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Pour ses 40 ans, le Musée de Pont-Aven poursuit son travail sur les femmes et l’art

Le Musée de Pont-Aven fêtera ses 40 ans en 2025. Comment va-t-il ?

Il va très bien. Pour 2024, au 30 septembre, il y avait 98 000 visiteurs. L’exposition Femmes chez les Nabis se terminera le 3 novembre. Nous atteindrons donc les 100 000 visiteurs, soit notre fréquentation moyenne depuis deux ou trois ans. Ce qui en fait le plus visité de Bretagne après les Beaux-Arts de Rennes. Avant sa réouverture en 2016, les études tablaient sur un rythme de croisière de 70 à 80 000 visiteurs. On aurait pu craindre un effet essoufflement. Ce n’était pas le cas. Ce que nous voulons, c’est créer une sorte d’habitude culturelle. Les expositions qui plaisent invitent à revenir, même si l’on ne connaît pas l’artiste.

Pour cet anniversaire, vous préparez de beaux événements. A commencer par la présentation du travail d’une photographe, Corinne Vionnet, du 1er février au 4 mai 2025.

Corinne Vionnet est une artiste de l’image. C’est la première fois que nous travaillons avec un artiste vivant. Nous introduisons l’art contemporain, à travers la photographie. Avec des questionnements contemporains. Elle interroge notre « volonté de regarder », en récupérant des images de monuments sur les réseaux sociaux, prises par les touristes, sur leurs smartphones, et en les superposant.

Vous avez beaucoup ouvert le musée à la photographie ces dernières années.

Il y avait Vivian Maier, Willy Ronnis… C’est l’un de nos fils guides. Nous continuerons. En 2026, nous aurons une exposition sur Jean Painlevé, photographe du XXe siècle qui a beaucoup photographié le monde sous-marin. Cela nous permet de nous ouvrir à un public différent.

L’autre manifestation de 2025, du 7 juin au 16 novembre, sera consacrée aux Sorcières au XIXe siècle. Pourquoi ce thème ?

Il est né d’un échange avec Leïla Jarbouai, commissaire de l’exposition et conservatrice en chef du musée d’Orsay, avec qui nous entretenons un partenariat exceptionnel et qui nous prêtera une trentaine d’œuvres. Elle connaît la programmation que nous développons sur la place des femmes dans l’art. Cette exposition nous permettra de parler d’histoire de l’art, nous raconterons le XIXème siècle autrement, nous évoquerons les représentations des femmes. Avec un renversement en 1862 et le livre « La Sorcière », de Jules Michelet, qui montre alors une femme en lien avec la nature, les prémices de ce qu’on appelle aujourd’hui l’écoféminisme.

Les femmes dans l’art sont-elles devenues l’un des fils conducteurs du musée de Pont-Aven ?

Oui, mais ce n’est pas un gadget. Toutes nos expositions sont le fruit de recherches, avec un contenu scientifique solide. Il ne s’agit pas d’un travail militant. Il s’agit d’une œuvre historique, qui présente une facette de l’art longtemps restée complètement cachée.

“Il ne s’agit pas de faire de Camille Claudel un génie, unique, et de tomber dans le piège de ce qu’on a fait avec Rodin.”

D’ailleurs, pour 2026, vous préparez un autre événement, autour d’un artiste célèbre.

Nous proposerons une exposition sur Camille Claudel et ses contemporains. Il s’agit d’un beau cadeau de la part du Musée Camille Claudel, qui cherchait un partenaire pour cette exposition très ambitieuse, en association avec le Musée des Beaux-Arts de Tours. La mutualisation nous permettra d’avoir des œuvres de Suède et d’Angleterre. C’est l’occasion de montrer qu’il y a eu d’autres femmes sculpteurs, dans l’atelier de Rodin ou ailleurs, pour les rendre invisibles. Il ne s’agit pas de faire de Camille Claudel un génie unique et de tomber dans le piège de ce qu’on a fait avec Rodin. Il fait partie d’un Aréopage, dans un contexte particulier.

D’autres surprises pour les 40 ans ?

Oui, nous aurons un focus particulier sur l’été. Avec les prêts des Bretonnes dans la Prairie d’Émile Bernard, de La Fête Gloanec, de Paul Gauguin, et de l’exemplaire des Bretonnes dans la Prairie, de Van Gogh.

 
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