Daniel Ceppi, l’auteur de la série “Stéphane Clément, chroniques d’un voyageur” est décédé ce lundi 4 novembre à l’âge de 73 ans, ont annoncé mardi les éditions lombardes.
Né le 3 avril 1951 à Carouge, dans le canton de Genève, Daniel Ceppi a dès son plus jeune âge un goût prononcé pour l’art et les voyages. En 1967, à l’âge de 16 ans, il expose un vitrail pendant les vacances de Noël. Intitulée « La Vierge à l’Enfant », la pièce est présentée dans la ville où il est né, et pour laquelle son amour et sa passion sont restés intacts tout au long de sa vie et de sa carrière. Par la suite, Daniel Ceppi fréquente l’École des Beaux-Arts et l’École des Arts Décoratifs de Genève. Il réalise également des dessins techniques pour une entreprise américaine, sans oublier ses rêves.
Un premier album auto-édité
À l’âge de 23 ans, il entreprend un voyage qui marquera à jamais sa vie. Il se rend en Inde en autocar, passant par l’Europe centrale et orientale, la Turquie, l’Iran et l’Afghanistan. Il retourne plusieurs fois dans ce pays où il finit par s’installer de manière plus permanente, ce qui marque profondément sa carrière d’artiste. De ce côté-là aussi, ses rêves se réalisent avec « Le Guêpier », la première aventure d’un personnage qui ne le quittera plus : Stéphane Clément.
A l’origine, cette histoire était un roman, dont le jeune auteur n’était pas pleinement satisfait, au point de la retravailler entièrement pour la transformer en bande dessinée. Les éditeurs contactés à l’époque se montrent très peu réceptifs et Daniel Ceppi décide de tenter l’aventure de l’autoédition. La version bande dessinée du Guêpier est finalement sortie en 1977, aux Éditions sans frontières.
Published in “Métal Hurlant”
Adoptant un style réaliste porté par son trait de plume, ses zones noires et l’utilisation du cadre, l’auteur prête ses traits au personnage principal, qui possède également bien d’autres points communs avec son créateur. A commencer par son goût prononcé pour les voyages, et plus particulièrement en Asie du Sud et Centrale. Ces évasions nourrissent sa doublure papier, qui rejoint Les Humanoïdes Associés et la revue « Métal hurlant » en 1978.
Réinventant le récit d’aventures en bande dessinée, Daniel Ceppi évolue aux frontières de la fiction, du reportage et du carnet de voyage. Son héros n’est pas un surhomme, et encore moins un redresseur de torts. En 1981, la singularité de son point de vue lui fait rejoindre la prestigieuse revue « (À Suivre) », qui participe alors au renouveau de la bande dessinée franco-belge.
14 volumes by Stéphane Clément
C’est à cette époque que la série passe à la couleur. Quatre nouveaux épisodes sortent, tandis que les trois premiers albums sont entièrement repensés. Après une interruption de dix ans, « Stéphane Clément, Chroniques d’un voyageur » revient aux Humanoïdes Associés, avant que les deux derniers volumes, « L’Engrenage turkmène » et « Le Piège ouzbek », paraissent cette fois aux Éditions du Lombard en 2010 et 2012.
Au total, l’auteur suisse produit 14 épisodes de sa série phare. Daniel Ceppi a également réalisé ou participé à une quinzaine d’autres albums de bandes dessinées, notamment “L’Ombre de Jaïpur” (avec le scénariste Juan Martinez, Dargaud, 1981), “Croco & Co” (aux côtés de Vépy, L’Essai, 1986), « Corps diplomatique » (co-écrit avec son épouse Paûle, Les Humanoïdes associés, 1991), ou encore La Nuit des clandestins (avec Pierre Christin, Les Humanoïdes associés, 1992).
En 2006, il rejoint la collection « Troisième Vague » des Éditions du Lombard, lançant comme auteur complet le premier volet du triptyque « CH Confidentiel ». La série suit les pérégrinations de membres de la Brigade d’enquête réservée, sorte de FBI suisse, qui traquent les criminels en col blanc.
Plus tard, en 2017, Daniel Ceppi publie ce qui restera son dernier album, « Lady of Shalott », aux Éditions du Lombard. Dans ce one-shot publié dans la collection « Signé », l’auteur réunit les policiers de « CH Confidentiel » et le protagoniste de « Stéphane Clément, chroniques d’un voyageur », pour une sale affaire dans le monde de l’art, liée à actes commis au début des années 1970. Un livre qui s’apparente aujourd’hui à un testament littéraire.
Tout au long de sa carrière d’auteur de bande dessinée, Daniel Ceppi a reçu plusieurs prix, dont le prix du meilleur scénariste au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, en 1979, pour « À l’est de Karakulak », le deuxième volet des aventures de Stéphane Clément. . Ses récits illustrent l’évolution de la bande dessinée de son époque, qui est passée lentement mais sûrement d’histoires de genre pures à des aventures plus intimistes, fortement ancrées dans le réel, tout en bénéficiant des outils de la fiction.
Lorsqu’il interrompt son travail pour le 9e art – et qu’il ne traîne pas son sac à dos en Ouzbékistan, au Pakistan, aux Philippines ou ailleurs – Daniel Ceppi se consacre également à peindre et illustrer des couvertures pour différents éditeurs. Emporté par la maladie, Daniel Ceppi part pour un dernier voyage.
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