Entièrement gratuit, le Prix Farel offre la possibilité de découvrir une sélection des meilleures productions audiovisuelles liées aux questions religieuses, éthiques et spirituelles du moment. Cette nouvelle édition, qui aura lieu au Cinéma Rex à Neuchâtel du 15 au 17 novembre, sera consacrée au registre documentaire faute de candidatures dans la catégorie fiction. Un état de fait qui correspond pleinement aux ambitions de sa nouvelle directrice, la journaliste Camille Andrés, qui veut en faire un lieu de réflexion, notamment en organisant des tables rondes pour mieux décrypter les problématiques contemporaines, entre guerres, écologie et dérives religieuses. Entretien.
Vous prenez la direction du Prix Farel après trois ans d’absence. Quel a été le principal défi pour vous ?
C’était sans doute financier. Il a fallu trouver des partenaires pour remplir le budget. Avec la fin du spectacle « Faut pas rêve » (financé conjointement par la RTS et les Églises catholique romaine et réformée, ndlr.)une partie n’était en fait plus prise en charge. Comme nous souhaitions également toucher un nouveau public, à savoir des téléspectateurs plus jeunes, il nous fallait également trouver les moyens de financer notre communication sur les réseaux sociaux.
Pour rajeunir son public, le festival s’est également ouvert aux explicateurs. Que penser de ces nouveaux formats : leur brièveté ne pose-t-elle pas la question de la simplification ?
Ces nouveaux formats, nés sur YouTube, soulèvent beaucoup de questions. C’est pourquoi nous proposons des discussions pour accompagner ces projections. Nous ne sommes pas en position pour ou contre les explicateurs, mais il faut constater l’émergence de ces nouveaux formats, qui ont envahi tous les domaines : histoire, religion, sciences, etc. Face à leur succès, même les médias grand public comme la RTS s’y sont mis. Il nous semble donc intéressant de s’interroger sur le fait qu’aujourd’hui les gens adhèrent davantage à ce type de production qu’à des formats plus traditionnels, comme les longs documentaires ou les journaux télévisés. L’idée n’est cependant pas d’opposer journaliste et YouTubeur, mais de remettre en question ce nouveau format.
Cependant, les explicateurs semblent permettre une forme de démocratisation de la production de contenus. Cela a-t-il été vérifié dans les candidatures reçues ?
Lorsqu’il s’agit d’explicateurs, les profils sont très divers. Ils sont produits par les grands médias ainsi que par des indépendants, des historiens, des chercheurs et même des influenceurs. La table ronde « Qui peut-on croire sur Internet ? », prévue samedi après-midi, se veut un espace d’échange et de discussion pour tenter de réfléchir ensemble à la manière dont nous produisons, mais aussi consommons l’information. .
Le décryptage est donc un des enjeux de cette édition ?
En tant que journaliste, je suis évidemment très attentif à ces questions. Et je crois aussi qu’il y a de l’ADN protestant dans cette volonté de se remettre en question. À l’heure où nous sommes inondés d’images en tout genre, je crois qu’il est nécessaire de prendre du recul par rapport à ce que l’on avale en matière d’information. Nous l’avons fait avec de la nourriture, il est temps de le faire à titre informatif.
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