Isabelle Boulay offre un joli cadeau au public avec En attendant Noëlun spectacle au répertoire soigneusement choisi qu’elle présentera dans neuf salles au cours des prochaines semaines. Nous l’avons rencontrée lors d’une répétition avec son groupe de musiciens, qu’elle appelle gentiment les frères Boulay.
C’est Halloween, il fait 22 degrés Celsius et les couleurs automnales sont toujours flamboyantes. Mais à l’intérieur du théâtre Hector-Charland de L’Assomption, dans Lanaudière, l’ambiance est toute autre : dans un éclairage bleuté où se dessinent les silhouettes de sapins et d’étoiles, Isabelle Boulay chante Noël, la force de l’espoir, la beauté du partage. , la mélancolie de la distance et le froid de l’hiver.
C’était de voir arriver la fin de sa tournée Des Amériques et de Francequi a duré un peu plus d’un an et demi, qu’Isabelle Boulay a décidé de créer ce spectacle de Noël. Elle a donc demandé à son groupe de musiciens s’ils souhaitaient continuer à jouer avec elle encore un peu, histoire de prolonger le plaisir.
«C’est un cadeau que je me fais», confie-t-elle dans le vestiaire lors d’une pause. Nous sommes bien ensemble, nous avons les mêmes goûts musicaux et nous avons construit quelque chose ensemble. C’est comme si j’étais un chef de chantier et je disais hé, la maison que nous avons construite était amusante, est-ce que tu en fais une autre ? »
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L’image du directeur de la construction ne peut être mieux choisie, car c’est exactement le rôle que joue le chanteur. Forte de trois décennies d’expérience sur scène, elle dirige la répétition avec souplesse et habileté, vérifie si tous les musiciens sont à l’aise avec une séquence précise, discute avec eux de l’ordre des chansons, teste une intro, démontre sa satisfaction. “Nous sommes bien ensemble!” », leur dit-elle.
Bref, c’est elle la capitaine. “Mais je demande des avis !” », tient à souligner l’interprète, qui a aussi souvent travaillé avec des metteurs en scène. “Je l’aime. Mais désormais, c’est comme si le spectacle était déjà écrit. »
Un regard
En attendant Noëlc’est le regard à cette période de l’année d’« Isabelle Boulay de Sainte-Félicité », qui adore les semaines trépidantes de l’Avent, et qui a vécu des Noëls joyeux… et moins joyeux.
C’est ce qui me maintient ici. J’ai passé des Noëls merveilleux avec ma famille, mais aussi des Noëls difficiles. J’ai aussi passé Noël seul, comme quand j’étais dans Starmania à Paris et mon père venait de mourir. En moi, il y a toutes sortes de Noëls.
Isabelle Boulay
Certaines chansons du spectacle seront tirées de son album En attendant Noël sorti en 2019, mais pas seulement : l’interprète est un juke-box ambulant, et elle en a choisi 21 qui ne sont pas forcément des chansons de Noël, mais dont l’esprit évoque celui des Fêtes.
En répétition, on a aussi entendu autant Noël bleu d’Elvis qui Le labrador de Claude Dubois, dont le classique de Noël Quel est l’enfant et Le patineur de Julien Clerc, qu’elle chante en valsant. « Ne sous-estimez jamais l’effet thérapeutique du patinage ! », raconte la chanteuse, pendant que ses musiciens rient.
Pourtant : il faut beaucoup se croire, non, pour interpréter avec autant d’intériorité qu’on l’a entendu ce jour-là L’enfant sur le tambour ? Elle sourit.
«J’ai tous les éléments en moi. Si ce n’est pas moi qui les ai vécus, c’est quelqu’un d’assez proche. Je suis comme une éponge émotionnelle : je sais chanter, mais j’en sais encore plus… devinant les êtres humains. Ou je les aime. »
Service essentiel
Isabelle Boulay a conçu son spectacle comme une sorte de service essentiel, pour répondre à l’air morose et anxiogène de l’époque. « Avant d’être chanteuse, je participe au tissu social. » Au-delà du réconfort qu’elle peut apporter grâce à sa voix chaleureuse et grave, elle espère avant tout offrir un moment éclairant.
Je veux que les gens s’éloignent de la série comme s’il y avait un antidote au malheur. Je pense que c’est ça qu’on recherche en ce moment : du sens, de la fraternité, une main tendue.
Isabelle Boulay
Et de la cohésion, à travers un répertoire qui se détermine presque tout seul. “Le spectacle fait sa propre loi”, explique-t-elle. À tel point qu’elle doit parfois abandonner des pièces auxquelles elle s’est accrochée depuis le début. « La force du nombre est supérieure à un caprice », dit-elle, expliquant que chaque chanson a son propre mot à dire. “Je n’ai rien à voir avec ça!” », dit-elle en riant.
« Les chansons me parlent de quelque chose. Ils me racontent une histoire qui se passera à travers eux. »
Petite question pratique d’une observatrice admirative : les interprète-t-elle tous par cœur ? Elle admet utiliser désormais un prompteur – mais même en répétition, elle le regarde à peine. Et nous ne l’avons vue qu’une seule fois se perdre dans ses paroles.
C’est pour éviter un soudain trou de mémoire qu’elle en utilise un, mais pas question pour elle de le regarder tout le temps. « Je me trouverais moi-même insupportable ! », raconte le chanteur, qui a toujours eu une mémoire phénoménale. « Vous demandez à Dan Bigras, il a lu ses mots dans mes yeux quand il les a oubliés ! »
En fait, le téléprompteur est avant tout un outil qui lui permet d’emmener la chanson là où elle le souhaite. « C’est comme une partition pour musiciens. Cela me permet d’être davantage avec les gens. Pour emmener une chanson quelque part, eh bien, je n’ai pas besoin d’avoir de problème avec le texte. »
Préparation
Il n’aura fallu que deux semaines à Isabelle Boulay et son équipe pour monter ce spectacle, depuis les premières répétitions axées sur les arrangements des chansons, en passant par la commande des décors et l’élaboration des éclairages, jusqu’aux deux journées intensives de répétition au L’Assomption fin octobre. Elle part également en France dans les jours qui suivent, et revient pour la première représentation qui aura lieu vendredi à Sainte-Thérèse. Dimanche, ce sera déjà le tour de Montréal, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
« De nombreux artistes répètent leurs spectacles pendant des mois avant de se retrouver devant une grande salle. Je n’ai jamais fait ça. Je n’ai jamais dépassé la huitième place. » Elle aime vivre dangereusement et se « faire peur », mais il est clair que le capitaine du navire a le contrôle.
C’est un endroit où je ne doute pas de moi, où je ne doute pas, point final. Quand je chante, je deviens la meilleure version de moi-même. Mais ma force vient aussi de l’équipage.
Isabelle Boulay
S’il n’y a que neuf représentations, c’est qu’elle a décidé trop tard et qu’il y avait moins de salles disponibles. Mais ce qui est beau, c’est que ce spectacle intemporel peut être répété au cours des prochaines années si elle le souhaite.
« Cela existera, oui. Nous y parviendrons et il aura sa propre vie. Chaque spectacle est une invention, qui vient je ne sais trop d’où. » Nous essayons une réponse comme celle-là, et nous n’avons pas peur de nous tromper : avec le cœur.
La tournée En attendant Noël débute le 22 novembre à Sainte-Thérèse et se déroulera à Montréal le 24 novembre.
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