Communiste, résistante, contremaître d’atelier, épouse de, créatrice de musée en hommage à son défunt mari… les multiples facettes de la vie bien remplie de Nadia Léger (1904-1982), épouse de Fernand Léger (1881-1955), 20 ans plus âgé qu’il avait effacé de ses souvenirs son activité de peintre oubliée depuis longtemps. La publication en 2019 d’une impressionnante monographie de 600 pages d’Aymar du Châtenet servira d’inspiration au projet d’une grande exposition (« Nadia Léger. Une femme d’avant-garde », du 8 novembre 2024 au 23 mars 2025 à Maillol Musée de Paris) qui rend enfin hommage à l’artiste.
Les premières œuvres cubo-futuristes
Organisée dans les salles du musée Maillol, repeintes de couleurs vives pour mettre en valeur les différentes thématiques, l’exposition suit le parcours de Nadia Léger, qui a quitté sa famille et son petit village de Biélorussie à l’âge de 13 ans pour étudier aux laboratoires des Beaux. -Arts de Smolensk. De là, elle part pour Varsovie en Pologne où elle épouse un jeune artiste, Stanislas Grabowski, avec qui elle a une fille, Wanda, sa seule enfant. Ses premières œuvres cubo-futuristes témoignent très tôt de sa connaissance de l’avant-garde et, fascinée par l’œuvre de Fernand Léger, Nadia jette son dévolu sur Paris où elle arrive en 1925.
Vue de l’exposition « Nadia Léger, une femme d’avant-garde » au Musée Maillol en 2024 © Anthony Dehez
L’influence du maître et les tendances abstraites
Il commence par suivre les cours d’Amédée Ozenfant (1886-1966) à l’Académie Moderne, ce qui correspond à sa période puriste. En 1928, elle entre dans la classe de Fernand Léger avec qui, séparée de son premier mari, elle noue bientôt une relation. L’influence du maître se manifeste immédiatement dans sa peinture et sa gamme chromatique. *
Fernand Léger, Sans titre [Nadia]1953, tempera et encre de Chine sur papier © Crédit photo : Collection particulière. Photographe : Pierre-Yves Dhinault/Sabam
Sans jamais abandonner la figuration, Nadia aborde les tendances abstraites et expose en 1930 avec Cercle et Carré à la galerie 23. 1932 est une date importante où Nadia entre au Parti communiste dont elle ne quittera plus et passe du statut d’étudiante à celui d’étudiante. assistant au laboratoire de Léger.
Vue de l’exposition « Nadia Léger, une femme d’avant-garde » au Musée Maillol en 2024 © Anthony Dehez
Hartung et De Staël pour les étudiants
Présenté dans une grande salle le long du parcours de l’exposition, le laboratoire accueille de nombreux étudiants qui deviendront des artistes reconnus, de Hans Hartung à Nicolas de Staël en passant par Aurélie Nemours et Sam Francis. Durant l’Occupation et l’exil de Léger aux Etats-Unis, Nadia continue vaillamment de diriger l’atelier installé à Montrouge, tout en rejoignant la Résistance. En 1948, elle obtient la tant convoitée nationalité soviétique, divorce de son premier mari en 1952 et épouse Fernand Léger la même année.
Vue de l’exposition « Nadia Léger, une femme d’avant-garde » au Musée Maillol en 2024 © Anthony Dehez
Une œuvre injustement occultée
Après son décès deux ans plus tard, Nadia consacre ses énergies à la promotion de son œuvre, l’inauguration du musée Fernand Léger à Biot, Alpes-Maritimes, en 1960, témoignant de son implication et de sa générosité. En 1957, elle épouse pour la troisième fois l’artiste Georges Bauquier et continue à produire des œuvres soudain résolument néo-suprémacistes, abandonnant définitivement la figuration.
Vue de l’exposition « Nadia Léger, une femme d’avant-garde » au Musée Maillol en 2024 © Anthony Dehez
Réalisée avec la précieuse collaboration des descendants de l’artiste, l’exposition met en lumière tout le développement d’une œuvre injustement négligée. Richement, il la présente également par rapport à ses maîtres et contemporains, plaçant intelligemment l’œuvre dans son contexte et en dialogue avec ceux que Nadia rencontre au quotidien. Une réhabilitation pleinement justifiée.
Vue de l’exposition « Nadia Léger, une femme d’avant-garde » au Musée Maillol en 2024 © Anthony Dehez
« Nadia Léger, une femme avant-gardiste »
Museo Maillol, 59-61 rue de Grenelle, 75007, Parigi
Jusqu’au 23 mars
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