Publié le 1er novembre 2024 à 21h14 / Modifié le 1er novembre 2024 à 21h15
Piégé par un livre. Vous ne pensiez pas vous y voir. Et soudain, il n’y a plus aucun doute là-dessus. Vous êtes défiguré, bien sûr, déguisé, bien sûr, mais c’est quand même vous. Et c’est insupportable. On ne compte plus les personnalités qui s’estimaient exécutées d’un trait de plume. Le recours ? La justice bien sûr, pour corriger la page, s’emparer de l’ouvrage scandaleux, surtout abattre ce canaille de plume. Au Théâtre Saint-Gervais de Genève, devant la Grange de Dorigny à Lausanne, Adrien Barazzone orchestre cette joute en Toute intention de nuire, un spectacle dont nous ne perdons pas un codicille, tant il captive, car il s’adapte aussi à notre époque, où chacun s’efforce de présenter son image.
Pourquoi jubilons-nous d’être pris dans cette souricière ? L’intelligence des mots, du dispositif, du jeu. A la seconde, le tribunal entre. Mélanie Foulon en est la juge, excellente comme une pythie fêlée dans les brumes d’une vérité indiscernable ; Marion Chabloz est l’écrivaine en difficulté comme l’oiseau de nuit marqué par le jour ; Alain Borek est son avocat plein de bonne conscience militante ; David Gobet est le râleur sec comme une meute d’allumettes dans son costume outragé. Ce quatuor, qui a contribué avec Adrien Barazzone et Barbara Schlittler à l’écriture de la pièce, est merveilleusement ludique.
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