comme une source de progrès et il ne semble pas que les commerçants de l’époque se plaignent de ses travaux d’installation. Mais d’autres sujets les inquiéteront plus tard.
La peur du grand magasin
En témoigne ce « coup de sang du 24 mars 1934, jour de l’ouverture de Monoprix, avec ses prix uniques », raconte Gilles Cardinal, infatigable chercheur d’archives. Le comité de défense des petites entreprises, derrière Auguste Lombard, a distribué des tracts appelant à manifester. La foule, clients et commerçants, se presse devant le magasin, rue de Siam. « La police intervient pour tenter de faire sortir les fauteurs de troubles. Des coups sont échangés, une table de friandises est renversée, des sous-vêtements exposés sont jetés et éparpillés partout et des étagères en verre brisées », raconte le passionné d’histoire locale sur son blog Chroniques de Brest et du Léon.
“Ils avaient le sentiment que le magasin allait baisser les prix, avec des doutes sur l’origine de la marchandise”, a-t-il déclaré cette semaine. Le lendemain, le président du conseil d’administration de Monoprix publie un prospectus pleine page dans La Dépêche de Brest du 26 mars. « Sur les 7 824 articles mis en vente, 7 795 sont de production française, fabriqués exclusivement par des ouvriers français, », écrit-il. Il ne porte pas plainte.
Ils peuvent louer moins cher que nous et nos établissements sont quasiment vides
Une polémique façon Airbnb ?
La concurrence déloyale, c’est aussi ce que reprochaient les hôteliers aux particuliers quelques années plus tôt. « Depuis le XIXème siècle, Brest manque de logements, rappelle Gilles Cardinal. « Les particuliers étaient autorisés à louer des bidonvilles, des caves, des chambres sans ouvertures… Des chambres garnies (on dirait aujourd’hui des chambres meublées) pour des particuliers ou des prostituées, à la nuit, au mois ou à l’année. En 1921, les hôteliers protestèrent vivement contre ces lieux qui ne payaient pas d’impôts, contrairement à eux. Un document d’époque les cite en effet : « N’ayant aucune des charges fiscales qui nous incombent, ils peuvent louer moins cher que nous et nos établissements sont quasiment vides ». Comparez avec les controverses actuelles sur les logements Airbnb…
Lutte contre la vie chère en 1920
Parallèlement, en 1920, on lutte contre la vie chère. A la fin de la Première Guerre mondiale, les prix augmentent. « Le charbon a quadruplé entre 1910 et 1920 », note Gilles Cardinal. « Le prix du beurre, des œufs, du lait… Les femmes au foyer sont en colère et ne savent pas quoi faire. La baisse du pouvoir d’achat a des répercussions sur les entreprises.»
Mais l’événement le plus ancien dont parle notre interlocuteur est la lutte contre l’alcoolisme sous le Second Empire. « La circulaire ministérielle du 18 mars 1851 déclenche une vaste campagne visant à éradiquer « les désordres, les scandales et l’immoralité dont ces lieux sont fréquemment le théâtre ». A Brest, comme à Recouvrance, les fermetures de bars et cabarets se sont poursuivies pendant vingt ans », constate-t-il. “Mais face à la baisse des recettes fiscales, les autorités ont un peu lâché prise et les conseillers généraux ont souhaité relancer le commerce du vin à Brest.”
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