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Simon Fichet sort un livre sur son aventure

Par

Nicolas Lepigeon

Publié le

14 octobre 2024 à 9h00

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Le journaliste Simon Fichetqui a des liens avec Barfleur (Manche), vient de publier son premier livre « Tornade », racontant son incroyable aventure aux États-Unis.

Avant de dévoiler l’aventure, pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 42 ans, je suis né à Caenmon père est cherbourgeois, et ma famille paternelle est originaire de Barfleur. J’ai encore des cousins ​​dans le Cotentin, et mon enfant de 5 ans et demi a une bande d’amis ici, j’y reviens donc très régulièrement pour passer des week-ends et des vacances. J’habite au Pré Saint-Gervais, en région parisienne.

Quelle est votre formation en journalisme ?

J’ai étudié au CFJ Paris (NDLR : Centre de formation des journalistes) et j’ai choisi la spécialisation JRI, journaliste et reporter d’image. Après mon diplôme en 2007, j’ai travaillé principalement en freelance pour TF1, puis pour Le magazine santé sur France 5, toujours en freelance. En 2012, j’ai suivi de près la campagne Hollande-Sarkozy pour 13h15 sur France 2. Grâce à cette émission, jusqu’en 2018, je suis allé un peu partout, dont une dizaine de reportages aux Etats-Unis. Actuellement, je travaille pour De belles évasions sur France 5. J’ai fait par exemple Bali, j’étais en Bolivie en juillet pendant 15 jours… Je suis réalisateur de JRI et j’y vais avec une assistante.

Simon Fichet raconte son aventure au présent et à la première personne comme dans un journal de bord. ©Chloé VOLLMER-LO

Comment en êtes-vous arrivé à chasser des tornades à travers les plaines de l’Amérique profonde ?

J’avais déjà travaillé avec Alexandre Paré, un collègue de ma classe, aux États-Unis lors des émeutes de Ferguson (Missouri). Ça s’est bien passé. Il m’a impliqué dans cette aventure même si sa fascination était loin de mon monde et que je n’avais même pas vu le film. Twister (rires) ! Mais plus le voyage approchait, plus j’en apprenais sur les chasseurs de tornades, plus je voyais leurs vidéos au plus près des monstres… et plus j’ai flippé !

Comment s’est organisé le séjour ?

Alexandre avait venduun sujet de 30 minutes sur l’émission 13h15 nous sommes partis en mai 2015, accompagnés de deux météorologues : Laetitia la Jurassienne – déjà partie à la chasse – et Matthieu de la région parisienne. Nous avons eu 12 jours pour réaliser ce rapport. Nous avons choisi la quinzaine de l’année statistiquement la plus favorable à la formation de tornades. Nous avons atterri à Chicago puis avons roulé vers les grandes plaines de la dangereuse Tornado Valley, où diverses masses d’air se rencontrent et se tordent, favorisant l’apparition de tornades.

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Un orage accompagné de foudre le 22 mai 2015 près de Kit Carson, Colorado. ©Laetitia GIBAUD

Comment s’est déroulée la traque de ce phénomène ?

C’est Laetitia qui décide où nous devons aller. Mais durant les dix premiers jours – entre paysages désertiques, champs de pétrole et fermes industrielles – la chasse ne rapporte rien. Soit ça ne se forme pas, soit on n’est pas au bon endroit. Et plus il y a d’échecs, plus il y a de tensions au sein de l’équipe… Et plus on prend de risques : on s’approche trop près, on rentre dans des zones boisées, avec des rivières…

Avez-vous eu des frayeurs ?

Vers le 10e Un jour, nous nous sommes retrouvés coincés dans une grosse tempête dans le nord du Texas. Nous roulons dans deux voitures : Alex est devant en train de filmer nos deux français, je suis toute seule dans les 2e voiture, filmer ce qui se passe avec la Nature, les nuages… À un moment donné, il y a tellement de flottes que je ne les vois plus. On se perd… Les téléphones ne fonctionnent plus et les talkies-walkies fonctionnent très mal. Maintenant, je panique vraiment. Mais nous nous en sortons. On a appris plus tard que ces tempêtes avaient fait 35 morts…

Un orage accompagné de foudre le 22 mai 2015 près de Kit Carson, Colorado. ©Laetitia GIBAUD

Avez-vous rencontré une très grosse tornade ?

Le dernier des 12 jours, après environ 6 500 km en voiture ! Nous sommes au Canada, 2 300 habitants, au nord-est du Texas, limitrophe de l’Oklahoma. La nuit semble être tombée huit heures plus tôt. Les résidents se retranchent dans leurs maisons ou dans leurs abris anti-tornades. Le fossé entre ces gens anxieux de tout perdre et nous qui espérons admirer le phénomène qu’ils redoutent me met mal à l’aise. Un premier tuba se forme… mais ne touche pas terre, raté. Grosse déception. On roule quelques kilomètres, on croise des dizaines de chasseurs… et on la voit enfin !

