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Cachée depuis un siècle, la correspondance érotique entre Gustave Courbet et une parisienne sensuelle refait surface

Auteur en 1866 de L’origine du mondeGustave Courbet voit ses échanges épistolaires révélés à Besançon. Le peintre correspond de novembre 1872 à avril 1873 avec Mathilde Carly de Svazzema, une dame de la haute société parisienne.

Solitude, tourments politiques et fantasmes intimes : une centaine de lettres érotiques échangées entre le peintre Gustave Courbet et un sulfureux Parisien surgissent des limbes de Besançon, découvertes dans le grenier d’une bibliothèque.

Gustave Courbet (1819-1877) jouissait déjà d’une renommée sulfureuse pour avoir été l’auteur en 1866 de L’origine du mondepeinture réaliste d’un organe génital féminin exposée au musée d’Orsay. Mais ses lettres ne doivent pas non plus être mises entre toutes les mains.

“Il y a environ 40 ou 50 ans, une personne a remis au conservateur d’une bibliothèque publique des lettres brutes ornées de dessins, écrites à une dame par un personnage célèbre du XIXe siècle”. Le 15 novembre 2023, le regard d’Agnès Barthelet tombe par hasard sur ces quelques mots, déposés sur une feuille à en-tête de l’Assemblée nationale au-dessus d’une pile de lettres manuscrites anciennes, dans le grenier poussiéreux de la Bibliothèque d’étude et de conservation de l’Assemblée nationale de Besançon.

« Ce magnifique tas a piqué ma curiosité »se souvient le bibliothécaire avec émotion. « Quand on a commencé à fouiller dans la pile, on s’est dit : ‘Hé, il y a un certain Gustave’, puis on a vu une enveloppe adressée à M. Gustave Courbet… Bon, chacun a réagi différemment. Je pense que j’étais un peu paralysé, je ne m’y attendais pas”confie le commissaire des lieux, Pierre-Emmanuel Guilleray.

Leur découverte : une correspondance complète échangée de novembre 1872 à avril 1873 entre Courbet et Mathilde Carly de Svazzema, une dame de la haute société parisienne, malheureuse et abandonnée par son mari. Vingt-cinq sont entre les mains de Gustave, 91 de Mathilde.

“Secrète”

« Chère pute (…), tu sais que je donnerais je ne sais quoi en ce moment pour te sucer le cul…, mordre tes cheveux dorés, ta motte et dévorer tes gros tétons pointus »écrit Courbet, avant un passage encore plus torride. Mathilde ne fait pas exception. “J’aurai mon cœur prêt à recevoir les sensations que vous souhaitez que je ressente”il répond.

A cette époque, le peintre était à Ornans, sa ville natale située à 15 km de Besançon, et elle était à Paris. Ces lettres furent probablement confiées à la bibliothèque vers 1905 par les héritiers du docteur Blondon, exécuteur testamentaire de Courbet, qui ne se maria jamais et dont le fils unique mourut jeune.

L’ordre avait été donné de ne pas les rendre publics en raison de leur caractère sulfureux. Le secret est passé de conservateur en conservateur, jusqu’à être oublié. « Ce sont les seules lettres connues et citées de Courbet à contenu érotique »souligne Henry Ferreira-Lopez, directeur des bibliothèques municipales de Besançon. Lisons là « beaucoup de sensibilité et (sa) conception très moderne des relations entre hommes et femmes »selon lui.

Pour la maire de Besançon, Anne Vignot, plus d’un siècle après la rédaction des lettres, le temps du secret est révolu. « Ces lettres ont disparu depuis 135 ans. Il nous était impossible de garder secrète une telle découverte.ce qui amène “un regard intime et passionnant sur la psychologie de Courbet dans cette période compliquée de sa vie”.

Un homme désillusionné

Le peintre était à cette époque un homme désillusionné. A peine libéré après avoir été emprisonné pour son rôle lors de la Commune de Paris, il est menacé de devoir restaurer à ses frais la colonne Vendôme. Il se sent vieux, malade, sans avenir, même si son succès public continue. Sa rencontre épistolaire avec Mathilde lui permet d’entrevoir une possible renaissance et par la même occasion d’exprimer ses doutes, ses espoirs et sa conception d’une vie sentimentale et sexuelle épanouie.

Mais après cinq mois d’échanges torrides, se sentant malmené par sa moitié, le champion du réalisme va mettre un terme à la relation. Les amoureux ne se rencontreront jamais physiquement. De peur d’être à nouveau emprisonné, Courbet quitte définitivement la Franche-Comté pour la Suisse en juillet 1873.

La municipalité organise l’exposition du 21 mars au 21 septembre 2025, à la Bibliothèque Municipale de Besançon Courbet, les lettres cachées. Histoire d’un trésor trouvé.

 
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