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Élisabeth Platel dresse depuis vingt ans les petits rats de l’Opéra de Paris

A l’approche de Noël, c’est l’heure des manifestations. Les apprentis danseurs quittent leur école moderne de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour présenter leur travail sur la grande scène du Palais Garnier, un monument qui fêtera ses 150 ans en janvier. années. Combien de petits rats ont couru sur ses vieux sols ? Mystère. Ce qui est sûr, c’est qu’ils reviennent chaque année, aussi sûrement que la bûche du réveillon, au moment des manifestations, une tradition très ancienne. Nous en avons profité pour rencontrer Élisabeth Platel, la prestigieuse directrice de l’école. Cette ancienne star de l’Opéra de Paris – l’un des artistes préférés de Rudolf Noureev – a vu passer plusieurs générations d’enfants.

Franceinfo Culture : En quoi consistent les manifestations ? ?
Élisabeth Platel: Claude Bessy, qui a créé les manifestations en 1977, les appelait portes ouvertes. Elle voulait montrer aux nombreux professeurs de danse présents dans la salle ce qui se faisait à l’opéra. Ce ne sont que des exercices pédagogiques, au bar ou au milieu [de la scène]. Ils nous permettent de présenter tous les étudiants à la fin du premier trimestre de travail, pour nous le plus long. C’est nu, sans costume. C’est l’aridité et la véracité de la technique. Le but est de faire en sorte que chacun progresse. C’est aussi l’occasion pour les professeurs (18 dont 12 pour la danse classique) et moi-même de faire une première évaluation à l’issue de ce long terme et de vérifier, pour chaque élève, ce qu’il nous reste à travailler. L’équipe identifiera les faiblesses et tentera de comprendre d’où elles viennent.

Préparez les démonstrations comme un spectacle ?
Non, c’est un cours préparé et répété, mais pas autant qu’un spectacle. Nous ne pouvons pas totalement improviser. Il faut un rythme, un timing. Surtout pour le cours de pas de deux [duo chorégraphié]. Nous avons une réunion avec les professeurs et nous choisissons la musique avec les 12 des pianistes scolaires qui accompagnent nos élèves au quotidien. Je suis le chef d’orchestre, le seul à savoir ce que chacun fait. Les démonstrations sont une vitrine de notre école. Nous regardons notre passé et regardons vers l’avenir. Nos plus jeunes élèves ont généralement « marché » pour la première fois sur la grande scène en pente du Palais Garnier lors du défilé de septembre, mais c’est la première fois qu’ils exécutent de la technique devant un public.

Élisabeth Platel, directrice de l’école nationale de l’Opéra de Paris, lors d’un gala en hommage à Patrick Dupond, au Palais Garnier, le 21 février 2023. (YONATHAN KELLERMAN/ONP)

Combien d’enfants participent aux manifestations ?
Dimanche 15 décembre, pour les deux premières représentations, ils étaient 135. Le plus jeune a 9 ans. ans et demi, les plus âgés viennent d’avoir 18 ans années. Seuls quatre étudiants étaient absents, un parce qu’il s’était blessé lors d’un mauvais atterrissage et les trois autres à cause de problèmes liés à la croissance. Cela signifie que le service médical et la direction font du bon travail. Nous sommes vigilants et dans l’anticipation. La première ébauche était très bonne, d’autant plus qu’on ne fait jamais de répétitions. Touchons du bois pour les prochains.

Les enfants de l’école ont-ils changé en vingt ans ?
Oui bien sûr. Quand j’ai pris la direction de l’école après Claude Bessy [directrice de 1972 à 2004]les enfants étaient différents et l’éducation était différente. À mon époque, nous étions hyperdisciplinés. Moi, j’ai peut-être apporté ma naïveté (…). L’enfant aujourd’hui, tu ne peux pas lui dire : “C’est bien, ce n’est pas bien.» Maintenant, nous pensons qu’il faut les convaincre. Ils doivent être respectés et considérés individuellement. La relation avec les adultes est différente. Et puis on n’avait pas d’internat, on avait une vie après les cours de danse. Moi, à 15 ans. il y a des années, je me promenais seule dans Paris en toute liberté, y compris le soir. Les - d’aujourd’hui ne le permettraient plus.



Démonstrations de l’école de danse de l’Opéra de Paris sur la scène du Palais Garnier, le 3 décembre 2023. (SVETLANA LOBOFF)

Le téléphone portable est un progrès ou un fléau ?
C’est un sujet d’inquiétude pour moi, les réseaux sociaux. Le système éducatif français a laissé échapper le contrôle de ces réseaux. Il y a une course à connaître. Cela m’inquiète. A l’école, j’ai mis en place des formations. Nous enseignons à nos étudiants le droit et le respect du droit à l’image. Je leur explique ce qu’on peut publier et ce qu’on ne doit pas publier.

Comment avez-vous été choisi pour ce poste en 2004 ? ?
J’ai eu la chance d’être choisi pour ma personnalité. Or, pour postuler à ce type de poste, il faut un projet, des idées précises exprimées dans une lettre de motivation. C’est ce qui s’est passé pour José Martinez, le directeur de la danse de l’Opéra de Paris. Vingt des années plus tard, je suis fier d’avoir encore des idées pour l’école. La personne qui me succédera doit avoir sa vision de l’école du futur.

Pensez-vous que vous resterez longtemps à la tête de l’école ? ?
Je ne sais pas. Tant que je le souhaite et que la direction de l’Opéra de Paris me fait confiance.

Démonstrations de l’école de danse de l’Opéra de Paris
samedi 21 et dimanche 22 Décembre 2024 à 10h30 et 14h30
Durée 2h15 avec entracte, tarifs de 12h à 35h euros

 
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