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Audrey Diwan évoque “l’enfer” du “Bac Nord”, en pleine séparation avec le réalisateur Cédric Jimenez

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Joël SAGET / AFP Audrey Diwan (ici en septembre 2024 à Paris) regrette les changements apportés au scénario du « Bac Nord » (2020).

Joël SAGET / AFP

Audrey Diwan (ici en septembre 2024 à Paris) regrette les changements apportés au scénario du « Bac Nord » (2020).

CINÉMA – En colère. Quand le film est sorti Bac Nord Audrey Diwan 28 mai 2020 est créditée comme scénariste aux côtés de son ex-conjoint, le réalisateur Cédric Jimenez. Quatre ans plus tard, celui qui est aussi réalisateur ne digère pas le « changement de sens » entre son scénario initial et le résultat du film et raconte les difficultés rencontrées lors de l’écriture, alors qu’elle était en pleine séparation d’avec son partenaire.

Plus d’un mois après la sortie de son deuxième film, Emmanuelle, l’ancien journaliste a confié dans une longue interview pour le magazine Tsunami. Elle évoque son nouveau rôle de réalisatrice, mais surtout sa précédente carrière de scénariste débutée à la télévision, puis dans les films de son compagnon de l’époque, Cédric Jimenez. A ce sujet, elle déclare avoir été “très en colère” vision Bac Nord.

Audrey Diwan révèle qu’elle ne souhaitait pas écrire ce film au départ, puisqu’elle travaillait sur L’événement (2021), Lion d’Or à la 78e Mostra de Venise. Mais le réalisateur n’a pas tardé à lui demander de l’aide sur le scénario. Après « un grand débat sur ce que représente la police dans notre société »elle avoue être mal à l’aise avec ce sujet.

Après mûre réflexion et lecture L’usine à monstres de Cédric Pujol, le scénariste décide alors de proposer un nouvel angle : « essayer de comprendre comment ceux que nous désignons comme étant «les meilleurs flics de » sont devenus anti-policiers »elle présente à Cédric Jimenez, qui accepte l’idée.

Le couple écrit alors le film ensemble, mais leurs problèmes personnels perturbent l’écriture du scénario. “On a écrit le film ensemble, ça s’est très mal passé car en couple, on n’était plus d’accord sur grand chose et on s’est séparés pendant l’écriture”, révèle Audrey Diwan. « Je termine la première version, je crois qu’on me demande encore de passer à la version suivante, mais nous sommes en pleine séparation. C’est l’enfer”, conclut-elle.

Elle décide de ne pas achever l’écriture, malgré le contrat. “Là, nous ne pouvions plus travailler ensemble, personne n’avait intérêt à nous forcer tous les deux à terminer le travail”, concède-t-elle. La scénariste pense alors avoir donné « une feuille de route assez précise » sur la réalisation du film, mais elle constate, de loin, que le scénario évolue et qu’il se concentre sur « une forme d’efficacité, de logique d’action ».

Une scène réécrite pour en faire un « raccourci »

Dès sa sortie, le film a suscité de nombreuses polémiques sur sa représentation des habitants du quartier et son orientation politique. Fiachra Gibbons, journaliste irlandaise pour l’AFP, a notamment estimé que le film pourrait inciter Marine Le Pen à voter, en pleine campagne présidentielle. « Le journaliste reproche au réalisateur de rendre les habitants de la ville « sauvages » – il me semble que c’est son terme. En tout cas, il critique à juste titre un terrible amalgame entre trafiquants de drogue et habitants des villes. explique le scénariste.

Pour illustrer la différence avec son scénario de base, elle revient sur une scène en particulier, celle où un adolescent casse une voiture avant d’être emmené par les policiers, qu’il insulte avant de chanter avec eux.

Audrey Diwan explique avoir écrit la scène originale à partir d’une anecdote d’un riverain qui appelait parfois la BAC pour éviter que des enfants ne tombent entre les mains de trafiquants de drogue. « L’équipe de la BAC Nord avait donc pour mission de récupérer un jeune garçon qui traînait dans une salle polyvalente, avec des stupéfiants certes, mais ce gamin ne faisait que jouer au baby-foot ! […] Et c’est pour ça qu’il les insulte dans la voiture ! »

Le scénariste regrette amèrement ce changement, où le « la réécriture cède aux raccourcis et à la logique de l’action au détriment du sens » « . Elle donne à Tsunami un deuxième exemple où l’on peut penser que les habitants sont « du côté des narcos ».

“Ça me rend malade” elle devient triste, regrettant que le film ait empiété sur la promotion de son premier long métrage, L’événement. « Maintenant, le temps a passé, alors je sens que j’ai le droit de dire cette vérité » assume la scénariste qui se dit “pas du tout d’accord” avec le rendu final. Le film aura en tout cas permis au réalisateur de « réfléchir à la place du scénariste et à sa responsabilité ou à son adéquation avec le film final ».

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