L’ouvrage vient de paraître et sera présenté au Festival international du livre de Guyane qui débute le 28 novembre. Dans une longue interview, l’auteur Joël Roy laisse Francky Amete raconter son histoire. Au-delà de la découverte d’un artiste Tembé, l’œuvre montre la vision et les réflexions d’un homme sur sa culture Businenge. Rencontre avec Joël Roy.
Comment est né ce projet ?
Francky Amete cherchait quelqu’un pour écrire son histoire. Petit à petit, nous avons parlé tous les deux. Je n’étais pas intéressé par l’écriture d’une biographie telle qu’elle est. J’ai alors proposé que nous ayons des conversations informelles, parfois sur sa vie, parfois sur d’autres sujets de société. Je n’ai jamais écrit de biographie. C’était un défi et tous les défis me mettent au défi. Au bout d’un moment, je me suis dit « dans quoi t’es-tu embarqué ? » » Mais l’enjeu était important, pour lui comme pour moi. Je ne pouvais pas échouer contre lui. Pour moi, je ne voulais pas produire une écriture médiocre.
Qu’est-ce qui vous a intéressé chez Francky Amete ?
Ce qui est intéressant chez lui, c’est qu’il est résolument contemporain, tout en gardant une conscience de son histoire et de ses traditions. Il reste très attaché à la terre, à ses parents, à son village, à la rivière. Il a une énorme dévotion envers ses parents. Autant de qualités tout à fait respectables qui ne l’empêchent pas de s’intégrer dans le monde moderne. Je le connais depuis longtemps : comme tout le monde en Guyane, je l’avais déjà vu à la télé. J’ai trouvé qu’il transmettait un message qui me paraissait très apaisant avec, comme je l’ai dit, un ancrage dans la vie moderne et la tradition.
Comment avez-vous réalisé ce travail ?
Il y a eu des mois et des mois de conversations enregistrées. Nous avons travaillé huit à dix mois, tantôt chez lui, tantôt chez moi, la plupart du temps dans son laboratoire. Parfois il arrêtait de travailler, parfois il continuait. A chaque fois, j’arrivais avec une série de questions sur un sujet. Petit à petit j’ai appris à mieux le connaître et je n’ai pas hésité à le pousser dans ses derniers retranchements pour ne pas rester qu’en surface.
Francky est très attaché au programme et regrette qu’il soit souvent trompeur voire absent
Au-delà de l’aspect biographique, votre livre nous apprend beaucoup sur la culture d’entreprise et notamment sur…
Francky est très attaché au programme et regrette qu’il soit souvent trompeur, voire absent. Je pense que ce livre peut intéresser sa personnalité ou sa production artistique. Il y a aussi un concept qui est important : aujourd’hui on considère le tembe comme un art. Aujourd’hui, en effet, c’est devenu une pratique artistique mais ce n’est pas un art en soi. Comme l’explique Francky Amete, au début le tembe était un moyen pour les noirs bruns (esclaves échappés de chez eux, ndlr), pour transmettre des messages qui ne peuvent être décodés par les propriétaires. Puis les tembe sont entrés en pratique à mesure qu’ils devenaient plus stables. Les temples pénétraient alors dans les maisons pour décorer des objets du quotidien qui étaient offerts, par exemple, à l’épouse désirée. Pour les femmes cela permettait aussi la transmission de messages indicibles, notamment dans les relations amoureuses. Le Tembe est ensuite devenu au fil du temps une pratique artistique.
En lisant les pages, vous n’avez pas l’impression de lire une interview, mais plutôt d’en apprendre autant sur vous-même que sur lui…
Ce sont des conversations, c’est comme ça que je le voulais. Je pense que c’est ce qui donne vie au livre.
Le Tembe, culture et transmission, Francky Amete raconte son histoire, de Joël Roy aux éditions Mahury
Dédicaces de livres lors du Festival international du livre de Guyane, samedi 30 novembre, à Zéphyr
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