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« Commémorer la fin des dictatures a une signification politique forte en 2024 »

« Espagne-Portugal», tel est le thème de la 34èmee Festival du film historique de Pessac, une soixantaine de films et débats du 19 au 24 novembre au cinéma Jean-Eustache. A cela s’ajoutent trois compétitions et plusieurs projections spéciales, dont 34 documentaires ou films de fiction. Une programmation intense détaillée par François Aymé, commissaire général du festival.

Le choix de l’Espagne et du Portugal était-il une évidence alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire de la Révolution des œillets et que nous nous préparons à célébrer la mort de Franco ?

En effet, cette double commémoration revêt une portée politique forte dans un contexte où la Hongrie, l’Italie et désormais les États-Unis ont évolué vers des gouvernements très autoritaires. Il semblait agréable de se rappeler qu’il y a cinquante ans, au Portugal et en Espagne, nous allions dans la direction opposée.

Et puis, parler de ces deux pays permet d’évoquer les grandes découvertes d’Afrique et d’Amérique du Sud, l’instauration de l’esclavage et, avant même cela, d’Al-Andalus, cette péninsule ibérique sous domination musulmane. Nous avons une grande proximité géographique, économique et émotionnelle avec ces deux pays, mais nous savons peu de choses sur leur histoire et leurs cinémas.

Concrètement, les cinémas espagnols et portugais sont beaucoup moins connus que les cinémas italiens ou américains. Cela ne vous a-t-il pas posé des problèmes lors du développement de la programmation ?

Oui, surtout parce que dans ces cinémas il y a beaucoup moins de grands classiques, parce qu’ils sont restés sous-développés jusque dans les années 1960, faute de moyens économiques, et parce qu’ils ont longtemps été soumis à la censure, ce qui rend difficile la recherche de films historiques. . .

Notre sélection s’appuie avant tout sur des thématiques : les premières colonisations, Al-Andalus, la guerre civile espagnole, la révolution des œillets… Ou, plus récemment, la crise économique de 2008, le féminisme, le souvenir encore douloureux du franquisme. Quatre-vingt-cinq ans après la fin de la guerre civile espagnole, les corps des victimes sont toujours retrouvés. C’est de cela que parle « Le Silence des autres » qui sera projeté jeudi 21 novembre. A terme, cette sélection nous permettra de voir des films qu’on ne voit pas ailleurs : ni en salles, ni à la télévision, ni sur les plateformes.

“Cette sélection va nous permettre de voir des films qu’on ne voit pas ailleurs : ni en salles, ni à la télévision, ni sur les plateformes”

Maria de Medeiros présentera son film « Capitaines d’Avril » et participera à un important débat oral sur Sciences Po/« Sud Ouest » le jeudi 21 novembre en plus de présider le jury étudiant. Est-ce pour vous la personnalité la plus représentative du cinéma portugais en 2024 ?

C’est une personnalité incroyable. « Capitaines d’Avril » fait référence à la Révolution des Oeillets et à l’ambiance très joyeuse qui l’a accompagnée. Il le présentera aussi bien en séance publique qu’en séance scolaire. Et en tant qu’actrice, sa filmographie est riche (notamment « Pulp Fiction » de Quentin Tarantino ou « Pasolini » d’Abel Ferrara, ndlr).

Mais parmi les personnalités du cinéma portugais, nous accueillons également Paulo Branco, dont la carrière de producteur a été très longue dans les années 90 et 2000. Nous projetons quatre films produits par lui, dont « Mystères de Lisbonne » et « Les Lignes de Wellington ».

Diaspora, surtourisme, figure de Goya : nombre des débats que vous proposez ont une forte résonance en Gironde…

…Et dans toute la Nouvelle-Aquitaine. Les communautés espagnoles et portugaises sont très présentes dans la région. Le sociologue Manuel Dias évoquera notamment la dimension symbolique et émotionnelle liée aux gares immigrées d’Hendaye et de Bordeaux, lors d’un débat prévu samedi 23 novembre.


« Je suis toujours là », de Walter Salles : la disparition d’un député pendant la dictature au Brésil, racontée du point de vue de son épouse.

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« Salut Carmela ! » », « Olympe, une femme dans la Révolution », « Sarah Bernhardt, la divine » : les films sur les destins des femmes semblent se multiplier à Pessac…

C’est un effet du mouvement #MeToo. La production de films sous forme de portraits de femmes est aujourd’hui importante. Enfin! Il est cependant incroyable qu’Olympe de Gouges n’ait jusqu’à présent inspiré aucun film de fiction, alors qu’elle est une personnalité importante de l’histoire du féminisme. Même chose pour Sarah Bernhardt, qui fait partie des grands noms du théâtre français.

Sur ce type de sujet on peut aussi citer « I’m Still Here », un film sur la disparition d’un député brésilien après son arrestation par la police militaire en 1971, et qui le fait du point de vue de son mariage. Elle vit une épreuve sans fin sans savoir si son mari est mort ou non, et s’il est mort, où se trouve son corps. Une disparition est pire qu’une exécution : les proches ne peuvent pas pleurer.

Programmation détaillée sur cinéma-histoire-pessac.com

 
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