L’acteur franco-algérien Tahar Rahim offre une performance convaincante dans le film biographique Monsieur Aznavourqui ouvre vendredi à Québec. Il a également entraîné sa voix pendant plusieurs mois pour reproduire celle du chanteur français, artiste infatigable qui a enregistré plus de 1000 chansons.
Le cinéaste Mehdi Idir et le slameur devenu réalisateur Grand Corps Malade sont amis de longue date, le premier ayant réalisé plusieurs clips du second avant leur aventure commune derrière la caméra (Patients, Vie scolaire). La genèse de Monsieur Aznavourleur troisième long métrage, remonte à 2017, soit environ un an avant la mort de Charles Aznavour.
Grand Corps Malade et Mehdi Idir, co-réalisateurs et co-scénaristes de « Monsieur Aznavour »
Photo : sphère média / Antoine Agoudjian
C’est un projet qui a commencé avec Charles, qui nous a validé comme réalisateurs, se souvient Mehdi Idir. Malheureusement, peu de temps après, il est décédé et le projet a donc été abandonné. Nous ne voulions pas faire immédiatement un biopic sur quelqu’un qui venait tout juste de mourir.
Le film est finalement sorti sept ans plus tard. La famille de Charles Aznavour a été impliquée tout au long du processus de création, notamment à travers son gendre Jean-Rachid Kallouche, l’un des producteurs du film.
Un geste soigneusement étudié
Même si la ressemblance entre Tahar Rahim et Charles Aznavour n’est pas a priori évidente, le résultat final à l’écran est remarquable. Grand Corps Malade l’avoue : cela est dû en grande partie aux nombreuses couches de maquillage et de prothèses qui ont transformé l’acteur, mais c’est aussi le résultat d’un important travail de recherche.
On a lu tous les livres qui ont existé sur Aznavour, dont les deux plus importants, ses deux autobiographies. C’était un peu comme nos bibles de base
explique celui qui a récemment lancé sa propre version de Bohême.
Ensuite, nous avons identifié des podcasts, des documentaires, des archives, des vidéos YouTube pour tenter de retracer sa vie et tenter de comprendre l’homme qu’il était derrière l’artiste.
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Tahar Rahim dans le rôle de Charles Aznavour et Bastien Bouillon dans celui de Pierre Roche, fidèle collaborateur du chanteur au début de sa carrière.
Photo : sphère média / Caroline Bazin
Comme on peut le voir dans le film, Charles Aznavour enregistrait souvent son quotidien avec une caméra Super 8, sur des bobines offertes aux réalisateurs par sa famille. Il a une manière de parler dans les interviews, il a une manière de chanter et de se comporter sur scène, et aussi une manière de se comporter en famille, autour de la piscine ou en voyage.
explains Grand Corps Malade.
Nous avons essayé d’absorber le plus de connaissances possible pour comprendre la personnalité multiple d’Aznavour.
Cours intensifs de chant
Pour incarner fidèlement Charles Aznavour, Tahar Rahim s’est lancé le défi d’apprendre à chanter son répertoire, avec toutes les inflexions de voix que cela implique. Avant d’arriver sur le plateau, il a suivi des cours de chant pendant neuf mois, formation qui s’est poursuivie pendant le tournage.
Comme on vient de la musique, on connaît des ingénieurs du son musique qui ont l’habitude de mixer des albums, et ça, c’était vraiment un atout, explique Grand Corps Malade. Nous avons travaillé sur la réverbération et la couleur de la voix, notamment dans les aigus, pour essayer de retrouver un peu le vibrato d’Aznavour.
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Tahar Rahim as Charles Aznavour
Photo : Sphère Média / Antoine Agoudjian
L’acteur, révélé en 2009 dans Un prophète by Jacques Audiard, Cependant, il ne s’est pas contenté d’imiter le chanteur, il y a mis beaucoup de sa personnalité, selon Mehdi Idir.
Petit à petit, on s’est rendu compte que par bien des aspects, il était proche du personnage, parce qu’il était fils d’immigré, parce qu’il venait d’une famille pauvre, parce qu’il avait trouvé une passion qui guidera le reste de sa vie.
explique le réalisateur.
Tahar aime dire qu’il s’est entendu avec Charles, et qu’ils sont allés se serrer la main au milieu.
Carrière avant tout
Les cinéphiles qui ne connaissent que les grandes lignes de la carrière d’Aznavour pourraient être surpris par certains faits réels relatés dans le film, depuis ses premiers succès montréalais avec Pierre Roche jusqu’à sa relation platonique avec Édith Piaf, qui l’a convaincu entre autres d’avoir un travail de nez.
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Marie-Julie Baup incarne la célèbre chanteuse Édith Piaf, qui a pris Charles Aznavour sous son aile à ses débuts.
Photo : sphère média
Le film évoque également le caractère nécessiteux de l’artiste, qui vivait selon la devise selon laquelle rien ne vaut 17 heures de travail par jour.
Cette fixation sur sa carrière aura également des conséquences sur ses relations intimes, une face plus sombre de sa personnalité qui est également explorée dans Monsieur Aznavour.
Il a toujours voulu que tout le monde autour de lui soit très à l’aise matériellement, mais d’un autre côté, d’un point de vue émotionnel, il n’a pas toujours été très présent.
explains Grand Corps Malade.
Il a mis son travail avant tout, et il y a eu des sacrifices humains, c’est sûr.
Dr. Dre et la modernité d’Aznavour
Le film évoque également l’immense influence musicale de Charles Aznavour, dont les chansons ont été samplées par d’innombrables artistes. Les réalisateurs font également un clin d’œil à cette influence dans une scène glorieuse qui reprend le titre Quelle est la différenceune production de Dr. Dre basée sur le segment d’ouverture de Parce que tu croisAznavour classique.
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Charles Aznavour à l’émission « Music-Hall » de Radio-Canada, le 2 mai 1963 (Photo d’archive)
Photo: Radio-Canada / André Le Coz
Selon Grand Corps Malade et Mehdi Idir, cette scène, bien que coûteuse, était une condition sine qua non à la réalisation du film qu’ils avaient en tête. Nous avons tout de suite dit à nos producteurs que nous avions besoin de la chanson. C’était parfait pour nous
il explique.
Il raconte la modernité de la musique d’Aznavour, le fait qu’il ait été échantillons par pas mal d’artistes, en plus d’avoir un gros son WCôte Est à l’heure où nous sommes dans la décennie « bling-bling » de Charles Aznavour.
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