L’esthétique du kitsch
Déjà en 1991, le romancier espagnol Enrique Vila-Matas, inspiré par la vie tragique de ce « génie des lettres mexicaines », en faisait l’un des protagonistes de son livre. Des suicides exemplaires. Très récemment, les éditions andalouses Firmamento ont publié une nouvelle édition de Épigrammescomplété par deux brillants essais que nous espérons voir prochainement traduits en français. Le premier, publié en 1916, Essai sur une esthétique du ringard (« essai sur une esthétique du kitsch »), est une réflexion profonde sur le concept de beauté ; le second, publié en 1919, Dialogue contre le succès littéraire (« dialogue contre le succès littéraire »), est un argument subtil et drôle dans lequel on retrouve cette flèche à l’ironie très Swiftienne : « L’écrivain trop vanté est souvent mal interprété. »
La vie des dieux
Souvent comparé, pour son pessimisme et sa verve caustique, à Oscar Wilde, Nietzsche ou encore Schopenhauer, cet esprit original resté à l’écart de toutes les tentations des différentes avant-gardes et modes littéraires, reste inclassable et d’une modernité absolue et a désormais toute sa place. parmi les classiques du 20ème siècle. Ces épigrammes sont souvent le reflet d’un être et d’une époque : « On lui interdisait une vocation à une époque où nous les avions toutes. Nous lui avons demandé une vocation à une époque où nous n’en avions pas.
Et son épitaphe se lit comme un manifeste artistique : « Étranger, je n’avais pas de nom glorieux. Mes ancêtres n’ont pas combattu à Troie. […] Ma voix n’a pas résonné dans l’assemblée chargée de décider du destin de la république, ni dans le colloques pour créer des mondes nouveaux et subtils. Mes actions ont été obscures et mes paroles insignifiantes. Imitez-moi, fuyez Mnémosyne, ennemie des hommes, et pendant que la feuille tombe, vous vivrez la vie des dieux.
Narratif. Carlos Díaz Dufoo, Épigrammestraduit de l’espagnol par Antonio Werli, Allia, 128 pages.
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