« À presque 50 ans, c’est un beau cadeau ! » Journaliste depuis l’âge de 19 ans, Marie Labory, égérie de la chaîne Jusqu’à ces dernières années il est, depuis la rentrée, le nouveau pilote des Midis de Culture, de 12h00 à 13h30 culture française.
Un changement radical, et pas seulement parce qu’il quitte la télévision pour la radio : « Pendant quinze ans, j’ai vécu dix jours par mois à Strasbourg… J’avoue que c’était devenu compliqué. » Ne serait-ce que pour pouvoir être avec ses jumeaux, désormais âgés de 9 ans.
“Je ne m’y attendais pas”
Quand Emelie de Jung, réalisatrice de culture française (et ancien directeur de programme deJusqu’à) a offert les clés du créneau de midi à Marie Labory, cette Landaise, qui a débuté avec France 3 (entre autres à Caen et Rouen, où il présentait le journal régional), il n’a pas hésité. «Surtout parce que je ne m’y attendais pas» avoue Marie Labory. Cette proposition est arrivée l’année dernière, peu après le retour de la journaliste sur les ondes après plusieurs mois d’absence durant lesquels elle avait lutté contre un cancer du sein. « Je me suis dit que cela ne pourrait plus m’arriver. »
La demande était simple : « Animer une émission de prescription culturelle, avec des interviews. » Trois mois plus tard, le Culture du Sud ils sont écoutés en moyenne par 611 000 auditeurs quotidiennement(1), soit une croissance de 27 % sur un an. Quelle est la recette « Marie Labory » ? Nous l’avons suivie jusqu’à culture françaiseavant et pendant son spectacle.
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Lorsqu’il arrive vers 9h du matin à son bureau le 7e A l’étage, Porte D, de la Maison de la radio, la moitié du présentateur de son émission quotidienne est prête. Toute son équipe est réunie dans la même salle : programmateurs, documentaristes, réalisateur, ainsi que Marie Sorbier qui assure les dix minutes de « Point Culture ».
« C’est plus facile d’être tous ensemble pour parler de spectacles, d’expositions, de livres, de musique » décrit Aïssatou N’Daye, une des programmatrices. Chacun contribue à l’élaboration du programme de la radio publique, conçu en deux parties : les trente premières minutes consacrées à la critique (chaque jour une thématique différente, théâtre, cinéma, littérature, fiction, etc.) avec des intervenants extérieurs.
Puis, les trente dernières minutes consacrées à l’interview d’un invité. « La particularité de France Culture, c’est le besoin, résume le programmeur, on ne survole pas les sujets, les interviews sont approfondies. Et Marie y met la patte ! »
En particulier, un ton développé au cours de ses douze années de présentation du 28 minutes D’Jusqu’à « Et avant les 28 minutes, se souvient le journaliste, J’étais responsable du journal culturel. » En arrivant à la radio, la journaliste a retrouvé ses fondamentaux.
“On essaie de surprendre”
Vers 11h, Marie Labory entre dans la dernière ligne droite. Il ne rédige pas à l’avance les notes de ses critiques. Ce live, « C’est un exercice que j’aime. »
Pour les entretiens, vous pouvez vous appuyer sur les archives préparées par les bibliothécaires. « Nous préparons des biographies d’invités très approfondies. Nous recoupons les informations. Nous recherchons également des archives sonores pour enrichir le spectacle : cela peut être une porte d’entrée pour Marie, pour faire réagir l’invité. Et surtout on essaie de ne pas bégayer par rapport aux autres émissions ! »
L’invité, qui fera la une des journaux dans les mois à venir, “Essayons de l’obtenir avant tout le monde, reconnaît Marie Labory. Mais même si nous recevons des personnalités déjà vues ailleurs, nous essayons de surprendre, avec des pas latéraux.”
11h45, le journaliste descend à 15 heurese envisageons de nous installer dans le studio 34, le plus grand des culture française. Dans l’ascenseur, il avale quelques biscuits pour se calmer.
« J’ai toujours peur que mon ventre gargouille et que je l’entende à l’antenne ! » Il remet les casques et les sièges. Et il s’assoit devant le micro.
« À votre arrivée à culture françaiseJ’ai dû apprendre la langue de la radio, confie Marie Labory. Une toute autre mécanique par rapport à la télé, comme la diffusion, les promos, les lancements sonores… J’ai appris sur le tas : ces réflexes s’acquièrent, comme on disait à l’école ! »
12h, départ donné par le directeur. Marie Labory annonce le menu du jour, Thomas Cluzel vient donner les gros titres de son journal qui durera vingt minutes, de 12h30 à 12h50.
Commence alors la séquence consacrée ce jour-là à la série dont deux critiques parleront (enfin). Le Messie et (moins bien) C’est Paris. L’ambiance est (presque) celle de trois amis se donnant des conseils – raisonnés – sur les séries à regarder. Pendant cette période, à la direction, nous assurons une connexion en direct depuis Kiev (Ukraine), Tyr (Liban) et l’Assemblée nationale, qui se succéderont lors des journaux télévisés.
12h30, Thomas Cluzel prend son envol. Marie Labory sait manger une banane. A l’extérieur du studio, la situation devient un peu agitée : l’invité du jour, Étienne Daho, est arrivé. Tout le monde loue sa gentillesse.
12h50, Marie Sorbier lance son « Point Culture », dix minutes d’actualité culturelle.
Enfant, elle rêvait d’y travailler
13 heures, Marie Labory reprend le micro et entame un entretien de trente minutes avec Étienne Daho. Interview qui commence par lui parler de sa passion d’adolescent pour son titre - hindou : « J’attendais devant la radio que la chanson commence. Je l’ai enregistré sur cassette pour pouvoir l’écouter en boucle…”
Le chanteur originaire de Rennes lui parle de ses anciens tubes “qui sont comme de vieux amis” et le pouvoir des chansons “ce qui me dépasse.” Marie Labory l’interroge sur la célébrité : “C’est un cadeau de manger jusqu’au bout, croit l’artiste. Au début, je ne me sentais pas à l’aise… mais cela n’a pas duré longtemps. »
Jusqu’à 13h30, le journaliste et le chanteur dialogueront sur des sujets comme la création (“La pop c’est la liberté par rapport au rock, donc codifié, mais elle est dans mes cellules, moi qui ai grandi à Rennes”), le cliché parfait (“Soustraction Bonne ambiance des Beach Boys » ) et évidemment son concert en direct à l’Accor Arena de Paris, pour lequel Étienne Daho reconnaît avoir forcé sa nature pour se produire dans une salle devant 17 000 personnes.
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13h30, Midi de la culture prendre fin et laisser la place à la transmission Les pieds sur terre. Les directeurs de la radio viennent saluer Étienne Daho dans les couloirs avant qu’il ne quitte la station.
Marie Labory pourra aller manger… avant de revenir à 7 heurese étage travaillant sur son émission le lendemain. Il est clairement enthousiasmé par ses nouvelles fonctionnalités : « Chaque matin, quand j’arrive devant la Maison de la radio, je deviens la petite fille qui rêvait d’y travailler encore ! »
(1) Selon Médiamétrie, France Culture a dépassé les 2 millions d’auditeurs quotidiens.
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