C’est finalement le Sud-Coréen Han Kang (33/1 sur Ladbrokes) qui a été sacré prix Nobel de littérature 2024. Bjorn Wiman, rédacteur en chef du journal suédois L’actualité du jouravait, par contre, le nez creux. “Je pense que ce sera une femme d’une zone linguistique hors d’Europe“, a-t-il déclaré par avance à l’AFP. Bien joué.
Prix Nobel – Le Norvégien Jon Fosse reçoit le prix Nobel de littérature
Histoire de violences
L’écrivain et poète coréen a été récompensé «pour sa prose poétique intense qui confronte le traumatisme historique et expose la fragilité de la vie humaine »a expliqué le jury dans un communiqué. Han Kang, 53 ans, est né à Gwangju, dans le sud-ouest du pays. Une ville qui reste tristement célèbre dans l’histoire coréenne pour son soulèvement. Cent soixante personnes ont été tuées pour avoir manifesté contre la loi martiale du dictateur Chun Doo-hwan en 1980. Elle avait 9 ans. Ses parents (son père est l’écrivain Han Sung-won) avaient décidé de s’installer à Séoul juste avant ce drame, mais la découverte d’un livre, trois ans plus tard, sur cet épisode dans sa ville natale, l’a profondément changé. marqué.
« Depuis, j’ai toujours essayé de me confronter à cette force contradictoire qui pousse les êtres tantôt à se jeter sur une voie ferrée pour sauver un enfant, tantôt à assassiner par milliers leurs semblables. Quel que soit le livre que j’écris, cette violence ressort.”expliqué à Monde des livrescelui qui écrira sur ce drame dans Celui qui revient.
Dans Des adieux impossiblesHang Kan évoquera également un autre point sombre de l’histoire de son pays : le soulèvement sur l’île de Jeju. Quand entre 1948 et 1949, l’armée et la police sud-coréennes massacrent environ 30 000 habitants lors d’un soulèvement organisé par le Parti communiste de l’époque. Traduit en français en 2011, elle reçoit le Prix Médicis étrangers en 2023 pour ce roman. Ses écrits engagés lui ont valu d’être inscrite sur une liste noire du ministère coréen de la Culture, comme 10 000 autres noms, accusés de critiquer le pouvoir de l’ancienne présidente Park Geun-hye. Le ministre a fini en prison.
Le prix Nobel de littérature décerné à la Française Annie Ernaux
Prix Le Man Booker
À l’université, Han Kang n’a pas étudié l’histoire de son pays, mais la littérature coréenne sur le campus de Yonsei (Séoul). Elle commence rapidement à écrire et à publier des poèmes et des nouvelles : L’ancre rouge sera décerné par le quotidien Séoul Shinmun. Dès lors, elle écrit plusieurs romans qui lui valent entre autres le Yi Sang Prize, un prestigieux prix coréen.
C’est la traduction anglaise d’un de ses romans, qui va booster sa notoriété hors de son pays. En 2016, elle est devenue la première Coréenne à remporter le Man Booker International Prize grâce à Le végétarien, où elle imagine une femme qui veut devenir plante et quitter l’espèce humaine.
Han Kang succède au Norvégien Jon Fosse (2023), à la Française Annie Ernaux (2022), au Tanzanien Abdulrazak Gurnah (2021) et à l’Américaine Louise Glück (2020). Elle est la 18e femme à remporter le prix Nobel de littérature, la première Sud-Coréenne de l’histoire. Lorsqu’elle a appris la nouvelle, elle venait tout juste de finir de dîner avec son fils. Calme. Pas sûr non plus qu’elle ait misé sur son sacre.
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