Yves Hänggi sourit en voyant le chemin parcouru depuis ses études de graphisme à Bienne et ce qu’il y a appris. Au fond, explique-t-il, c’est un métier où il s’agit de façonner et d’aligner, de centrer, de calibrer. Aujourd’hui, il aime la possibilité d’être libre, de se laisser guider par le hasard des rencontres, le chaos, la frénésie du geste, les imprévus de l’atelier, les tentatives qui échouent.
Remplir l’image, c’est aussi être généreux
Dans l’exposition de Delémont, on retrouvera ce qui fait l’ADN du dessin de Hänggi, une image où règne une certaine peur du vide ou, à tout le moins, une envie d’impacter chaque millimètre du support. Et, nouveauté, les femmes apparaissent enfin. « Quand je dessine, je n’ai pas l’impression de dessiner spécifiquement des hommes. Eh bien, maintenant que vous en parlez, oui, peut-être que certains personnages sont chauves et d’autres portent des slips. Il y a aussi cette figure récurrente du lutteur mexicain, le luchador portant son masque. C’est un motif que j’aime beaucoup car il appartient à la culture populaire.
Le masque du lutteur mexicain est aussi une seconde peau qui le transforme en super-héros. « Et, le super-héros fait aussi partie de cette culture populaire que j’affectionne particulièrement. D’ailleurs, je me sens proche du peintre français Hervé Di Rosa. D’abord parce qu’il est lui aussi un « figuratif », qu’il a beaucoup voyagé et s’intéresse aux productions esthétiques hors du champ des beaux-arts.
« Ne me demandez pas pourquoi les piques sortent de cette pyramide. Je ne sais pas. Quand je commence un dessin, je ne sais pas à quoi il va aboutir, à quoi ressemblera l’image finale. Le maître mot est spontanéité. En revanche, chaque œuvre exposée est le résultat d’un long travail de travail, fait de premières ébauches, de recherches, d’essais et d’erreurs. Parfois, je m’en contente aussi. ce que j’ai. Un moment, je n’avais plus de couleur rouge alors j’ai utilisé du mercurochrome. Une autre fois, je n’avais plus le papier ménager qui me sert à éponger les déversements. J’ai dû utiliser du papier toilette. Celui-ci, plus fin, s’est effondré et a fini par coller à l’ouvrage. Je l’ai aimé, je l’ai laissé là. Je ne suis pas quelqu’un qui s’assoit. à ma table de travail toujours à la même heure. Je fais ce que je veux et parfois, comme je peux. J’écoute beaucoup de musique électronique, pas de musique d’il y a 15 ans. Quinze ans, c’est vieux. Ce qui est important, c’est ce qui est fait aujourd’hui !
Yves Hänggi – Vertige,
Samia Artho Gallery, Place Roland Béguelin, in Delémont, until 17 November 2024.
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