En 2019, la scénariste Clémence Madeleine-Perdrillat a co-créé un moyen métrage d’animation qui a cartonné en salles. Il explique comment l’aventure de son héroïne, Violette, se poursuit désormais dans une série animée.
Par Guillemette Odicino
Publié le 7 décembre 2024 à 14h00
IOil y a cinq ans, le moyen métrage d’animation La vie de château, de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’Limi, il connaît un énorme succès auprès de la critique et du public, obtenant plus d’une vingtaine de prix, dont le Prix du Jury au Festival international du film d’animation d’Annecy. Comme c’est beau, ce n’était que le début de l’histoire de cette petite fille de 8 ans, en deuil pour ses parents, qui se retrouve confiée à son oncle aussi bourru que tendre et bricoleur au château de Versailles. Car grâce à France Télévisions, il se décline désormais en une série de six épisodes délicats, pudiques et imaginatifs, autour du thème de la reconstruction et de la musique merveilleusement appropriée d’Albin de la Simone. Commentaires de l’auteure et réalisatrice Clémence Madeleine-Perdrillat sur cette suite pleine de grâce.
Une résolution par épisode
« Avec Nathaniel, nous avons été bluffés par le succès du film, d’autant plus qu’il s’agissait de notre première animation. La meilleure partie a été la sortie en salles, où La vie de château a rassemblé quarante mille spectateurs ! C’est un grand bonheur que France Télévisions ait souhaité poursuivre les aventures de Violette. Comme lorsque je travaille sur une série en images réelles, je me suis posé la question d’un véritable arc narratif autour de la question du deuil et de la reconstruction d’une famille : dans chaque épisode, qui se termine par une résolution, Violette a des choses à apprendre – sur ses grands-parents, de l’angoisse d’avoir trouvé un foyer mais de pouvoir le perdre, de commencer une nouvelle école où elle devra expliquer qu’elle est orpheline… Ou comment cette petite fille va-t-elle accepter ces choses ? évoluer. »
Logique d’une petite fille
« L’enfance aime les rituels et cela ne change rien. Et ça m’intéressait beaucoup de parler d’une petite fille anxieuse, alors que, souvent, les héroïnes pour jeunes sont en performance et en résilience immédiate. Nous vivons à une époque où l’on demande aux gens de se remettre d’un événement dans un laps de - rapide qui n’est pas le véritable - psychique. Je ne voulais pas que Violette oublie en cinq minutes qu’elle était orpheline. Jusqu’au dernier épisode, il pense à ses parents, même s’il a vécu de nombreux moments de bonheur. L’histoire a dû être reprise dans sa chronologie, également par rapport à l’actualité : il a perdu ses parents lors des attentats de novembre 2015 et, en 2016, de terribles pluies se sont abattues sur la France et Versailles, où des inondations ont mis le patrimoine en danger. Véritable matière scénaristique pour le troisième épisode, Nathaniel s’amusant beaucoup à aborder la pluie dans le dessin et le son – nous avons même enregistré les différents bruits d’eau tombant sur les carrelages ou les pavillons de Versailles ! Le quatrième segment suit la logique d’une petite fille qui entre en sixième et change donc d’école. Il fallait aussi rester fidèle à la personnalité de Violette, à son deuil, et c’est pourquoi, lors de l’histoire d’amour de Régis, on l’a un peu extrapolée de l’intrigue en la comparant à un fantôme… Il ne faut pas oublier la mélancolie, comme dans le merveilleux Mon voisin Totoro, de Miyazaki, qui joue sur la corde sensible de Violette, qui s’échappe à chaque fois qu’elle est malheureuse, avant d’accepter une situation. Et cela ne dérange pas d’avoir un amant, même si cela brise le cœur de son meilleur ami ! »
R. La vie de château, Samedi 7 décembre à 19h, sur France 4. La série complète sur Okoo du 7 décembre. A partir de 6 ans.
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