Sortie cinéma –
Sarah Bernhardt, gercée ou écervelée ?
Le film de Guillaume Nicloux dresse un portrait peu flatteur de l’une des premières stars mondiales. Sans audace, hélas.
Publié aujourd’hui à 9h29
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Boutons de guêtres, camélias et boudoirs enfumés. L’obsession de ce type de film est souvent sa reconstruction. Faites-le correctement. Recréer une époque, ici Paris à la fin du XIXème sièclee siècle. Mettez les choses dans leur contexte. À cet égard, Guillaume Nicloux fait un peu office de bon élève, premier de classe. Pour raconter l’ascension, la gloire et la chute de l’une des plus grandes stars mondiales, Sarah Bernhardt, il ressuscite un monde perdu qui ressemble plus à l’arrière-boutique d’un magasin d’accessoires qu’à « une scène de vie capturée sur le vif ».
La « Divine Sarah Bernhardt » était-elle une icône ? Oui, d’après ce qui a été écrit sur elle. Non, au vu des rares films qu’elle a laissés à la postérité, ainsi que de la vision dominante de ce biopic où elle se présente au pire comme une conne et au mieux comme une idiote, même si l’accent est surtout mis sur sa liaison avec Lucien Guitry, père de Sacha et équivalent masculin de Sarah Bernhardt à cette époque.
Nulle part attachant, son personnage, incarné sans grâce par une Sandrine Kiberlain que l’on savait plus inspirée, se débat dans un monde qu’elle ne cesse de scruter. Le couplet de la modernité féministe semble s’ajouter artificiellement à cette vision d’une Belle Époque contrainte dans ses principes et très corsetée dans ses mœurs, nullement libérée, contrairement à ce que signifient plusieurs séquences.
D’un genre à l’autre
Le plus curieux dans tout cela, c’est la facilité déconcertante et surtout l’apparente aisance avec laquelle Guillaume Nicloux saute d’un genre à l’autre, d’un registre à son contraire. Il y a quelques semaines, on pouvait découvrir « Dans la peau de Blanche Houellebecq », une blague décalée et absurde où presque tout était possible. En 2023, il plonge au milieu d’un drame familial avec “Le Petit”, juste après avoir tâté des films d’horreur avec “La Tour”.
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On a rarement vu un cinéaste plus imprévisible, ce qui est effectivement une bonne chose. Mais celui qui embrasse trop serre mal dans ses bras. Le biopic « classique » dénote ses limites et le rend un peu transparent. On aurait aimé de l’audace, de la liberté de ton et un humour plus lâche. La prochaine fois peut-être.
A noter : *, biopic (France – 98′)
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