Étalé sur neuf mois, jusqu’à la naissance de son premier enfant, le 18 septembre 2023 : treize chansons, un album pour un garçon. Des mélodies et des paroles qui ont d’abord voyagé, pourrait-on dire, en elle, en sa compagnie grandissante. L’album qui en résulte s’intitule Mon sang. Sans être sanglant. Ça circule. De génération en génération.
« J’ai commencé à écrire ce disque dès que j’ai porté la vie », résume-t-elle à l’écran, lors de notre courte conversation en visioconférence. « Et je me suis donné ce défi de créer un disque durant les neuf mois qui ont suivi. Mais que peut-on dire d’important, qu’est-ce qui est essentiel ? A cet enfant en devenir, très vite, j’ai eu envie de me présenter, de dire qui j’étais et d’où je venais. Écrire Mon sang. Écrire Ma mère. Décrivez des déceptions amicales, des cœurs brisés, mais aussi un amour heureux. Je voulais lui parler de mes débuts dans la Musique. Je me suis rendu compte, en effet, que j’abordais beaucoup de sujets, que je fouillais dans le grenier et que je trouvais plein de choses. »
Cet album est une merveille. L’enfant aussi, se dit-on un an plus tard. Les deux, en quelque sorte, nous emmènent dans le mouvement, nous entraînent tous autant que nous sommes, saisis, émus, nous qui embrassons en Clara Luciani la mère son geste, dans toute la grandeur de la grande demoiselle de 32 ans. vieux.
De la grandeur à la splendeur
Grandeur, oh oui. Splendeur, même. Ces chansons nées guitare-voix auraient pu en rester là, auraient été belles et complètes ainsi, ne demandaient rien de plus a priori, mais il arrivait qu’elles se déroulaient, qu’elles se remplissaient, s’infusaient, jusqu’à justifier des arrangements d’un grand succès populaire. orchestre comme on le faisait à la fin des années 1960, avec des tornades de cordes crescendo, des chœurs, de véritables partitions musicales pour chansons de cinéma. Dès les premières mesures de ce disque, on a l’impression d’être sur une grande scène avec un Paul Mauriat ou un Raymond Lefèvre. Nous pensons à Désormais d’Aznavour, Voilà de Françoise Hardy, Musique de Nicoletta, même auÂme câline le Polnareff.
« L’écriture de cet album a été un voyage. Rien n’était conscient, tout se créait petit à petit. Et je devenais plus rond petit à petit. Mine de rien, c’est devenu une double gestation. » C’était d’abord microscopique, puis minuscule comme de la poussière et c’est devenu gros. La musique a grandi. Un parti pris orchestral, sans vraiment le vouloir, et le vouloir de plus en plus. « Les arrangements sont venus tout naturellement. Ce qui m’a le plus inspiré, ce sont mes premières amours musicales, on peut entendre ce que j’aime chez les Beatles, ces orchestrations où il se passait plein de choses. »
Une famille sur le toit du bus
Cet art du sentiment poignant. Le chœur de Tout pour moile deuxième titre géant, est de cette ampleur. Parfois, par exemple dans Dommage, ça jaillit, une pop irrépressible comme McCartney au plus pétillant de la période des Wings. Le Paul qui a construit sa famille dans les années 1970, avec des enfants nés entre chansons et tournées, qui ont littéralement grandi sur le toit d’un bus à impériale. ” Oui ! Le bus magique Wings ! C’est vraiment un métier qui m’a inspiré. Sa vie familiale et sa vie professionnelle sont toujours liées. L’une des premières choses qu’il a faites lorsqu’il a gagné de l’argent avec les Beatles, McCartney, a été de donner un cheval à son père. Et après, dans Qu’il en soit ainsic’est l’image de sa mère qui lui vient”,mère Marie”. »
« Sur mon album, poursuit-elle, à nouveau inspirée, je voulais écrire une chanson sur un chagrin d’amitié, car il n’y en a pas beaucoup. Et quand j’ai commencé à réfléchir à ce thème, je me suis retrouvé à écouter une chanson super rare intitulée Cher amique McCartney avait écrit à Lennon. Paul McCartney a toujours été très présent dans ma vie, notamment parce que mon père m’a fait découvrir les Beatles très tôt. Mon père, qui est lui-même bassiste. Tout s’emboîte et tout se répond. » Citons cette image dans Courage : « Je porte ma maison / Sur mon dos / Mes chansons, mon enfant sur mon dos »…
Chez Clara Luciani, tout se révèle double. Création de chansons et relations humaines vont toujours de pair. Cela est vrai même en ce qui concerne les rimes. Elle a, fermement dans son cœur, cette efficacité à maintenir l’équilibre entre chansons pop et thèmes parfois difficiles. « Je pense que ça a toujours été mon grand défi, conserver cette légèreté de la pop tout en ayant des sujets tantôt sérieux, tantôt politiques. C’est le cas de Aux grenadesc’est le cas de Coeurqui est une chanson sur le fémicide tout en étant aussi une chanson disco. Je n’ai jamais voulu choisir entre le vif et le sérieux. Peut-être encore moins sur ce disque. »
Détecter Clara sous Luciani
“C’est peut-être ce que je suis dans la vie.” Tout le temps je souris et je ris, et pourtant, dès que je m’assois avec un ami pour parler, il y a de la gravité. Au final, je pense que c’est le même décalage dans les chansons. Ils me ressemblent beaucoup. Oui, je suis gaie, mais quand on me connaît, quand on m’écoute vraiment et m’écoute parler, je pense qu’on détecte quelque chose qui n’est pas vraiment évident. » Clara la joie, Clara la scène. Et Clara aux anges : l’album se termine dans un pur bonheur avec Rufus Wainwright.
«C’est arrivé par miracle. Je ne m’y attendais plus. J’avais envoyé beaucoup de messages à Rufus, qu’il n’avait jamais vus, jamais lus. C’est Woodkid qui nous a finalement mis en contact. J’ai envoyé la chanson. Rufus a très gentiment accepté. Il devait aller à Paris pour ses opéras, et nous avons réussi à nous rencontrer comme ça, un après-midi en studio. J’ai eu sa voix dans ma tête pendant des mois, et de la voir soudain prendre forme et exister vraiment était super émouvant pour moi. »
Alors voilà : encore un gars avec une vie de famille très liée à sa vie musicale. Il n’y a pas de hasard. Né Wainwright et McGarrigle, entre les disques de chacun, c’est son histoire ! “C’est son sang!” » s’exclame Clara, trop heureuse de la coïncidence pour ne pas l’avoir un peu souhaité.
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