Kamel Daoud a-t-il reproduit oui ou non dans son roman « Houris » l’histoire vraie d’une Algérienne qui a survécu à la décennie du terrorisme en Algérie ? En tout cas, la polémique ne s’éteint pas.
Alors que l’intéressé garde le silence, la célèbre maison d’édition française Gallimard a réagi ce lundi 18 novembre à la polémique autour du roman de l’écrivain algérien Kamel Daoud, « Houris », lauréat du prix Goncourt 2024. L’éditeur dénonce des « campagnes diffamatoires » contre le romancier franco-algérien.
Kamel Daoud, écrivain algérien naturalisé français depuis 2020, a remporté le 4 novembre le prestigieux prix Goncourt pour son dernier roman, Houris, racontant un drame remontant à la décennie du terrorisme en Algérie, dans les années 1990. L’intrigue du roman est censée être une fiction.
Le 15 novembre, une émission de la chaîne algérienne One TV fait l’effet d’une bombe. Une femme est venue témoigner que Kamel Daoud a raconté son histoire dans son roman, ce qui est vrai, sans son consentement.
Aube, le personnage central de Houris, supposément fictif, s’appelle en fait Saada Arbane, selon ce témoignage. Elle a survécu à une tentative d’égorgement perpétrée par un groupe terroriste dans les années 1990, dans la région de Tiaret.
Devant la caméra, elle a accusé Daoud d’avoir révélé son histoire personnelle alors qu’elle lui avait expressément demandé de ne pas le faire. Selon elle, en 2015, elle aurait raconté son histoire à l’épouse de Kamel Daoud, psychiatre.
Kamel Daoud défendu par son éditeur Gallimard
“Oui Houris s’inspire des événements tragiques survenus en Algérie pendant la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictifs », s’est défendu Antoine Gallimard, éditeur de Kamel Daoud, dans un communiqué diffusé ce lundi 18 novembre.
Tout en défendant son écrivain, la directrice de la maison d’édition française ne répond pas dans le détail aux accusations de Saada Arbane, mais elle accuse le pouvoir algérien d’être à l’origine des accusations portées contre le lauréat du prix Goncourt 2024.
« Depuis la parution de son roman, Kamel Daoud fait l’objet de violentes campagnes de diffamation orchestrées par certains médias proches d’un régime dont personne n’ignore la nature », poursuit le directeur de la maison d’édition.
Gallimard accuse les médias proches du régime
« Après l’interdiction du livre et de notre maison d’édition au salon du livre d’Alger, c’est au tour de sa femme, qui n’a en aucune façon fourni la Source de l’écriture de Hourisêtre affecté dans son intégrité professionnelle », ajoute Gallimard.
Selon Saada Arbane, l’acte qui a failli lui coûter la vie et qui lui a laissé de graves séquelles s’est produit lorsque sa famille a été décimée par un groupe armé dans un petit village de Tiaret. Elle avait six ans. Et c’est déjà l’intrigue du roman.
Elle a assuré avoir reconnu son cas personnel dans le roman à travers plusieurs détails (la cicatrice, le tube respiratoire attaché à son cou, les tatouages, l’avortement, le salon de coiffure, etc.).
Selon elle, les époux Daoud ont insisté pour que son histoire tragique fasse l’objet d’un roman, mais elle a catégoriquement refusé.
L’écrivain originaire de Mostaganem n’a pas encore réagi à ces accusations. Tout comme l’Académie Goncourt.
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