Chaque semaine, la chroniqueuse et journaliste Karine Gagnon vous invite à une grande entrevue avec une personnalité marquante de la Capitale-Nationale.
Très tôt, Andréanne Marquis a compris l’importance d’aimer son travail et d’être à l’écoute de son instinct, ce qu’elle fait avec brio en dirigeant à succès ses entreprises Womance, dont le siège social est basé à Québec, et Sans-Façon Cosmétiques.
Écouter son instinct, c’est d’ailleurs le mantra de cette jeune femme de L’Isle-Verte, « côté terre », dans le Bas-Saint-Laurent. « L’entrepreneuriat, oui ça s’apprend, mais il y a quand même une part au fond de soi qui est peut-être innée », affirme ce créateur passionné, toujours à la recherche de nouvelles idées.
Elle donne l’exemple de l’artiste qu’on regarde sur scène en se disant qu’il a ça en lui, et de l’autre qu’on observe en pensant qu’il va devoir travailler dur. « Je pense que je suis fait pour faire ce que je fais, ça marche bien, ça progresse bien. J’apprends à faire des projets, mais au fond, je suis vraiment une fille instinctive. Nous, les femmes, sommes pareilles. Je l’écoute vraiment.
Ensuite, ses parents, également entrepreneurs, ont toujours dit à son frère et à elle que nous devions considérer notre travail comme une partie de notre vie et non comme une tâche. « Arrangez-vous pour faire quelque chose que vous aimez », ont-ils insisté.
De nombreuses expériences
Le chemin pour y arriver a été parsemé, pour Andréanne Marquis, d’expériences aussi variées qu’enrichissantes. C’est ce qui lui a permis de comprendre ce qu’elle voulait réellement. Parce que ce n’était pas si clair au départ, explique-t-elle.
Adolescente, elle travaille chez Botanix, l’entreprise de ses parents, horticulteurs de profession. Elle décide alors d’explorer différents domaines : elle trouve un emploi dans un palais de justice, et fait de la comptabilité dans une entreprise. «J’ai essayé beaucoup de choses», dit-elle.
Puis, elle a vu une offre d’emploi étudiant en politique, au cabinet du ministre libéral Laurent Lessard. Elle n’avait aucune idée de qui il était, ni même de ce que signifiait l’acronyme de son département, Affaires municipales. Mais elle était curieuse.
« Ce que j’ai beaucoup aimé en politique, c’est le fait de changer les choses concrètement, mais aussi le travail acharné. Je n’avais jamais vu des gens travailler aussi dur», raconte celle qui s’intéresse toujours beaucoup à tout ce qui se passe sur la scène politique.
Cette incursion lui a donné envie de retourner aux études, en communication politique à Ottawa. Puis, elle se lance dans une aventure où elle apprend encore beaucoup de choses.
Un vol spectaculaire
A 22 ans, elle auditionne pour participer à Occupation Double en Californie en 2012. Elle est sélectionnée et gagne même avec son petit ami de l’époque. À cet âge-là, constate-t-elle, on n’a pas beaucoup de soucis. «Ils m’ont appelé heureux sans raisonse souvient-elle en riant. Pour moi, il n’y avait que du positif, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui si je n’avais pas fait ça”, estime celle qui rêvait de voyager.
À son retour, après avoir décroché quelques contrats d’hébergement et être devenue copropriétaire d’une entreprise de maillots de bain, elle se posait beaucoup de questions sur son avenir.
Elle décide alors de revenir à ses premières amours : la politique. Pendant un an et demi, elle a été attachée de presse adjointe du ministre de l’Éducation Yves Bolduc.
Elle a ainsi eu la chance de travailler en étroite collaboration avec Yasmine Abdelfadel, aujourd’hui chroniqueuse, une femme rigoureuse et qui a tant travaillé. « Elle m’a donné envie de me lancer en politique », dit-elle.
Puis, l’idée de créer une entreprise a commencé à lui venir à l’esprit. «Les gens m’ont souvent demandé où j’avais acheté mes vêtements et cela m’a inspiré pour Womance», dit-elle.
Au départ, elle vendait ses propres vêtements depuis son appartement à Montréal. L’appel du Québec s’est cependant fait sentir et c’est là que Womance a vraiment pris son envol.
Et c’était tout un vol. Après l’ouverture de quelques pop-up stores, le chiffre d’affaires de l’entreprise a augmenté. Après neuf ans, trois magasins sont en opération, à Québec, Laval et Quartier DIX30. Andréanne Marquis souhaite bientôt doubler ce nombre.
Au total, 56 salariés y travaillent aujourd’hui, dont la moitié à temps plein. Tout est créé au Canada et fabriqué à l’étranger, dans une industrie considérée comme l’une des plus difficiles.
« Nous avons une clientèle très engagée, très récurrente. Nous lançons de nouveaux produits toutes les deux semaines, mais en quantités limitées.
Le plus grand risque
L’entrepreneur a alors l’idée de se lancer dans la fabrication et la vente de cosmétiques québécois, avec Sans-Façon Cosmétiques. Elle a remarqué que ses amis n’achetaient pas de produits fabriqués au Québec et qu’il manquait de nouveautés depuis Lise Watier.
« Naïvement, je me suis dit, je vais le faire. J’ai compris pourquoi rien ne s’était passé. C’est très cher, et c’est Womance qui l’a payé, car une institution financière ne se serait jamais impliquée dans cela.»
Là encore, Andréanne Marquis a connu un franc succès. Ses produits pour la peau, les cheveux et le maquillage « vegan, sans gluten et sans paraben » sont disponibles dans les grandes pharmacies.
« Nous sommes super fiers. Il y a eu une grosse tempête, et je ne pense pas y revenir aujourd’hui. Mais c’est de loin le meilleur risque que j’ai pris.
À ne pas manquer, mercredi soir à 20h30 sur MAtv (canal 9 (Hélix et illico), 609HD (illico)), l’émission Le carnet de Karine about Andréanne Marquis.
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