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Miguel Bonnefoy, lauréat du Grand Prix du roman de l’Académie française 2024

L’auteur franco-vénézuélien de 37 ans Miguel Bonnefoy a remporté le Grand Prix du roman de l’Académie française ce jeudi, selon les éditions Rivages qui ont anticipé l’annonce de l’Académie française en partageant la nouvelle une heure avant la proclamation officielle des résultats.

Le romancier est couronné pour ses 4e romain, Le rêve de Jaguarédité par Rivages. Depuis sa parution le 21 août, le titre s’est vendu à près de 20 000 exemplaires, selon GFK.

Selon l’Institution, il a été élu au troisième tour d’un scrutin très serré avec 8 voix contre 7 pour Abel Quentin et 7 aussi pour Grégory Cingal. Les deux autres étaient finalistes de ce 109e édition du Grand Prix du Roman de l’Académie française pour leurs romans respectifs Cabane, publié dans L’Observatoire, et Dernier sur la liste à Grasset.

Miguel Bonnefoy, lauréat du Grand Prix de l’Académie française 2024, célèbre sa récompense aux côtés d’Anne-Sylvie Bameule, présidente d’Actes Sud, propriétaire des éditions Rivages – Photo DR

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Auteur d’une dizaine d’ouvrages depuis 2012, il a été sélectionné à de nombreuses reprises et a remporté plusieurs prix, mais c’est son premier sacre lors d’un Grand Prix d’automne. Il réussit Dominique Barbérislauréate en 2023 pour son roman Une façon d’aimer, édité par Gallimard. Le livre s’est vendu à plus de 60 000 exemplaires en grand format.

Un voyage sensoriel

Dans ce roman de 304 pages tiré à 25 000 exemplaires avant sortie, Miguel Bonnefoy retrace le destin de trois générations prises dans la tourmente du XXe sièclee siècle des deux côtés de l’océan Atlantique, dans un style flamboyant et diablement romantique. Dans sa pré-critique publiée dans hebdomadaires, Laëtitia Favro a écrit : Dans une rue de Maracaibo, une petite fille joue avec un camion en bois. Elle l’a d’abord fait rouler dans les couloirs de sa maison, puis sur les trottoirs et sur la place principale de la ville où sa mère l’a arrêté, “parce qu’elle semblait capable de poursuivre son chemin jusqu’à la frontière brésilienne”. Ce jour-là, Ana Maria comprend que sa fille « irait loin dans la vie, mais aussi dans le monde ». Née le 23 janvier 1958, jour de la chute du dictateur Marcos Pérez Jiménez, elle porte le nom de son pays : le Venezuela. Un nom qui la reliera à ses racines lorsque, après avoir rêvé d’ailleurs et parcouru les atlas familiaux, elle quittera Maracaibo pour Paris, où naîtra son fils Cristobal.

Né d’une mère vénézuélienne et d’un père français, Miguel Bonnefoy emmène son lecteur dans un voyage entre les deux continents qui le constituent, à travers d’étonnantes sagas familiales aux allures de contes immémoriaux, imprégnées des impressions de son enfance entre Europe et Amérique latine. Dans Sucre noir (Rivages, 2017), une famille antillaise a vu son existence bouleversée par la légende d’un trésor disparu. Héritage (Rivages, 2020) a retracé le parcours des personnes déracinées, des pentes du Jura jusqu’à Santiago du Chili. Dans Le rêve du Jaguartrois générations s’épanouissent dans un chemin auquel leur naissance ne les prédestinait pas. Orphelin, le père du Venezuela est abandonné sur les marches d’une église, dans une rue qui portera bientôt le nom d’un éminent médecin. Le nom d’Antonio Borjas Romero. Son.

Face à « Minotaure terrifiant » de la dictature

Recueilli par un mendiant qui, inquiet de le voir devenir voyou, le pousse à travailler plutôt que voler, Antonio se propose comme bricoleur dans une maison close où arrive chaque jour une nuée de marins. Un soir, l’un de ces hommes sort de sa veste une machine à rouler les cigarettes, semblable à celle trouvée dans les couches du bébé Antonio. Le marin reviendra quelques semaines plus tard, « Colliers africains autour du cou » et une lettre qui allait changer la vie d’Antonio. Sans elle, Antonio n’aurait jamais fréquenté l’université ni rencontré Ana Maria. “Je n’épouserai que l’homme qui me racontera la plus belle histoire d’amour”elle le prévient. Antonio, qui ne connaît rien à l’amour, est alors assis dans le hall d’une gare routière, une pancarte « J’écoute des histoires d’amour » devant lui. Il en collectionnera autant qu’il viendra se demander “S’il y avait une seule histoire au monde qui ne soit pas une histoire d’amour”.

Confronté à “minotaure terrifiant” de la dictature, engagés contre le régime de Marcos Pérez Jiménez, Antonio et Ana Maria deviendront de grands médecins et donneront naissance à une femme libre dont l’histoire s’écrira loin de sa famille. « Vous ne partirez que lorsque vous vous serez libéré du poids de l’or » prédit une voyante au Venezuela. Comme fondu dans le métal précieux, l’écriture de Miguel Bonnefoy invite son lecteur à un voyage sensoriel où légendes et mythologies familiales se mêlent aux révolutions du XXe siècle.e siècle. Son roman est celui d’un orfèvre amoureux de romantisme pur, donnant matière à rêver.

Le Grand Prix du roman de l’Académie française est doté de 10 000 euros.

 
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