Par
Marie-Dominique Lacour
Publié le
1er décembre 2024 à 18h40
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Quel est le point commun entre la rue Homère, la rue des Abeilles et la rue Saint-Rome ? Toulouse ? Ceux qui aiment marcher le nez en l’air auront sûrement la réponse : en levant la tête au carrefour de droite, on aperçoit les plaques d’immatriculation de ces rues toulousaines de belles mosaïques. De nombreux clins d’œil, parfois improbables, en hommage à leurs noms. Qui les a mis là ?
MifaMosa, illustrateur de rue
Tous sont signés par trois petits cercles noirsle signe de leur auteur. MifaMosa il a eu la gentillesse de partager son histoire avec nous ; cependant, son nom restera secret. LE trente ansqui se définit comme un « illustrateur de rue », vit dans le Loiret.
Son projet fou a débuté il y a sept ans. « Au début, je cherchais un moyen pour égayer la vie de ma grand-mèremalheureusement déprimé. Et j’ai pensé à décorer sa ville », dit-il. C’est pour cette raison que le jeune homme a besoin “d’un matériau qui résiste dans le temps”, qui sera la mosaïque. Lui, qui n’y avait jamais touché, commence à créer, puis à installer ses œuvres à Orléans.
“J’ai fait tout ça pour ma grand-mère”
« Ma première plaque, c’était celle de la rue des Africains » (à Orléans également), se souvient-il. De fil en aiguille, en voyageant avec des amis, son musée à ciel ouvert s’agrandit. Il comprend encore aujourd’hui 433 illustrationsdans une trentaine de villes entre la France, la Suisse et la Belgique.
Le jeune trentenaire aujourd’hui il vit de sa passionrépondre régulièrement à commandes privées. «En ce moment j’expose à Chartres, dans le cadre d’un projet d’aide aux enfants en difficulté», explique-t-il.
Mais dans cette improbable réussite professionnelle, il manque le plus important : “Ma grand-mère est toujours en vie, et je pense que voir que tout cela a été fait pour elle lui redonne un petit sourire…” confie-t-elle.
Deux visites à Toulouse
Lors de ses deux passages à Toulouse, en septembre 2022 et novembre 2023, le street artiste s’est principalement promené dans le centre-ville. Pour en voir un 14 créations dans la Ville Rose, il vous faudra vous diriger vers Les Carmes, le Grand Rond ou encore Bonnefoy-Jolimont.
Vous trouverez don Quichotte et son partenaire Villa Pancio dans la rue de Moulins ? Et l’oiseau léger qui vole haut, très haut, à l’une des extrémités de la longue rue de la Colombetta ?
« À chaque nouveau projet, je commence par regarder les noms de rues qui m’inspirent. Ensuite, je vérifie qu’ils ne sont pas dans des zones résidentielles, car si les plaques d’immatriculation sont sur des poteaux, je ne peux rien faire”, explique MifaMosa.
L’installation proprement dite, toujours de nuit pour plus de discrétion, ne prend que « quelques minutes ». Les œuvres sont créées dans son laboratoire et transportées une fois terminées.
Disparition mystérieuse…
Si l’artiste n’a eu “que de très bonnes interactions” à Toulouse, une de ses créations n’a apparemment pas été comprise. Installé via Rivauxau centre de la ville, représentait un “double-face”, moitié Tupac moitié Biggie Smalls (alias Notorious BIG) : deux immenses les stars tu rappes aux Etats-UnisEnnemis jurés, tous deux meurtre à cause de leur rivalité… D’où le choix de la voie.
Installée fin 2023, la plaque a mystérieusement disparu quelques semaines plus tard. Pourquoi alors ? Il semble que la société derrière la façade n’ait que moyennement apprécié l’évocation de cette histoire sulfureuse et sanglante, pas plus que sa soudaine apparition sur ses murs.
… Heureusement que nous avons trouvé Tupac et Biggie !
Pour savoir ce qu’elle est devenue, L’actualité toulousaine enquêté. Avec succès. Et nous avons découvert que c’est grâce à Lauriersemployé de l’entreprise, que la mosaïque a été sauvée d’une destruction certaine : «Ma direction souhaitait qu’il disparaisse de la façade, ce que je comprends. J’ai proposé de l’enlever sans l’abîmer”, raconte la jeune femme.
Plus facile à dire qu’à faire. « C’était bien bloqué ! Mais nous l’avons fait», se félicite-t-elle. Depuis lors, le portrait de Tupac-Biggie occupe une bonne partie de son bureau. Et il est heureux d’avoir conservé cette œuvre unique, d’un artiste qu’il apprécie.
Des mosaïques à chaque coin de rue
Grâce à cette étrange enquête, nous avons découvert l’artiste orléanais n’est pas le seul à décorer la Ville rose : Au moins un autre mosaïste a mis son talent à l’épreuve sur des façades urbaines. Pour preuve, nous voulons la rue du Poissondans le quartier Gloria. Selon nos informations, cet autre créateur est originaire de Toulouse, mais vit désormais… à Bordeaux.
Quant au MifaMosa, il a « pour but ultime de décorer toutes les villes de France » et pourrait bien revenir bientôt faire un voyage dans le Sud-Ouest pour « visiter » eau de Javel, Aussi ou même Montauban.
Toulouse n’est pas fini non plus. “Tu devrais me revoir 2025», ajoute-t-il joyeusement. Alors, selon vous, quelles sont les prochaines rues qui auront la possibilité d’être sélectionnées par MifaMosa pour un petit restyling ? Les paris sont ouverts.
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