Ooh Pinaise ! Les Simpson fêtent mardi leurs 35 ans : la série animée à la longévité record a débarqué sur la chaîne américaine Fox le 17 décembre 1989, un an avant son arrivée en France.
Près de 800 épisodes plus tard, les voix françaises d’Homère et Marge, Philippe Peythieu (74 ans) et Véronique Augereau (67 ans), mariés à la ville, espèrent poursuivre l’aventure à l’origine de leur union, malgré les incertitudes sur l’avenir du programme et les craintes concernant l’intelligence artificielle.
– Vous avez découvert la série « Les Simpsons » lors de castings fin 1989. Imaginiez-vous un tel succès ?
Véronique Augereau : Non, pas du tout. D’ailleurs, dans la première saison, il n’y a que 13 épisodes. Les Américains ont dû tester la série qui était contraire à toutes les séries habituelles (…). Les dessins étaient beaucoup plus grossiers qu’aujourd’hui. Ce n’était toujours pas très joli.
Philippe Peythieu : On a pris conscience de l’intérêt pour la série après la troisième ou quatrième saison.
VA : Cela a pris une ampleur folle avec la sortie du film en 2007. L’intelligence de la Fox a été de nous mettre en avant tous les deux sur tous les supports, partout.
PP : Ils aimaient que nous soyons aussi mari et femme dans la vie, c’était un argument marketing très fort. Le créateur des Simpsons, Matt Groening, nous a confié : “Nous n’avons cessé de divorcer au sein de nos équipes et vous êtes le deuxième couple le plus célèbre de l’histoire de l’animation après les comédiens américains qui ont doublé Mickey et Minnie (Wayne Allwine et Russi Taylor).
– Aimeriez-vous continuer encore 35 ans ?
VA : On a la chance d’enregistrer le 36e saison (attendue en France sur Disney+ en 2025) en ce moment. Généralement, à ce stade de l’année, on sait déjà s’il y aura une suite. Pour le moment, nous ne le savons pas.
PP : Tant qu’ils n’annoncent pas la fin, on dira que ça continue. Là, je pense que c’est une période de négociation aux Etats-Unis pour savoir s’ils font peut-être une ou deux saisons supplémentaires (…). Nous sommes fébriles.
Votre travail est également menacé par l’IA…
PP : Le grand danger, en effet, est que l’IA nous remplace. C’est à dire qu’on peut aussi habituer le jeune public sur les séries animées aux voix de robots, aux voix faites par l’IA (…). Et surtout, c’est un vol de nos voix.
VA : Nous avons un quotient émotionnel que l’IA n’a pas. L’IA possède un énorme quotient intellectuel. Chaque jour, elle reçoit des données, des données, des données. Mais nous pouvons encore être sauvés par nos émotions, et j’espère que cela durera longtemps.
– Des négociations sont en cours entre les syndicats, les sociétés de doublage et leurs sponsors. Que demandez-vous ?
PP : Premièrement, il faut bannir l’IA de nos métiers. Par la suite, nous pourrons peut-être savoir quand nous pouvons l’utiliser, dans quelles circonstances, avec notre accord. Il faut se protéger dans nos contrats, il faut légiférer, et même au niveau européen.
– La société a changé en 35 ans. Que pensez-vous de la polémique autour du personnage d’Apu, un épicier né en Inde doublé par un acteur blanc à l’accent caricatural, accusé de véhiculer des stéréotypes racistes ?
VA : Ce n’est pas dans notre culture de réagir aussi violemment, donc on trouve ça un peu énorme.
PP : C’était un peu excessif. C’est la fonction de l’humour de pouvoir se moquer de tout (…). Dans la série française, l’acteur Patrick Guillemin a donné à Apu un accent portugais, ça nous a fait rire. Aux Etats-Unis, c’est vraiment un accent indien qui offensait la communauté indienne, Matt Groening et les producteurs ont supprimé ce personnage. Nous trouvons cela dommage. Et puis dans « Les Simpsons », tous les sujets de société étaient abordés. C’est l’intelligence de la série.
(afp/eu)
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