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A Genève, Lang Lang dans son monde de la démesure

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Au détriment des compositeurs

De Fauré à Chopin en passant par Schumann, Lang Lang s’adonne à son exercice favori : livrer son propre univers musical au prisme de sa fantasmagorie. Et jouez sur des postures théâtrales exagérées. Le problème est que ces tics musicaux et physiques se produisent de plus en plus au détriment des compositeurs.

Ce qu’on peut pardonner à un enfant prodige, nourri notamment par la culture du dessin animé, devient encombrant à la quarantaine. L’aspect Disneyland de l’ambiance et de la narration est fatiguant. Les couleurs rose bonbon et bleu pâle des chansons sont poussées aux limites d’un conte romantique pour les tout-petits. L’envolée vertigineuse de la puissance sonore s’appuie sur la noirceur absolue des basses et des attaques numériques guerrières. Un monde binaire peu mûri, sans ouverture à la réflexion stylistique, historique, poétique ou artistique.

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Mécanique de l’hyperbole

L’ensemble du programme est ainsi plongé dans le même débordement de nuances, de mouvements et de touches, le tout noyé dans un immense bain de pédales et un fouillis de notes. On aurait pu s’attendre à des étonnements dans le Pavane op. 50 de Fauré, dont le début romantique pourrait correspondre à l’esprit des Chinois. Mais c’est un mécanisme d’hyperbole qui se met en place dès les premières mesures. Trop de tout, et, malgré des mélodies généreuses et séduisantes, pas assez d’émotion sincère, simple et profonde, de pudeur ou d’élégance.

LE Kreisleriana de Schumann ? Même combat entre courses délirantes vers les abysses, procrastination émotionnelle confinant à la catalepsie et brusquerie dévastatrice. Un tableau scandaleux, plus que clinique, de la folie du compositeur. Quant au 12 Mazurkas choisis par Chopin, considérés plus comme une orchestration lisztienne que comme une exploration de la galaxie pianistique polonaise, ils offrent quelques instants de grâce dans les passages lents et tendres. Mais ils répondent tous, avec un Polonaise op. 44 lancé à la vitesse d’un char d’assaut et entrecoupé de jolies paroles déclamatoires, avec le même besoin de démonstration et d’affirmation de soi. Jusqu’à la caricature.

 
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