l’essentiel
Une discographie rock raffinée et impeccable caractérise la production et la carrière du groupe britannique Tindersticks. Sa nouvelle œuvre « Soft Tissue » et le concert de samedi à la Halle aux Grains pour célébrer les 10 ans de Metronum offrent un parfait alibi pour discuter avec le chanteur Stuart A. Staple.
La Dépêche du Midi : Vous qui vivez en France, quelle relation entretenez-vous avec notre pays ?
Stuart A. Staple : Je me sens vraiment chez moi en Europe continentale, loin du Royaume-Uni, et je pense que c’est le sentiment qui anime tout le groupe. David vit en République tchèque, Neil vit en Belgique et Earl vit à Berlin. Je pense qu’il est encore plus important pour nous de vivre sur le continent après ce qui s’est passé récemment.
Le Brexit en particulier ?
Quand nous sommes arrivés sur le continent, ce n’était pas lié au Brexit, mais à un sentiment d’appartenance européenne. C’est quelque chose qui s’est presque imposé à nous parce que nous nous sentions vraiment européens. L’approche politique s’est renforcée au fil du temps, mais elle n’a pas été aussi forte une fois que nous nous sommes stabilisés. Les portes s’étaient ouvertes, l’Eurostar facilitait les déplacements et aller de Londres à Paris, c’était comme aller de Londres à Manchester.
Lorsque vous vous retrouvez, le plaisir est-il décuplé ?
Je pense souvent que lorsque le groupe a débuté, qu’on a enregistré notre premier album et qu’on avait notre propre espace de répétition à Londres, on avait pris l’habitude de se retrouver là-bas et parfois on ne faisait rien ! (rires) Nous fumions et buvions souvent du café, mais comme nous vivions dans des endroits différents, nous devions faire un effort pour être ensemble. Et chaque fois que nous nous réunissons, il se passe toujours quelque chose de sorcier, donc c’est vraiment sympa. Bien sûr, ce serait bien de passer plus de temps ensemble pour se sentir plus à l’aise, mais lorsque nous nous réunissons, nous passons de bons moments.
Et lorsque vous vous retrouvez en tournée, comment vivez-vous les moments partagés ?
Quand on est en tournée il y a encore une certaine pression alors que quand on enregistre un album, comme le dernier, « Soft Tissue », on vit tous ensemble en studio pendant quelques semaines, on cuisine, on échange, on partage, on sortir et jouer de la musique. C’est un moment suspendu, je pense. Si vous n’y prenez pas garde, vous risquez d’être submergé par la monotonie du parcours alors qu’il faudra conserver une certaine fraîcheur au sein du groupe. Lorsque vous écrivez, enregistrez, arrangez des chansons, c’est comme si un processus abstrait se produisait. Si vous ne vous déplacez pas pour présenter ce travail aux gens, vous pouvez le réduire à le faire pour vous-même. Et je pense que la seule vraie réalité, le seul intérêt est de faire de la musique pour les gens, de la partager avec eux pour créer un sentiment commun dans une pièce. Cela a du sens pour moi. Lorsque vous entrez en contact avec les gens, tout change.
Le confinement a-t-il renforcé votre démarche ?
Je pense que ce qui me motive personnellement, c’est de créer des chansons, de les enregistrer, de passer du temps en studio, mais je n’avais pas réalisé la perte physique que représente le fait de chanter pour les gens. Et j’ai effectivement compris son importance.
Comme l’écriture que vous pratiquez régulièrement…
Oui, mais si chaque jour je m’assois et me dis que je vais écrire une chanson, c’est toujours une catastrophe ! Je dois juste attendre qu’une chanson arrive et quand elle arrive, je bouge. Parfois, il me faut un certain temps avant d’être à nouveau ouvert à de nouvelles idées, mais si je commençais à écrire tous les jours, je finirais par désespérer ! (rires).
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Écrire une chanson, est-ce magique ?
Oui, il existe une forme de magie, mais elle se produit lorsque nous explorons une idée. Et je ne peux pas dire que je le ressens quand je suis seul. Lorsque des personnes ou un groupe se réunissent, les idées peuvent nourrir le groupe et nous pouvons voir ce qui se passe.
Quelques mots sur le sanctuaire de Buros ?
Ce sont les archives du groupe que nous conservons depuis maintenant dix ans. Ils rassemblent tout ce que nous avons fait de 1992 à 2001, des photographies, des œuvres d’art, de la musique, des concerts… Nous avons souhaité lancer ces archives en ligne plutôt que dans un livre car elles sont modifiables, améliorées, elles sont plus organiques, interactives. Nous avons travaillé les dix premières années, puis nous avons enregistré l’album et nous travaillons pendant les dix années suivantes, il reste encore beaucoup à faire !
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