Ironiquement, Charles III est de retour là où il a commencé, là où tout a commencé. En raison des travaux qui vont bientôt débuter au premier étage du palais de Buckingham, le Roi a fait déplacer son bureau, ainsi que le salon dans lequel il prend le thé tous les jours à 17 heures, de l’aile nord du palais vers le Palais Belge. Suite, ou suite belge. Or, c’est précisément dans ces appartements, situés au rez-de-chaussée de l’aile ouest, face aux jardins, que le 14 novembre 1948 la princesse Elizabeth lui donna naissance – plus précisément dans la salle Orléans.
« Il est extrêmement conscient du poids de l’Histoire, et la décision de réinvestir la Salle d’Orléans n’aura pas été prise sans un demi-sourire », concède un proche du souverain à la journaliste Roya Nikkhah, rédactrice en chef royale du le Fois. “Le roi appréciera de boucler la boucle en exerçant son devoir royal dans la pièce où il est né.”
Dernière visite d’État avant 2027
Le déménagement du bureau depuis lequel Charles gère les affaires quotidiennes n’est pas la seule conséquence de la dernière phase de travaux dans la résidence officielle des souverains britanniques. Dans quelques semaines, plusieurs salons d’apparat et appartements privés habituellement réservés à la famille royale et à ses invités seront encombrés d’échafaudages, d’outils et d’artisans. En d’autres termes, il est impossible d’y organiser des réceptions ou de planifier une visite d’État.
Celle de l’émir du Qatar Tamim Ben Hamad Al-Thani, prévue les 3 et 4 décembre, sera donc la dernière à se dérouler sous l’or de Buckingham Palace au moins jusqu’en 2027, si les délais sont respectés. En attendant l’achèvement des travaux, les chefs d’État en visite au Royaume-Uni seront désormais reçus au château de Windsor, fief familial historique du Berkshire. La plupart des grandes réceptions royales auront lieu au Palais St James.
Dix ans de travail, une entreprise pharaonique
Installation électrique vétuste, sols en mauvais état, infiltrations fragilisant les murs et canalisations d’un autre âge… Lorsqu’une campagne de rénovation titanesque démarre en 2017, les risques d’incendie ou d’inondation menacent quotidiennement. Il s’agit ni plus ni moins de sauver ce monument national de 775 pièces, 30 000 mètres carrés de surface au sol pour 760 fenêtres et 6 500 prises électriques.
Le budget est à la hauteur : pharaonique. Entre 2017 et 2027, pas moins de 369 millions de livres sterling – soit environ 442 millions d’euros – doivent être dépensés pour rénover et sécuriser le siège de la monarchie britannique, devenu haut lieu du tourisme mondial. Les derniers grands travaux dataient de la Seconde Guerre mondiale, pour reconstruire un palais endommagé par les bombardements.
Après 2027, quel avenir pour Buckingham ?
Une fois entièrement rénové, le palais redeviendra-t-il la résidence officielle des souverains britanniques ? Le roi Charles et la reine Camilla s’y installeront-ils définitivement une fois le projet achevé fin 2027 ? Rien n’est moins sûr. LE Fois souligne que si le souverain a tenu à payer lui-même la facture de la décoration de ses appartements privés de l’aile nord, “conscient que les fonds publics ne doivent pas financer des touches personnelles”, il ne compte pas tant autant s’y installer définitivement. Et sa femme encore moins…
“C’est vrai, elle n’a aucune envie de vivre à Buckingham”, admet une Source proche de la maison royale au sujet de la reine. Quant à Charles, “Il n’est pas fan du ‘grande maison’comme il l’appelle», ajoute un proche. « Il ne semble pas la considérer comme une option pour sa future résidence, ni comme une maison adaptée au monde moderne ». Tous deux n’auraient pas l’intention de quitter Clarence House, leur résidence londonienne depuis leur mariage. Et la prochaine génération n’est pas loin de les imiter…
Car William et Kate eux-mêmes n’ont pas hésité à quitter le palais de Kensington pour s’installer avec leurs trois enfants dans le plus modeste et plus discret Adelaide Cottage, sur le domaine royal de Windsor. Si Charles et Camilla hésitent à s’installer à Buckingham, William et Kate choisiront-ils un jour d’y vivre avec leurs enfants ? Ou serions-nous à l’aube d’une nouvelle ère pour les Windsor, marquant le déplacement du centre névralgique de l’institution ? Il semblerait en effet que la volonté du roi Charles soit de considérer les palais de moins en moins comme des résidences royales pour son peuple, et de plus en plus comme des monuments patrimoniaux ouverts au public. Un parti pris résolument moderne.
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