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A Ethnofonik, des musiciens du monde entier partagent leur musique

Nous sommes dans les sous-sols du Théâtre de l’Agora, à Évry (Essonne). Une vingtaine de musiciens venus des quatre coins du monde étaient réunis. Chacun apportait avec lui la musique de sa propre culture pour l’enseigner aux autres, oralement, sans partition. Une mélodie – avec ou sans paroles – qu’ils arrangeront ensemble pour créer une œuvre collective. Ce concept, appelé Ethno, existe aujourd’hui dans une quarantaine de pays.

« « Ethno » a été inventé par les Suédois il y a 35 ans avec l’idée de perpétuer une forme de vie dans la musique traditionnelle, explique Lucile Jauffret, coordinatrice ethno. Dans l’esprit des gens, la musique traditionnelle est souvent quelque chose qui appartient au passé mais en réalité c’est quelque chose d’actuel, qui accompagne la vie quotidienne. Les créateurs ont voulu lutter contre une forme de dérive autour des traditions et du nationalisme en laissant les jeunes s’approprier ces pièces. »

« Nous voulons moderniser le griotisme »

Cumbis, chanteuse et griotte, est arrivée du Sénégal avec une chanson intitulée « Mission ». ” C’est une chanson traditionnelle que l’on utilise dans les champs, les rizières, etc. Pour motiver les gens lorsque le travail devient difficilenous explique le chanteur. Ce que je recherche dans Ethno, c’est le brassage culturel. Et en tant que griots, nous sommes des héritiers, il faut donc avancer. Nous, griots modernes, souhaitons moderniser le griotisme pour laisser un héritage à nos descendants. Nous aussi, nous commencerons à écrire des airs et des chansons, pour que nos petits-enfants puissent continuer le chemin tracé par nos grands-parents. Il y a des choses qui nous ont déjà échappé et que nous ne retrouverons certainement jamais car elles ont été transmises oralement.. »

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«J’essaie d’ouvrir la musique traditionnelle et sa compréhension»

Durant cette résidence, les musiciens apprennent également à devenir formateurs pour encadrer eux-mêmes des camps ethniques. C’est la particularité d’Ethnofonik, qui fête cette année sa 13ème édition. C’est pour cette raison qu’ils sont accompagnés de deux animateurs. ” Mon rôle est celui du coach, explique Myriam, l’une d’elles. C’est aux musiciens de travailler et nous les aidons à faire les arrangements, à apprendre les chants, à diriger, etc. Parce qu’un orchestre fonctionne mieux si les signaux sont clairs. On parle beaucoup de travail d’équipe, de travail avec des groupes interculturels, etc. »

Étudiante allemande, Maya est géorgienne. Il participe à Ethnofonik dans le but d’organiser des camps ethniques dans son pays. Il a choisi d’apporter la polyphonie traditionnelle. ” La musique traditionnelle géorgienne est connue pour ses polyphonies vocales. Et je voulais aussi choisir quelque chose a cappella. C’est donc une chanson en trois parties qui vient du sud de la Géorgie. Le thème principal de cette chanson est l’amour, qui est l’un des thèmes principaux des chansons traditionnelles.explique le musicien. Je trouve très intéressant de montrer une chanson traditionnelle très ancrée en Géorgie. De plus, les gens ne pensent pas beaucoup à l’organiser. Mais en lui donnant la possibilité d’être arrangée ici sur cette scène par mes collègues qui sont d’excellents musiciens, j’essaie d’ouvrir la musique traditionnelle et sa compréhension.

« Ce que je constate chez Ethno, c’est qu’il y a des musiciens qui connaissent très bien leurs traditions et qui viennent partager voire promouvoir leur musique. Mais il y a aussi d’autres musiciens qui, comme moi, connaissent peu la musique de leur pays. Par exemple, je suis belge. Et même si je connaissais quelques chansons, je n’avais pas vraiment conscience de ce qui existait dans mon pays. Chez Ethno, on m’a demandé : « Quelle est ta musique ? Et je me suis demandé : « Qui suis-je ? » « D’où est-ce que je viens?” « Quelle est ma musique, ma culture ? Il y a des gens qui quittent Ethno avec de nombreuses questions et, après avoir fait des recherches, reviennent de chez eux avec de la musique traditionnelle.

“Je n’ai pas grandi dans un environnement où la musique traditionnelle m’entourait”

Cécile, trompettiste, mène ce travail de recherche depuis deux ans. Avec les autres musiciens français elle est venue présenter deux danses traditionnelles : les Bourrées.

Le grand kaléidophone Écoute plus tard

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« Je n’ai pas grandi dans un environnement où la musique traditionnelle m’entourait. J’y suis arrivé grâce à la musique traditionnelle de Serbie et de Macédoine où il existe un vaste répertoire pour la trompette. Et c’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser au répertoire français que je pensais perdu. En vérité, il existe tout un microcosme en qui fait vivre cette musique. Grâce à Ethno, je m’intéresse depuis maintenant deux ans : je fréquente des danses, des ateliers de découverte de la danse et de la musique, etc. C’est très bien pour moi car j’ai grandi en périphérie parisienne, dans ce qu’on appelle une « ville nouvelle ». Il existe de nombreuses identités culturelles – dans la ville où j’ai grandi, il y a plus de 200 nationalités – mais en même temps il n’y a pas de partage culturel très fort et je ressens un peu d’envie envers les gens qui ont une forte identité culturelle avec la musique. , etc. Alors, petit à petit, je récupère aussi cette identité. Je chercherai notamment beaucoup dans la liste de l’ouest de la France d’où est originaire ma famille. C’est drôle parce que j’ai trouvé un recueil assez ancien réalisé dans les années 70, je l’ai chanté à ma grand-mère et elle connaissait cette chanson. »

 
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