Les rencontres cinématographiques Palestine, filmer son existence débutent ce 29 novembre à Genève, avec le film d’ouverture du documentaire «Avant, il n’y avait rien» du réalisateur genevois Yvann Yagchi. Un festival à vivre jusqu’au 2 décembre aux cinémas Grütli, au MEG et au Spoutnik.
Sa mère est née en Palestine avant de s’exiler de force avec ses parents en 1948, alors qu’elle n’avait qu’un an. Yvann Yagchi, quant à lui, est né à Genève. Pour son troisième long métrage, le réalisateur a décidé de se rendre en Cisjordanie, pour rencontrer un ami d’enfance devenu colon juif sur une terre où lui, en tant que Palestinien, n’a pas le droit de vivre.
Ces premiers pas en terre palestinienne conduisent Yvann Yagchi dans une colonie face à Bethléem. Il interroge son ami sur ses choix, ne cache pas leurs différences, rencontre les rabbins. Il exprime son ressentiment grandissant au fur et à mesure de ses visites. Les propos et la présence d’Yvann Yagchi sont trop inquiétants. Son ami se retire du projet, c’est une rupture.
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« Ce qui a commencé comme une quête de dialogue est devenu une triste métaphore du « conflit » israélo-palestinien : la communication s’est rompue et l’amitié a cessé d’exister », indique Yvann Yagchi sur le site des Rencontres cinématographiques de Palestine. , Filmer, c’est l’existence.
La cause ? « Évidemment, la situation dans les territoires palestiniens occupés, c’est sûr. Mais j’avais aussi l’impression que mon identité n’était pas reconnue, qu’on ne voulait pas voir les Palestiniens, “l’identité, l’histoire palestinienne”, explique le réalisateur dans le 19h30 du 28 novembre. A défaut de grandes retrouvailles , le cinéaste consacre alors son énergie à renouer avec sa propre histoire, sur les traces de son arrière-grand-père.
Résilience palestinienne
Son documentaire porte un titre légèrement ironique, « Avant, il n’y avait rien », faisant écho à ce qu’il a entendu toute sa vie : qu’avant Israël, avant 1948, il n’y avait rien. « Cela m’a toujours touché. Après, j’ai aussi découvert que c’est une technique coloniale vieille comme le monde de dire que la terre que l’on va coloniser est vierge de tout être humain, de tout, pour justifier ses actes”, indique Yvann Yagchi.
La Palestine n’est pas un rêve. La Palestine existe. En tant que Palestinien de la diaspora, j’en ai souvent et longtemps rêvé
Alors que la mère du cinéaste lui a transmis sa culture, son identité et ses racines, elle ne veut plus entendre parler de Palestine. « C’est un mécanisme de défense », souligne le cinéaste qui, lui, y croit toujours : « La résilience est profondément palestinienne. Aujourd’hui, il y a un génocide à Gaza et Israël continue d’attaquer sans cesse les symboles de la culture, de l’identité palestinienne ».
Preuve de la résilience du cinéaste, sa porte est toujours ouverte, à Genève, pour son ami d’enfance. « Mais pour moi, la reconnaissance de l’existence de l’histoire palestinienne est nécessaire », conclut-il.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Web adaptation: Lara Donnet
Les Rencontres cinématographiques palestiniennes, Filmer existe, Grütli, MEG, Spoutnik, Genève, du 29 novembre au 2 décembre 2024.
« Avant, il n’y avait rien » de Yvann Yagchi, MEG, Genève, le 28 novembre 2024 à 21h Puis à l’Espace Noir, Saint-Imier (BE), les 29 novembre et 1er décembre 2024 ; Le cinématographe, Lausanne (VD) et l’ABC, La Chaux-de-Fonds, 1er décembre 2024.
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