Dans quelles conditions ?

Les vents dépassent les 200 km/h, les conditions sont presque parfaites : nous sommes bien placés, il pleut modérément, le vortex est imposant et surtout stationnaire. La vue d’une tornade monstrueuse comme celle-ci est unique. Les yeux rivés sur l’écran de ma caméra, je la filme, hors du monde, hors du temps, hypnotisée par ses pirouettes, sa mobilité immobile. Après de longues minutes de vrillage, un mince tourbillon blanc se précipite vers nous. Devant ma porte, une violente rafale me frappe et me jette au sol ! Je me lève, abasourdi, je saute dans la voiture. Mon corps tout entier tremble et mon cerveau ne pense qu’à une chose : fuir. Laetitia nous explique que c’est un mini-vortex, que ça peut arriver autour de grosses tornades, elles sont quasiment impossibles à détecter. Je reprends mes esprits et lève à nouveau mon appareil photo vers le vortex qui grandit et grandit encore. Sa gueule monstrueuse s’étend sur plus d’un kilomètre et aspire tout ce qui se trouve au sol ! Jusqu’à ce que la rotation faiblisse, le tube se dégonfle, puis le phénomène disparaît. J’ai tourné 20 minutes de séquences au total.

Que s’est-il passé ensuite ?

Nous avons eu deux autres tornades plus petites, plus éloignées, de plus courte durée. Sur notre chemin, nous avons rencontré Roger Hill, l’une des grandes stars des chasseurs. Quelques jours plus tard, nous rencontrons un autre spécialiste: Greg Johnson, le chasseur de tornades.Nous avons demandé une prolongation de cinq jours pour l’interviewer et prendre des images au National Weather Center d’Oklahoma. Nous avons également rencontré une famille victime d’une tornade deux ans auparavant, leur maison avait été détruite mais tous les cinq avaient survécu en suivant les recommandations de s’allonger dans la baignoire. Ils l’ont installé en souvenir dans le jardin de leur nouvelle maison ! La Division spéciale tornades, ouragans et orages a également été très intéressante pour notre reportage, diffusé à l’émission 13h15en juin 2015.

Simon Fichet est journaliste et reporter d’image, il réalise de nombreux documentaires pour la télévision. ©Laetitia GIBAUD

Comment avez-vous vécu votre retour en France ?

J’ai souffert de stress post-traumatique à mon retour. Je regardais toujours le ciel, les nuages. Comme j’ai beaucoup bougé, le seul endroit où je me sens vraiment chez moi c’est Barfleur. J’y étais en vacances fin août 2015, et un jour, il y a eu un gros épisode orageux dans le Cotentin. Je suis stressé comme jamais auparavant. La nuit, j’entends l’orage, il y a des éclairs partout, et je vois l’eau monter dans la rue… A 4 heures du matin, je sors dans le noir, je ne vois plus le phare de Gatteville, je suis persuadé qu’une tornade est va se précipiter vers nous. A tel point que j’ai eu envie d’évacuer la maison…

Comment est né ce livre ?

En 2016, je me suis dit qu’il fallait que j’écrive sur ce que j’avais vécu, avant que les souvenirs ne s’effacent. Alors j’ai écrit par périodes, dans mon cahier, et j’ai eu beaucoup de temps pour le faire pendant le Covid. En 2021, je me suis dit : Si je travaille dur dessus, j’essaierai d’en faire un livre.parce que cette aventure pourrait intéresser du monde. Tout est vrai au cœur des 224 pages de ce journal de bord. C’est le making-of du tournage, écrit à la première personne et au présent, pour que le lecteur suive le trajet kilomètre après kilomètre. Avec tout ce que je ressens, mes angoisses, mon stress. Je l’ai envoyé à plusieurs maisons d’édition, et ils m’ont redirigé vers un éditeur – Marchialy – spécialisé dans ce style d’œuvres littéraires immersives, qui proposent des expériences vécues. En quatre jours, c’était résolu ! Depuis la sortie le 21 août, j’ai eu de très bons retours de la part des médias et des libraires. Ça séduit parce que c’est exotique, on ne connaît pas vraiment ce phénomène, et il y a le côté aventure.

La couverture du livre « Tornade », de Simon Fichet. ©DR

« Tornado – À la poursuite du monstre des plaines américaines » (éd. Marchialy), de Simon Fichet, est vendu au prix de 20 €.

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