Inspiré du roman ” Moi Tituba, sorcière noire de Salem », de la célèbre auteure guadeloupéenne Maryse Condé, un roman historique centré sur l’expérience d’une Barbadienne dans le monde des esclaves du XVIIe siècle, l’exposition « Tituba, qui nous protégera ? » s’articule autour de la protection spirituelle et propose une réflexion poétique et spirituelle sur le deuil et la mémoire. Une immersion dans les liens invisibles entre passé et présent. Tituba est ici invoqué comme figure protectrice et symbole narratif qui accompagne le dialogue entre les œuvres présentées.
Une expérience sensorielle et immersive
Cette exposition qui présente des peintures, des films, des photographies, des installations imaginées et créées par onze artistes de la diaspora africaine et caribéenne, dont les œuvres des artistes guadeloupéennes Naomi Lulendo, également franco-congolaise, et Claire Zaniolo, met en lumière les questions de deuil, de mémoire. et l’ancestralité. « Ce projet se veut une expérience sensorielle et immersive qui s’inspire d’une atmosphère de cérémonie ou de veillée qui permet au visiteur d’entrer dans un mode plus réceptif vers des univers internes et alternatifs », confie la commissaire et commissaire de l’exposition, Amandine Nana.
En témoignent les chants et prières qui accompagnent le parcours du visiteur dans l’œuvre vidéo de l’artiste haïtienne Myriam Charles, les symboliques afro-antillaises développées par l’artiste américano-haïtienne Abigail Lucien qui établissent un lien entre culture et mémoire partagée ou encore le travail de la photographe et plasticienne congolaise et guadeloupéenne Naomi Lulendo sur la figure de « Potomitan », notion qui désigne à la fois la colonne centrale d’un temple vaudou et la figure maternelle protectrice dans la culture créole.
Dialogue entre littérature et arts visuels
Cette exposition traite également des luttes transatlantiques comme la révolution haïtienne que la photographe russo-ghanéenne Liz Johnson Artur explore avec sa pièce « Le - ne coule pas ici » la question de la protection, de la mort et du rôle que cela joue dans la compréhension des luttes politiques, tandis que de son côté l’artiste et poète londonienne Rhéa Dillon s’intéresse à la charge émotionnelle que les objets apportent à son travail » Un ossuaire caribéen » (Un ossuaire des Caraïbes). On retrouve également ce dialogue entre enjeux historiques et contemporains dans le travail de l’artiste multidisciplinaire guadeloupéenne Claire Zaniolo qui explore la photographie comme espace de mémoire avec la création de cet album de famille contemporain à transmettre en héritage.
« Tituba, qui nous protège ? » propose également un dialogue entre littérature et arts visuels en référence au roman de Maryse Condé qui a su trouver les mots justes. ” J’ai voulu montrer comment, de la littérature aux arts visuels, les dialogues s’entrelacent et enrichissent les mêmes thématiques. », plaide Amandine Nana pour qui, dans cette exposition, « Les paroles de Tituba guident le visiteur et lui procurent donc une sorte d’esprit protecteur « . Il ne reste que quelques jours pour visiter cette exposition stimulante.
EB
« Tituba, qui nous protège ? »
Exposition collective
Jusqu’au 5 janvier 2025 – 12h00 – 22h00
Palais de Tokyo
13, avenue du President Wilson
75116 Paris
Information : https://www.palaisdetokyo.com
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