“Saint-Ex” de Pablo Agüero avec Louis Garrel s’appuie sur le pouvoir du rêve

«Je savais qu’il fallait choisir le moment clé, le moment où Antoine de Saint-Exupéry devient lui-même, le moment où il se forge comme pilote et comme écrivain», raconte le réalisateur Pablo Agüero dans l’émission Vertigo du 9 décembre. Et c’est en recherchant son ami disparu Guillaumet qu’il trouvera les sources d’inspiration du Petit Prince, qu’il écrira dix ans plus tard.»

Si tout le monde ou presque connaît Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) comme l’auteur du Petit Prince, on sait généralement moins que l’écrivain français fut un véritable aventurier, que ce soit comme reporter, explorateur ou encore pilote pour l’Aéropostale, une compagnie aérienne française de livraison de courrier fondée en 1927.

Pionnier de l’aviation, il crée avec son ami Henri Guillaumet (1902-1940), « les premières lignes aériennes postales qui allaient jusqu’au bout de la Patagonie en traversant les Andes », explique le réalisateur argentin. Des vols qui, à l’époque, relevaient de l’exploit et parfois même de la folie.

Mais un jour de juin 1930, Guillaumet est pris dans une tempête de neige et s’écrase à 3 250 mètres d’altitude dans les Andes. Antoine de Saint-Exupéry décide de partir à sa recherche, malgré les faibles chances de retrouver son ami vivant et les risques inhérents à une telle expédition.

Un conte philosophique

Cette aventure, le réalisateur argentin Pablo Agüero, qui connaît bien cette région, a décidé de la raconter dans son film « Saint-Ex », au casting duquel on retrouve Louis Garrel (Saint-Exupéry), Vincent Cassel (Henri Guillaumet) et Diane Kruger (Noëlle Guillaumet).

Long métrage qui mêle faits historiques et fiction largement documentés, c’est certes un film d’aventure, mais que le réalisateur a également conçu comme un conte philosophique. « Il y a quelque chose de complètement improbable dans ce sauvetage. Lorsqu’ils se retrouvent sur cette montagne, ils ne savent pas s’ils vont survivre. Et puis, ils vont découvrir des gens vivant là-haut dans des conditions impossibles, comme ce petit berger qui vit seul avec ses moutons par -20 degrés et c’est ce décalage qui donne cet aspect de conte philosophique universel.

Le pouvoir des rêves

« Saint-Ex » étonne également par son esthétique singulière et onirique avec ses couleurs argentées et dorées, ses lumières et ses décors. Le réalisateur, qui a passé six mois dans les Andes et en Patagonie pour tourner des images ensuite utilisées en studio, réfute l’idée selon laquelle cette esthétique qui pourrait paraître DIY serait une conséquence des tournages en studio. « Ce n’est pas une conséquence. Nous avons inventé une méthode de fabrication pour parvenir à cette esthétique », explique-t-il.

Avec une volonté de s’éloigner du biopic, son film fait la part belle au rêve tant dans la forme que dans le fond. « Saint-Exupéry représente pour moi la puissance du rêve, dans le sens où le rêve n’est pas nié. C’est un véritable pouvoir de conquête, de dépassement de soi et d’engagement politique. En général, on dit que rêver, c’est être maladroit et déconnecté de la réalité, mais être déconnecté de la réalité, c’est se forger une nouvelle réalité et c’est ce que représente pour moi Saint-Exupéry.

Puis de conclure : « J’ai essayé de faire un film qui nous montre qu’on peut d’abord rêver. Et parce qu’il rêve, il peut à terme être plus puissant que son ami viril et bon pilote. Et c’est une vraie force.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Web adaptation: Andréanne Quartier-la-Tente

« Saint Ex » de Pablo Agüero, avec Louis Garrel, Vincent Cassel, Diane Kruger. A voir dans les cinémas francophones depuis le 11 décembre 2024.