Rediffusé jusqu’au 23 décembre sur France TV, Ma sœur pour toujours souligne Claire, une trentenaire trisomique, passionnée de théâtre. Réalisé par Florian Richaud, son frère marié, ce délicat documentaire raconte les amours passionnées, les doutes et les rêves d’une jeune femme qui aspire à plus d’autonomie.
Faire-face.fr : Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser ce film sur votre sœur ?
Florian Richaud: Claire est ma sœur mariée, je la connais depuis qu’elle a huit ans. Mon premier souvenir est celui d’une petite fille dotée d’une grande capacité à développer son imaginaire. La première fois, je n’ai pas vu du tout son syndrome de Down. Dans ce film, j’ai essayé d’être fidèle à ce premier regard.
Puisque le lien qui nous unit c’est le théâtre, j’ai choisi, comme point de départ, de filmer sa performance. Mais à un moment donné, il cesse toute activité artistique. Le stage en Corse au sein de l’association Aria, fondée par Robin Renucci, auquel il a décidé de participer m’a donné un bon prétexte pour me lancer.
Au rythme de Claire
Fff.fr : Lorsque vous lui avez parlé de votre projet de documentaire, quelle a été la réaction de Claire ?
FR : Elle a dit oui sans hésitation ! Elle aime la lumière. En fait, c’est elle qui a donné le ton. Lorsqu’elle était fatiguée ou qu’elle n’en avait pas envie, elle le disait. Le tournage s’est déroulé sur quatre ans avec une ou deux rencontres annuelles.
Là où les choses se sont compliquées, c’est lorsque je lui ai montré les premières images. Il a très mal réagi à son image. Il voulait tout arrêter. Je ne l’ai pas pressée. Et puis il y a réfléchi et a accepté de continuer.
La réalité de la vie en institution
Fff.fr : Vous montrez une jeune femme pour qui l’amour a une grande importance. L’amour avec ses grandes joies, mais aussi ses déceptions…
FR : Se marier est l’un de ses rêves. C’est donc tout naturellement que j’ai filmé son « Mariannailles » avec un petit garçon qui vivait dans la même maison que lui, une cérémonie familiale symbolique. Sauf que quelques jours plus tard, Claire s’est rendu compte qu’elle avait peut-être fait un “connerie”comme il le confie devant la caméra. Je voulais lui montrer ses doutes, mais aussi son côté radical qui l’amène à rompre avec cet amant. Il ne vit pas seulement dans un conte de fées. C’est aussi très ancré dans la réalité et parfois difficile à vivre.
Ff.fr : Vous souhaitiez aussi montrer le quotidien d’une jeune femme trisomique qui aspire à plus de liberté…
FR : Oui, il fait tout pour gagner le plus d’indépendance possible et s’évader un peu de la maison où il vit avec d’autres personnes handicapées. C’est ce que lui proposent ces quelques nuits en appartement thérapeutique. Je voulais montrer la réalité de vivre dans une institution, de vivre avec des gens qu’on n’a pas choisis.
Sensualité, envies, joie d’être sur scène
Ff.fr : Avec le recul, comment voyez-vous votre film ?
FR : Je l’ai vraiment découvert une fois terminé. Ce n’est pas du tout le film que j’imaginais faire au départ. Et le handicap n’est pas le thème central. J’ai voulu montrer la femme qu’est Claire, avec sa sensualité, ses envies, sa générosité, sa capacité à nous entraîner dans son univers, sa joie d’être sur scène. Mais aussi ses moments de doute, ses interrogations. Bien loin des étiquettes qu’on attribue facilement à ces personnes que l’on dit différentes.
Ma sœur pour toujours. À revoir en rediffusion jusqu’au 13 décembre sur la plateforme France TV.
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